Victor Hugo est le témoin de son siècle car il a été de tous les combats de son temps : combats littéraires, philosophiques, politiques, religieux, internationaux, de la Bataille d’Hernani (1830) au discours contre le Traité de Paix de 1871 et du refus de la peine de mort dans Le Dernier Jour d’un Condamné au refus de la Semaine Sanglante dans L’Année Terrible. Qui d’autre que Victor Hugo a connu à la fois Chateaubriand, Charles Baudelaire, Georges Clemenceau, Caribaldi et même Abraham Lincoln ? Qui d’autre s’est opposé à la fois au coup d’État de Napoléon III, à la destruction du Palais d’Été de Pékin et aux pogromes antisémites dans la Russie tsariste ? On comprend pourquoi Victor Hugo a écrit dans L’Année Terrible : « Ce siècle est à la barre et je suis son témoin. » Mais il n’y a pas que cela. Car qui peut nier, en notre siècle, siècle des attentats du 11 septembre, siècle où près d’un milliard d’hommes vivent avec moins d’un dollar par jour, siècle où, même dans une démocratie comme les États-Unis, des gens sont encore condamnés à mort et exécutés, en notre siècle, qui peut nier l’actualité des prises de position de Victor Hugo contre le fanatisme religieux, la misère et la peine de mort ? On comprend donc que ce livre sur Victor Hugo ne se contente pas seulement d’étudier le témoin d’un siècle révolu : c’est aussi un acte politique pour notre époque.
Pascal Melka est né le 25 avril 1978. Il a suivi des études universitaires d’histoire et de droit. Il occupe actuellement les fonctions de directeur administratif dans une société financière. Il anime aussi régulièrement des conférences historiques devant le B’nai Brith de Lyon.
Extrait du livre :
Interrogé, un jour, sur le fait de savoir qui était le plus grand écrivain de la littérature française, André Gide eut ce mot : « Victor Hugo, hélas !», illustrant ainsi tout le mépris légendaire d’une certaine intelligentsia pour celui qui déclarait « avoir mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire ».
Et pourtant, aucun autre écrivain du XIXe siècle ne peut se targuer d’un succès populaire équivalent à celui de Victor Hugo. Plus de deux cents ans après la naissance de l’auteur d’Hernani, ses poèmes trônent dans les écoles, du cours élémentaire au baccalauréat de français. Combien de lycéens de première ne sont-ils pas passés par Les Châtiments ? Si on passe des recueils de poèmes aux romans, on ne peut que remarquer le succès de la comédie musicale inspirée de Notre Dame de Paris aux Etats-Unis. On ne peut qu’être admiratif devant l’énorme écho des Misérables, roman le plus lu de toute la littérature française, roman qui a inspiré un nombre impressionnant d’adaptations cinématographiques.
Un tel succès ne s’explique-t-il pas par l’immense générosité de Victor Hugo, laquelle le pousse à prendre la défense des victimes et des persécutés ? Car la base de toute la littérature de Victor Hugo réside dans son combat pour les opprimés.
En effet, qui n’a pas été bouleversé, en lisant Les Misérables, par les histoires de Jean Valjean, condamné à dix-neuf ans de bagne et dont le seul crime est d’avoir volé un bout de pain, de Cosette, l’enfant esclave, ou de Gavroche, l’enfant sans-abri ?