Dernière mod­i­fi­ca­tion le 5 novem­bre 2022 par La Com­pag­nie Littéraire

La Com­pag­nie Lit­téraire : Chris­tiane Efoutame, bon­jour. Vous venez de pub­li­er dans le cat­a­logue de livres de notre mai­son d’édi­tion La Com­pag­nie Lit­téraire un ouvrage poé­tique qui se lit comme un roman inti­t­ulé : L’homme au capu­chon vert. La pre­mière ques­tion qui s’im­pose à nous est : Qui est cet homme au capu­chon vert ? Il est telle­ment omniprésent dans votre livre qu’on a envie de le connaître.

Chris­tiane Efoutame : L’homme au capu­chon vert est un incon­nu ren­con­tré dans un bus en allant au tra­vail, il était adossé sur la vit­re et por­tait un mys­térieux capu­chon vert frois­sé qui cachait la moitié de son vis­age. Je pense que je n’ai pas quit­té les yeux de cet homme pen­dant ce qui sem­blait être une éter­nité. Je l’ai trou­vé beau, énig­ma­tique et atti­rant. Quand il a bais­sé son capu­chon vert, j’ai pu me con­fron­ter à la réal­ité de qui il était, cepen­dant mon imag­i­na­tion a con­tin­ué à vagabon­der durant tout le tra­jet. Je sor­tais d’une rela­tion tumultueuse qui s’est finie trag­ique­ment, je cher­chais alors à exprimer tous les non-dits que je gar­dais au fond de moi. Cet homme au capu­chon vert est devenu une inspi­ra­tion. À la fois bour­reau et soupi­rant, il m’a per­mis d’ex­primer mes émo­tions sans fil­tre, tout en poésie.

L’homme au capu­chon vert représente cette per­son­ne à qui on aurait aimé dire ce qu’on ressent sans jamais pou­voir le faire.

La Com­pag­nie Lit­téraire : Dans votre avant-pro­pos, vous écrivez – je vous cite – À quel point sommes-nous maîtres et maîtress­es de ce temps amoureux qui s’é­coule sans qu’on y fasse réelle­ment atten­tion ? Est-ce que ce bon­heur nous définit plus que cette douleur qui ne nous quitte jamais ? Avez-vous une réponse à ces ques­tions ou tout au moins une piste ?

Chris­tiane Efoutame : Eh bien ! après réflex­ion, je pense que nous sommes défi­nis par tout ce qui nous entoure : le temps, le bon­heur et la douleur. Nous sommes comme des éponges d’émotions, tout y passe. Le temps nous change, le bon­heur nous nour­rit et la douleur nous fait grandir.

La Com­pag­nie Lit­téraire : Vous évo­quez par­fois la part du hasard dans ce qui nous arrive : croyez-vous au destin ?

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Chris­tiane Efoutame : Bonne ques­tion ! J’aime l’idée que chaque dif­fi­culté de la vie nous pré­pare à quelque chose de meilleur, j’aime l’idée du des­tin. C’est une manière de se ras­sur­er, de se dire qu’il y a un but à toute cette cacoph­o­nie que représen­tent nos vies fugaces. Mais je chéris ma lib­erté, la lib­erté de savoir que tout peut arriv­er et que rien n’est cer­tain. Je crois au des­tin seule­ment si je peux le changer.

La Com­pag­nie Lit­téraire : Pour en revenir au livre et à vos per­son­nages, qu’est-il arrivé à cette jeune femme qui nous racon­te son his­toire ? On devine un amour déçu, la présence d’un enfant qui n’a pas eu le temps de s’in­staller sur terre, mais que fait-elle dans ce bus et tout cela est-il bien réel ?

Chris­tiane Efoutame : Si avez réus­si à ressen­tir les émo­tions de cette jeune femme, si vous avez ressen­ti la perte qu’elle a vécue, si vous vous êtes imag­iné dans un bus assise sur un siège à regarder un homme au capu­chon vert ; si cela a été réel pour vous alors tout est bien réel. Cer­tains poèmes de « L’homme au capu­chon vert » sont dis­parates, cer­tains se dis­tinguent parce qu’ils n’ont pas pour but de suiv­re une logique lit­téraire, mais d’exprimer une émo­tion forte. Si elle a été réelle pour vous, c’est parce qu’elle a été réelle pour moi.

