Dernière modification le 16 février 2024 par La Compagnie Littéraire

La Compagnie Littéraire : Fabienne Lamour, bonjour. Vous avez publié récemment dans le catalogue de livres de notre maison d’édition La Compagnie Littéraire un recueil poétique intitulé : Coeur en liberté. En préambule, à l’occasion de remerciements à votre entourage familial et amical, vous parlez de votre besoin d’écrire et vous déclarez : « C’est grâce à vous tous que j’ai osé donner vie à mon besoin d’écrire ».

Pouvez-vous nous expliquer comment et pourquoi cet ouvrage a vu le jour ?

Fabienne Lamour : L’envie d’écrire m’est venue d’un besoin de moins contenir mes émotions, de partager plus aisément mes ressentis.

J’ai toujours préféré l’écrit à l’oral, car c’est le temps de la réflexion. On peut en effet choisir ses mots, ses phrases, aller plus facilement à l’essentiel. C’est ma manière de revisiter Nicolas Boileau : « ce que l’on conçoit bien s’écrit clairement, et les mots pour le dire arrivent aisément sur le papier ».

Écrire m’aide à me sentir alignée, écrire m’apaise tout simplement.

La Compagnie Littéraire : Votre livre est construit comme un triptyque : un premier « tableau » diagnostic, puis une partie centrale qui développe différents aspects négatifs que vous évoquez, enfin un dernier « tableau » qui s’oriente vers quelque chose de plus serein. Qu’avez-vous essayé de faire comprendre avec cette construction ?

Fabienne Lamour : J’ai voulu que ce livre reflète la Vie dans son universalité, ses joies et ses épreuves.

La deuxième partie n’est pas une présentation d’aspects négatifs, elle retraduit les moments plus compliqués de l’existence. Ces moments ne sont pas à occulter. Ils font partie de notre quotidien, il s’agit d’apprendre à composer avec eux.

Ce triptyque vise à montrer que la Vie est un cycle et qu’elle nous repropose les mêmes épreuves tant qu’on n’a pas compris comment les transcender.

La finalité de notre existence est de tirer des leçons d’épreuves pour en ressortir grandi. On voudrait gommer les difficultés, qu’elles n’existent pas, les survoler trop rapidement. Or je pense que c’est une erreur. C’est en prenant le temps d’écouter son cœur et ses blessures, de les comprendre qu’on se renforce, qu’on réussit à changer.

La Compagnie Littéraire : Je reviens sur la première partie intitulée précisément « Diagnostic d’un cœur ». Bien sûr vous parlez d’un désir d’amour, d’un désir de paix et de sagesse, du souhait de trouver le bonheur, de l’âme sœur pas encore rencontrée. Autant de doutes que d’interrogations sur la vie, sur l’avenir. Ces questions se rapportent-elles à une période bien particulière de votre existence ou les évoquez-vous comme étant toujours en filigrane, caractéristiques de la condition humaine ?

Fabienne Lamour : Ces quêtes d’un bonheur et d’un amour parfaits nous touchent tous à des moments différents de nos vies et reviennent de manière cyclique. Je voulais donc aborder des questions universelles dans lesquelles chacun peut se reconnaître.

La quête d’un amour idéal m’a longtemps habitée. J’avais une vision naïve et romantique de la relation de couple, je ne comprenais pas qu’elle se construisait solidement grâce à beaucoup de communication.
Aujourd’hui je traverse une période de vie beaucoup plus sereine. C’est justement cette quiétude qui apporte le recul pertinent pour soulever toutes ces interrogations existentielles.

La Compagnie Littéraire : Parmi les poésies de cette première partie, il en est une, Pour maman, qui nous dit :
« Il y a plus d’amour sans fin
Pour maman, dans mes câlins
Que dans tous les contes de fées… »
Comment qualifieriez-vous cette période de l’enfance où l’on est plongé dans le monde des fées ?

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Fabienne Lamour : Pour moi, l’enfance est souvent une période bénie. On vit dans l’instant présent et est habité de grands idéaux. On ne soupçonne pas une certaine noirceur du monde.

