Résumé de l’éditeur : La Colline aux parfums : biographie historique de Yves-Marie Croc, missionnaire catholique breton, affecté en 1854 au Tonkin méridional — Roger Goriau
Originaire des Côtes‑d’Armor, Yves-Marie Croc entre au petit séminaire de Tréguier en 1841, puis au grand séminaire de Saint-Brieuc. À l’issue de ses études, sa décision est prise : il sera missionnaire dans les terres lointaines. Et sous le verset de l’Épître aux Philippiens qu’il avait mis en exergue de son règlement particulier, « Dieu opère en chacun le vouloir et le faire, selon sa vocation », il ajouta : « Je veux devenir un saint. »
À son arrivée aux Missions étrangères à Paris, le 27 décembre 1851, il a vingt-deux ans et demi. Après une ordination à Notre-Dame, il sera affecté en 1854 dans le secteur le plus dangereux du Tonkin, alors que sévissaient des exécutions sanglantes contre les Catholiques.
Distingué par la Légion d’honneur, la Croix d’Isabelle la Catholique et la décoration impériale de Khim Khanh, consacré évêque de Laranda, Yves-Marie Croc prit une part active aux pourparlers diplomatiques avec la cour de Hué, où résidait le nouvel empereur annamite Tự Đức.
Biographie de l’auteur : Roger Goriau :
À partir de documents familiaux, des archives des Missions Étrangères de Paris et de témoignages de l’époque, Roger Goriau a retracé un itinéraire exceptionnel : celui d’un parent, Yves-Marie Croc. Il y a découvert non seulement une « carrière », mais aussi et surtout un homme intelligent et sensible, généreux jusqu’au renoncement de soi. Roger Goriau est Agrégé d’histoire et Proviseur honoraire ; il a collaboré à de nombreuses associations professionnelles et culturelles.
Extrait de la biographie historique de Yves-Marie Croc, La Colline aux parfums
Yves-Marie Croc est né le mardi 30 juin 1829 au petit village de Coatréven, dans le Trégor, une région littorale des Côtes‑d’Armor en Bretagne. L’étymologie de ce toponyme est d’origine très ancienne, puisqu’elle remonte à l’implantation des Celtes qui, fuyant la Grande-Bretagne envahie par les Saxons, s’installèrent sur la péninsule armoricaine aux Ve et VIe siècles. Chaque clan se regroupa en colonie sur une portion de territoire, le plou. L’espace cultivé ne cessant de s’agrandir en raison de la progression du front de défrichage des terres, ce territoire fut morcelé en zones administratives et religieuses plus restreintes, les trèves. Ainsi le toponyme Coatréven fut formé du mot coat, le bois, et d’un second élément dérivé en an du mot trève. Cette communauté de la « trève du bois » dépendait d’un centre historique situé en bordure du littoral, l’actuelle petite cité de Plougrescant au nord-est de la ville de Tréguier. Il est curieux de constater que ces plous installés en Armorique avaient conservé au fil du temps leur particularisme : leurs costumes, leurs danses, leurs différences dialectales, et il n’était pas rare au XIXe siècle qu’on en vînt aux mains entre clans, sur un champ de foire ou lors d’un « pardon », La Colline aux parfums pour s’approprier une bannière convoitée depuis des lustres.