Mes per­son­nages sont dans une bulle tem­porelle dans laque­lle leur univers se réduit à ce bus et leur vie imag­i­naire ou pas est ponc­tuée par cha­cun de mes poèmes.

homme au capuchon vert
La pre­mière de cou­ver­ture du recueil de poèmes L’homme au capu­chon vert.

La Com­pag­nie Lit­téraire : On a par­fois l’im­pres­sion que vous lais­sez le lecteur choisir le déroule­ment de l’his­toire, entre rêve et réal­ité, comme dans les réveils matin­aux où nous sommes encore pris par le dernier rêve qui s’estompe déjà, mais auquel l’e­sprit s’ac­croche encore. Est-ce voulu de votre part ?

Chris­tiane Efoutame : Absol­u­ment, je voulais que le lecteur plonge dans mon monde sans bouée de sauve­tage. Je voulais que le lecteur se noie dans mes mots, dans mes métaphores, dans mes réc­its, dans mes poèmes. Je voulais créer un bateau sans ancre qui voguerait entre rêve et cauchemars, un recueil de poèmes plein d’émotion qui lais­serait le lecteur aus­si per­du que retrouvé.

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La Com­pag­nie Lit­téraire : Les scènes se passent essen­tielle­ment dans un bus que la jeune femme emprunte. Elle y ren­con­tre cet homme au capu­chon vert. Il s’ag­it d’un espace clos qui roule… Que représente ce bus ? Est-ce une métaphore de la vie ? Du temps qui passe ? Ou cela évoque-t-il un enfermement ?

Chris­tiane Efoutame : Le bus qui roule est une métaphore de la vie. Être dans une rela­tion amoureuse, c’est comme être dans un bus qui roule. Chaque arrêt représente une étape de la vie, chaque panne représente les dif­fi­cultés, chaque per­son­ne qui entre ne va pas for­cé­ment y rester, le plus impor­tant est de ne pas avoir envie d’en descen­dre. Dans mon recueil de poèmes, le bus représente la vie qui roule sur le chemin du temps.

La Com­pag­nie Lit­téraire : Le thème de l’at­tente est récur­rent dans votre ouvrage. Il s’ex­prime au tra­vers des pen­sées de l’héroïne qui attend que l’homme au capu­chon vert la voit, lui par­le, l’aime… Puis à un moment, elle descend du bus, et vous écrivez alors (en par­lant à tra­vers elle) : ce que j’ou­blie en descen­dant du bus, c’est qu’il part tou­jours d’où il vient.

Pou­vez-vous com­menter cette phrase ?

Chris­tiane Efoutame : Ce que je voulais exprimer était la fatal­ité des choses. Elle descend du bus avec une cer­ti­tude d’avoir bouclé la boucle alors qu’il n’en est rien. Il n’y a pas de fin à la l’amour, ni à la tristesse. Nous nous retrou­verons tôt ou tard à l’endroit que nous avons fui parce que c’est la vie : un éter­nel recom­mence­ment de choses que nous avons déjà vécu et que nous avons juré de ne plus vivre. Ce qui est intéres­sant, c’est que nous gran­dis­sons à chaque fois et chaque expéri­ence peint, mal­gré tout, de nou­velles couleurs sur le tableau de nos vies.

La Com­pag­nie Lit­téraire : Ce livre m’a paru ter­ri­ble­ment roman­tique. On pense au mythe de l’éter­nel retour, comme si de toute façon rien ne finis­sait jamais. Et à la fin vous lais­sez enten­dre que cet homme au capu­chon vert cède, en fait, à l’ap­pel de la mer. Et vous dites : comme si quelqu’un l’at­tendait, comme si je l’ap­pelais. Alors je ne peux m’empêcher de vous pos­er cette dernière ques­tion : cet homme au capu­chon vert, l’avez-vous vrai­ment rencontré ?

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Chris­tiane Efoutame : Oui je l’ai ren­con­tré, il m’a inspiré plus que je ne l’aurais imag­iné. Il est devenu l’exutoire de mes amours et de mes peines.

Com­man­der L’homme au capu­chon vert

Nous remer­cions Chris­tiane Efoutame d’avoir répon­du à cette inter­view signée Monique Rault. Le recueil de poèmes « L’homme au capu­chon vert » est disponible sur Fnac.com, Ama­zon, Decitre, les librairies du réseau Place des librairies et Dil­i­com et plus générale­ment en com­mande dans toutes les librairies de France et de Navarre.

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