Dernière mod­i­fi­ca­tion le 5 novem­bre 2022 par La Com­pag­nie Littéraire

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Vin­cent Blénet, bon­jour. Vous venez de pub­li­er à la Com­pag­nie Lit­téraire un nou­veau livre inti­t­ulé « L’Enfer-me-ment ». Pourquoi ce titre et ce jeu de mots? Et au-delà de cette sim­ple ques­tion, ce titre met en per­spec­tive trois élé­ments, tels les trois côtés d’un tri­an­gle : l’Enfer, le Moi et le Men­songe. Quels liens étab­lis­sez-vous entre ces trois élé­ments?  

Vin­cent Blénet : L’isolement, l’isolation, être san­glé, con­finé, restreint, blo­qué, coupé du reste du monde. Se retrou­ver piégé, emmuré dans un bocal où l’on est incom­pris, où l’on n’a pas sa place, aucun sen­ti­ment de con­fort, ni d’acceptation, d’adaptation, etc., etc. à force cela devient un véri­ta­ble enfer, une incar­céra­tion infer­nale. Qui dit incar­céra­tion, dit folie, qui dit folie, dit tour­ments et ain­si de suite.

La con­nex­ion entre l’enfer éter­nel et l’isolement avec les men­songes sont étroite­ment liés. En effet, souf­frir le mar­tyre dans l’expiation de ses « fautes », ses « péchés » (si je puis dire), dans l’enfer punis­seur, pousse l’âme tor­turée à la con­fu­sion et au déni de ses pro­pres peurs et défauts. Plus on souf­fre, plus le temps sem­ble inter­minable. Au lieu d’avancer, on rechigne et on stagne trop longtemps dans une plaidoirie d’arguments sans fin et au lieu d’avancer, de tourn­er la page, on se con­forte dans ses raison­nements, dans ses pro­pres mensonges.

Enfer = s’ancrer dans un déni con­tes­tataire = isole­ment sans fin, où on ressent aucune issue.

On s’identifie à ce que l’on argu­mente, à ce que l’on prêche. On devient son pro­pre men­songe, on l’incarne. Plus on pié­tine, plus on rechigne à s’affranchir, par peur de l’inconnue, d’une éventuelle vérité, plus on va se for­mater à ses dires.

À ses pro­pres « vérités ».

J’ai vécu trop longtemps restreint dans mon cen­tre-ville, ça m’a défor­mé ma vision du reste du monde. Ma per­cep­tion du monde est erronée, abstraite, floutée, je généralise trop sou­vent et je finis par croire à l’ensemble de mes obser­va­tions théoriques. Il y a beau­coup de vrai ici à Mont­pel­li­er, beau­coup de chaos, beau­coup d’excès, beau­coup de déca­dences, de dégénéres­cences. Beau­coup de tri­mards W9 et de micheton­neuses NRJ12. Beau­coup d’hypocrites inhu­mains, oppor­tunistes, etc.

Cepen­dant je me suis restreint com­pul­sive­ment à cette vision sociale et ça m’a amené à me met­tre moi-même des œil­lères sur mon regard per­son­nel, ain­si que mon regard d’écrivain.

Ce nou­veau livre retran­scrit les rav­ages et les out­rages que j’ai perçus et explorés à tra­vers mes ten­ta­tives de social­i­sa­tion. Certes il est pri­mor­dial de se con­necter aux autres et à la société, mais il n’est pas néces­saire de se laiss­er con­di­tion­ner et lessiv­er la cervelle afin de devenir un par­fait clone gay, car­i­ca­ture misog­y­ne de la pub Hugo Boss avec des manières de racailles TV réal­ité. Ni de se join­dre com­pul­sive­ment à une cul­ture mod­erne totale­ment foirée et déshu­man­isante, ancrés dans des achats psy­cho­tiques de fringues à mag­a­sins de sacs à foutre, s’alcooliser mal­adi­ve­ment à l’extrême excès d’ivresse pour ressen­tir des émo­tions nor­male­ment acces­si­ble, sauf que beau­coup de gens s’empêchent d’exprimer, de révéler leurs émo­tions parce que le sys­tème con­damne les per­son­nes qui expri­ment leurs émotions.

La société revendique une hygiène de vie dans l’ambition et le paraître.

J’avais envie d’illustrer dans ce nou­v­el ouvrage com­ment l’on ressent une vie dite « éter­nelle » hors des bar­rières de ceux qui expéri­mentent les joies basiques de l’existence. Voir la vie de ceux qui sont exclus de la vie. Évidem­ment je me suis « peint » un p’tit peu.

