Dernière mod­i­fi­ca­tion le 4 févri­er 2022 par La Com­pag­nie Littéraire

Les différentes étapes de la vie d’une femme au Moyen Âge

Aujour­d’hui nous étudierons les dif­férentes étapes de la vie d’une femme au Moyen Âge. Les savants de l’époque con­sid­èrent que les débuts de la vie des femmes se parta­gent en trois âges bien pré­cis : l’enfance jusqu’à 7 ans, la jeunesse jusqu’à 14 ans et l’adolescence jusqu’à 28 ans. Au-delà, la femme est con­sid­érée comme vieille ! L’homme quant à lui n’est con­sid­éré comme un vieil­lard qu’à 50 ans… Au Moyen Âge, une femme est estimée majeure à par­tir de 12 ans, âge auquel la loi canon­ique fixe la majorité (deux ans avant les garçons), mais elle reste bien sûr soumise à l’autorité de son père.

L’enfance des femmes 

L’enfance com­mence véri­ta­ble­ment quand la petite fille apprend à par­ler, à manger et à marcher et durant cette péri­ode les petites filles sont traitées de la même façon que les petits garçons. À par­tir de 7 ans, leurs chemins vont être dif­férents et c’est à la mère que revient la charge d’éduquer sa fille avec ten­dresse, mais aus­si rigueur. Dans les familles les plus aisées, on con­fie leur édu­ca­tion aux moni­ales. Les filles font leur appren­tis­sage sur le psauti­er (recueil de psaumes de l’Ancien Tes­ta­ment). On leur enseigne la lec­ture, l’écriture ain­si que les travaux d’aiguille. Elles sont générale­ment plus savantes que les garçons, occupés à l’apprentissage de la guerre. Les filles des milieux plus mod­estes béné­fi­cient d’une péri­ode plus longue d’éducation et de tra­vail : à la cam­pagne, elles appor­tent une aide impor­tante à leur famille ou sont louées comme ser­vantes dans d’autres fer­mes, en ville, les filles d’artisans ren­trent en appren­tis­sage vers l’âge de 12 ans comme brodeuses, lingères, cou­turières et bien d’autres métiers.

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L’adolescence des femmes au Moyen Âge

À l’adolescence, de 14 à 28 ans, et avec la puberté, les filles entrent dans un âge périlleux qui représente un enjeu impor­tant pour leurs familles qu’elles soient paysannes ou aris­to­crates. Toutes con­sid­èrent leur vir­ginité comme un pré­cieux tré­sor qu’il faut sauve­g­arder. Elles doivent préserv­er leur pudeur et leur inno­cence, tout en se pré­parant à leur rôle d’épouse et de mère, ce qui n’est pas le moin­dre des para­dox­es de la con­di­tion fémi­nine au Moyen Âge ! La vir­ginité des femmes est frag­ile, la moin­dre sor­tie représente un dan­ger d’effronterie et d’impudicité. Les filles doivent être gardées, sur­veil­lées et soumis­es. Elles doivent appren­dre la réserve, les gestes sobres et mod­estes et s’occuper à des travaux d’aiguille pour éviter les mau­vais­es pen­sées. Cepen­dant la valeur de la vir­ginité de la jeune fille varie selon son statut social : par nature, la fille du cheva­lier est plus pure que celle du bas peu­ple. La paysanne ou la bergère sont vio­lées au détour d’un chemin par un clerc ou un noble sans que per­son­ne ne s’en offusque. La jeune fille vio­lée ne peut plus trou­ver de mari et se voit sou­vent rejetée dans la pros­ti­tu­tion. Dans la lit­téra­ture cour­toise, le motif du viol de la pas­tourelle par le cheva­lier est un thème récurent. L’héroïne des romans est une jeune fille d’une quin­zaine d’années aux cheveux longs et blonds, à la peau pâle, aux join­tures fines, aux grands yeux clairs et aux lèvres rouges. Son corps est élancé, sa poitrine petite et ferme, son ven­tre rond. Ses canons de beauté sont fixés dès les pre­miers siè­cles de la péri­ode et ils ne chang­eront pas.