Notre bonheur se compose de joies simples, spontanées : câliner sa maman, jouer avec un animal, rire avec un ami, lire une belle histoire…

On s’évade dans le monde de l’imaginaire, on croit à des retournements de situations spectaculaires.

En grandissant, on oublie ces plaisirs simples, alors que toute l’essence du bonheur est là : rester connecté à son âme d’enfant.

La Compagnie Littéraire : Le dernier poème de cette première partie nous parle de l’écriture. On peut lire :
« Dépasser le doute en soi
Croire en soi même si…
Se relier à soi
Se relier à l’infini
Écrire, c’est exprimer ce que l’on ressent
(…)
Écrire, c’est ce qui me fait écouter ma vie. »
Quels commentaires vous inspirent ces lignes ?

Fabienne Lamour :Écrire, c’est un temps d’arrêt dans son quotidien.

C’est le moment où je prends le temps de m’écouter, d’écouter ma musique intérieure, mon âme. Je ne me cache plus derrière foule de « choses à faire ».

Écrire, c’est comme méditer. En écrivant ce qui nous préoccupe ou nous habite, on le transforme, on parvient à s’en détacher. C’est comme en méditation de pleine conscience, on ne cherche pas à empêcher les pensées d’arriver car c’est tout bonnement impossible. On les accueille sans jugement pour mieux les laisser repartir ensuite. On se reconnecte à soi et donc aux autres. En faisant la paix avec soi-même, on retrouve de la joie qui irrigue ses proches.

La Compagnie Littéraire : Venons-en à la seconde partie de votre ouvrage : « Mon cœur qui doute et pleure ». Là, on parle de solitude, de rupture, de peur et de toutes les violences faites aux femmes. Fabienne Lamour, est-ce une référence à des événements personnels douloureux, un constat de société et un combat ou tout à la fois ?

Fabienne Lamour : En effet, beaucoup de mes poèmes parlent de la condition féminine, des violences psychologiques ou physiques qu’on peut subir, encore maintenant en 2021.

J’ai été confrontée au harcèlement. L’écriture m’a aidée à poser mes limites, à verbaliser mes colères et mes combats. Je souhaitais que la peur et la honte changent de camp.

J’aimerais aider les jeunes générations à trouver leur vraie personnalité, plutôt que de s’enfermer dans une norme sociale, dans des stéréotypes qui étouffent leur diversité, leur richesse d’âme. L’enjeu est de taille : vivre sa vraie vie, ne pas passer à côté de qui on est, ne pas se perdre par désir d’être aimé, avoir le courage d’assumer qui on est.

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Couverture du recueil de poèmes “Cœur en liberté” par Fabienne Lamour

La Compagnie Littéraire : Vous parlez du découragement, du désir de rompre mais en même temps de la peur de retrouver sa liberté, de l’incapacité à aimer encore, autant d’états psychologiques qui soulignent la dépression. Votre écriture semble être un remède à cela. Quels conseils donneriez-vous à celles qui en passent par là, vous qui avez porté votre regard sur ces difficultés ?

Fabienne Lamour : On peut tous, à certains moments de nos vies, connaître du découragement, sans pour autant être considérés comme dépressifs ou fragiles psychologiquement.

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Chacun a le droit d’aller moins bien, le temps d’une épreuve. La tristesse est une émotion comme une autre qui est rejetée au nom d’un diktat du « tout va bien » de surface.

Le conseil que je voudrais donner, c’est de continuer à croire à la vie : après l’ombre vient la lumière.

Les épreuves n’arrivent pas par hasard. Elles sont là pour nous transmettre un enseignement.

Mon conseil principal serait le suivant : même quand tu vas mal, ose et tu seras libre. On a toujours plus de ressources qu’on ne le pense.

La Compagnie Littéraire : Certaines poésies de cette deuxième partie portent plus particulièrement sur des préoccupations concernant notre société actuelle et notre mode de vie. Je pense par exemple à Connecte-toi, critique de la fausseté du virtuel, ou à Le monde d’après, l’argent règle le monde, l’holocauste climatique attend puis tout s’effondre. Vous tirez une sonnette d’alarme ; pensez-vous qu’à l’heure actuelle cette sonnette commence à être entendue ?