Le mariage des femmes au Moyen Âge

L’âge au mariage se situe entre 15 et 17 ans. Les filles de la noblesse, les mar­iées-enfants à 12 – 13 ans ou à peine pub­ères, sont loin d’être la norme finale­ment. Au Moyen Âge, le mariage est avant tout un pacte con­clu entre deux familles. Il est négo­cié par les hommes, les chefs de lig­nage qui choi­sis­sent les futurs con­joints. La future doit être choisie avec soin, de bonne famille et de renom­mée irréprochable (quelque soit le milieu social – aris­to­crate ou paysan). Il n’est pas ques­tion de sen­ti­ments, mais d’un accord financier entre deux clans. La fille apporte la dot en échange de quoi elle obtient des droits sur les ter­res de son fiancé. Au XIIe siè­cle sous l’influence de l’Église, les fiançailles devi­en­nent une vraie céré­monie. Les fiancés s’engagent à ne pas con­som­mer leur union avant les noces. La loi canon­ique inter­dit un mariage avant douze ans pour les filles et qua­torze pour les garçons. Le mariage n’a qu’un seul but : la pro­créa­tion. Le mariage est un sacre­ment que l’Église a défi­ni peu à peu, en s’inspirant des textes de la Bible et qui va jouer un rôle fon­da­men­tal dans la libéra­tion et la pro­tec­tion du statut de la femme. En insis­tant sur la néces­sité du con­sen­te­ment mutuel des époux, sur le car­ac­tère indis­sol­u­ble de l’union monogame, en inter­dis­ant les mariages con­san­guins, en sup­p­ri­mant la néces­sité du con­sen­te­ment des par­ents et la présence du prêtre, l’Église a fait du mariage une struc­ture rigoureuse où la femme trou­vait une garantie de lib­erté. Le droit ecclési­as­tique est donc très en avance sur les mœurs. En leur accor­dant la lib­erté de choisir, l’Église sape la société patri­ar­cale, c’est un dan­ger pour les familles. La femme est donc désor­mais placée sous l’autorité de son mari.

La sexualité d’une femme au Moyen Âge

Devenu sacre­ment, le mariage se dote d’une liturgie, mais c’est bien sûr le fiancé qui est le plus act­if dans les rit­uels, la fiancée, elle, se lim­ite à répéter la même for­mule. Con­cer­nant la sex­u­al­ité, c’est l’Église qui une fois encore dicte beau­coup de choses : elle mul­ti­plie les péri­odes d’abstinence liées aux fêtes de l’année liturgique ou aux temps de la péni­tence (avent et carême), les rela­tions sex­uelles sont pro­scrites cer­tains jours de la semaine (le dimanche bien enten­du, mais aus­si le mer­cre­di et le ven­dre­di). La femme, con­sid­érée comme impure, est intouch­able pen­dant ses men­stru­a­tions et quar­ante jours qui suiv­ent un accouche­ment. La femme, de par sa con­di­tion de femme, de par son sexe, doit « ren­dre des comptes » constamment.

Un exem­ple : alors que le jeune époux ban­quette dans la cham­bre avec ses amis après la pre­mière nuit con­ju­gale, la jeune épousée, elle, doit se ren­dre dis­crète­ment à l’église pour un rit­uel de purifi­ca­tion. Le mari a tout pou­voirs sur les biens, la per­son­ne et les actes de sa femme. Les biens de sa dot lui appar­ti­en­nent et elle doit lui deman­der une autori­sa­tion si elle souhaite en jouir d’une façon ou d’une autre. S’il veut les ven­dre il lui faut toute­fois obtenir le con­sen­te­ment de sa femme. Au sein du mariage le mari est le maître incon­testé, un pou­voir qui peut aller jusqu’aux abus les plus vio­lents, même s’il a un devoir de pro­tec­tion et d’affection envers sa femme. La pre­mière ver­tu de la femme mar­iée c’est sa fidél­ité qui con­siste non seule­ment à ne pas faire le mal, mais aus­si à ne pas être soupçon­née. Si elle est stérile, elle en est la seule respon­s­able et la répu­di­a­tion la guette, surtout si son mari s’est lassé d’elle. La répu­di­a­tion sera d’ailleurs par­fois per­mise de manière out­ran­cière aux très puis­sants seigneurs voulant à tout prix un héritier.

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Le mariage, vu par les autres

Tous les hommes, clercs, nobles et paysans parta­gent une vision très pes­simiste du mariage, cette misog­y­nie se perçoit bien dans cer­tains proverbes fla­mands tels que « les bons maris ont générale­ment de mau­vais­es femmes » ou encore « si l’on ne trou­vait qu’une mau­vaise femme, cha­cun dirait que c’est la sienne ». Il existe toute une lit­téra­ture du « mal mar­ié ». Si l’adultère est con­sid­éré par les hommes d’Église comme un péché mor­tel pour les hommes comme pour les femmes, dans la société laïque c’est un crime unique­ment féminin qui men­ace la société patri­ar­cale en jetant le doute sur la légitim­ité des enfants. Les nobles peu­vent bien impos­er à leurs épous­es leurs bâtards, il n’est pas ques­tion de met­tre en doute la nais­sance de leurs héritiers !

La con­di­tion de la femme mar­iée est donc celle d’une per­son­ne en retrait. Nous avons néan­moins accès à cer­taines de leurs pen­sées dans le ser­mon de Robert de Sor­bon (con­nu pour la fon­da­tion d’un col­lège devenu plus tard notre Sor­bonne) qu’il adresse en jan­vi­er 1261 à un pub­lic pop­u­laire d’hommes et de femmes aux­quels il veut faire com­pren­dre les mys­tères de la foi util­isant l’image du mariage et dres­sant le por­trait du mari idéal. On appren­dra alors que pour les femmes du Moyen Âge la pre­mière ver­tu est la beauté physique, celle-ci reflé­tant, selon elles, celle de l’âme, la troisième sera la richesse et l’intelligence en dernier. De leur côté, les femmes du peu­ple ne se font guère d’illusions sur leurs con­joints : « L’homme qui bat sa femme, quelle qu’en soit la cause, n’obtiendra jamais mal­gré toutes ses prières, la grâce de la Vierge Marie, s’il n’a d’abord obtenu le par­don de sa femme ».

Le veuvage

Une fois dev­enue âgée ou veuve, la femme a le choix entre trois solu­tions : se remari­er (c’est la plus courante, car beau­coup de veuves sont jeunes et se retrou­vent avec des enfants en bas âge qu’elles doivent élever dans des con­di­tions économiques dif­fi­ciles), se con­sacr­er à Dieu ou vivre seule. La veuve qui ne se remarie pas et qui n’entre pas au cou­vent est regardée avec méfi­ance ; des soupçons d’avarice et de lux­u­re pèsent sur elle…

Dans le prochain arti­cle, nous nous intéresserons à la place et au rôle de la femme du Moyen Âge au sein de la famille.


Si la con­di­tion fémi­nine au Moyen Âge vous intéresse vous pou­vez aus­si con­sul­ter les arti­cles suiv­ants de notre mai­son d’édi­tion : Le rôle de la femme du Moyen Âge au sein de la famille et Les dif­férents statuts de la femme au Moyen Âge.

Les femmes qui ont mar­qué le Moyen Âge : Dhuo­da – Les femmes de let­tres dans l’histoire de la femme et Chris­tine de Pizan.

Notre sélection de livres pour les férus d’histoire

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