Cette crise sanitaire a révélé beaucoup de dérèglements ; qu’ils soient économiques, sociaux, climatiques, relationnels…

Fabienne Lamour : À l’heure actuelle, j’ai envie d’être positive. La nécessité de changer commence à se faire entendre.

De plus en plus de personnes comprennent que nous sommes tous reliés les uns aux autres et avons intérêt à aller dans le même sens. Elles raisonnent local, pensent à consommer à proximité, au nom du bon sens, du respect de nos ressources naturelles. C’est encourageant.

La Compagnie Littéraire : On sent une alternance de hauts et de bas au fil des pages. Le manque d’amour au sens large revient comme un leitmotiv, mais pas forcément le manque d’amour reçu, également le manque d’amour éprouvé. Dans le poème Compagnons ou pas, on peut lire « Je tiens à toi mais je ne t’aime pas ». Comment analysez-vous cette incapacité à aimer ?

Fabienne Lamour : Quand on est blessés par la vie, soit on se replie sur soi et on se construit des stratégies de protection, d’évitement, soit on revoit de vieux schémas erronés pour s’améliorer.

Je ne parlerai pas d’incapacité à aimer mais de besoin ponctuel de se protéger. On naît tous avec une envie d’aimer, une capacité à aimer et être aimé. Certaines épreuves de la vie peuvent nous éloigner de l’amour.

À chacun de cesser de se cacher derrière des masques de cultiver le Vrai.

La Compagnie Littéraire : On arrive au dernier tableau du triptyque intitulé « Le cœur bonheur ». Alors là, plusieurs éléments apparaissent : la maternité, les enfants, le lien à la famille, les livres bien sûr, la liberté, la confiance en soi, la fraternité. On ne sait pas trop si ce sont des découvertes ou des redécouvertes après un grand passage de crises. Quel est votre avis à ce sujet ?

Fabienne Lamour : La vie n’est pas un grand passage de crises suivi de joies.

Je vois la vie comme un cycle, une alternance de moments difficiles (peines amoureuses, soucis professionnels par exemple) puis de bonheurs (naissances, nouvelles amitiés…).

Et j’ai envie de vous dire qu’heureusement la vie n’est pas binaire. Elle imbrique, avec un savoir-faire d’orfèvre, toute une palette d’expériences…

La Compagnie Littéraire : Le poème Invisible évoque la vieillesse qui vient, suivi de Si je dis qui parle des différentes étapes de la vie. Et la leçon c’est quoi ? Vous l’écrivez : « Vivre tout simplement ». Un bon message pour nos lecteurs, quelques mots de votre part ?

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Fabienne Lamour : Avec le temps, on apprend à tempérer ses élans de colère, à mieux se connaître. La vieillesse c’est aussi le temps de l’acceptation, de la paix avec soi-même, d’une certaine bienveillance.

On se réfugie dans des bonheurs simples : la tendresse, l’art, l’humour…A chacun de trouver le cocktail qui le tient en vie.

La Compagnie Littéraire : Les derniers poèmes parlent de la vérité par rapport à soi-même, du fait qu’il ne faut pas abandonner le navire (ou le combat), de l’importance des idées qui nous animent, et puis il y a Elle chercha l’amour : et la réponse que vous nous donnez c’est : chercher en soi-même, et c’est le don aux autres. Pour le coup, un magnifique élargissement ! Un mot de la fin ?

Fabienne Lamour : Quand on cherche en soi-même comment aller mieux, quand on choisit l’acceptation, on progresse à coup sûr. On expérimente la gratitude, ce qui est un cheminement essentiel vers une forme de paix. Comme disait Epictète dans l’Antiquité : « N’attends pas que les évènements arrivent comme tu le souhaites. Décide de vouloir ce qui arrive… et tu seras heureux ».

Quand on se tourne vers les autres, quand on s’engage, on s’oublie un peu soi-même, on se décentre et cela nous allège. J’aime ce verbe : alléger. C’est aller vers la légèreté, s’envoler et se rapprocher de la douceur de vivre. C’est une des clés du bonheur, enfin pour moi en tout cas… Voilà qui ressemble à un mot de la fin 😄…

Propos recueillis par Monique Rault.

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