J’avais égale­ment envie, dans mon approche thérapeu­tique, mon chemin vers une pro­gres­sion de mes tra­vers, j’avais envie de retran­scrire à quel degré la ritour­nelle dépres­sive et con­finée dans mon cen­tre-ville a réus­si à faire dévelop­per mes angoiss­es en mon­strueuses réalités.

Effec­tive­ment il y a eu plein de déclics véridiques qui m’ont trau­ma­tisé et heurté, blessés.

Mais après, j’ai entretenu ces hor­reurs et j’en ai fait des chimères, ces dernières ont pris le dessus sur mon raison­nement et ain­si de suite j’ai bâti des égré­gores assez bal­ais­es qui m’ont à nou­veau blo­qué pour ne plus avancer et m’enchaîner dans mes peurs, mes angoiss­es, mes strat­a­gèmes de trou­bles du com­porte­ment, mes psy­choses déli­rantes, etc.

Idem pour les deux années hor­ri­fiques de pandémie, on a (je par­le des âmes tor­turées comme moi-même), on a vécu ces isole­ment avec tant de peurs et d’angoisses, etc., qu’on a fini par pouss­er à l’extrême, à l’outrage même, tout ce qu’on subis­sait, jusqu’à l’ivresse de cramer les respon­s­ables de nos douloureux maux interminables.

Vin­cent Blénet par Alexan­dra Gon­za­lez Photographe.

Je ne par­don­nerai jamais à EM, OV, MS, jamais de jamais. Mais je sais qu’on est « for­cés » de vivre avec ces zozos. On en a subi d’autres et le trag­ique c’est que les votes les ont instau­rés, c’est comme ça donc faut atten­dre que ça passe, comme une dragée fucca…

À force d’être enfer­mé, on se réfugie, on se con­sole dans ses théories. On trou­ve une échap­pa­toire au dés­espoir et à la dépres­sion dans la con­tes­ta­tion, ça aide à sur­vivre et à ne pas se tranch­er les veines. Parce qu’il faut aimer la vie d’abord et avant tout, c’est trop stu­pide de se finir et ne pas vivre le bien après, après la pluie, vient l’éclaircie (réf : The Crow). 

Lorsqu’on est ren­fer­mé sur soi et sur ses maux, la plu­part se sont tournés vers une issue illu­soire à tra­vers le sui­cide. Moi-même j’ai été par­ti­san de me tuer pour fuir, m’échapper de toutes mes souf­frances. Mais c’est une duperie, une grosse arnaque, une supercherie bien ficelée et soutenue par l’effroyable société d’aujourd’hui. Société com­péti­tive d’ambition et de réus­site chimériques. Les deuils que je n’ai cessé de tra­vers­er m’ont éprou­vé à l’extrême, mais cela m’a appris à décou­vrir la ver­tu­osité de vivre, la vie ne se résume pas et ne doit pas se résumer à nos souf­frances. Au con­traire, plutôt que de fuir l’enfer présent, restons en vie, restons vivants afin de guérir et de se con­stru­ire un par­adis à soi.

(Con­fine­ment = con­fine-ment = enfer qui finit par me mentir).

(Gou­verne­ment = gou­verne & ment. Gou­verne­men­tal = gou­verne notre mental). 

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Au début de votre ouvrage, vous par­lez de l’évolution de votre écri­t­ure et vous dites que chaque livre est une expéri­ence nour­rie des prob­lé­ma­tiques qui hantent votre esprit du moment. C’est comme un cri, comme une façon de pos­er votre exis­tence face au monde. Pou­vez-vous, à ce pro­pos, nous par­ler de la genèse du présent ouvrage?

Sur cet ouvrage j’ai, peut-être incon­sciem­ment qui sais-je, j’ai voulu affin­er mon écri­t­ure, la ren­dre acces­si­ble tout en con­ser­vant mon style avec les énigmes. C’est plus sécurisant d’écrire com­pliqué lorsqu’on retran­scrit des émo­tions inten­sives et des réflex­ions osées sur l’environnement socié­tal, du moins si l’on souhaite éviter des emmerdes juridiques et des karchers d’ego de snobi­na­rds per­chés « chat-bite » sur l’immunité tyran­nique des organ­isa­teurs de chais­es musi­cales. En effet j’ai une verve cinglante et une prose con­tro­ver­sée, sul­fureuse, je « ren­tre-dedans » les pudeurs far­felues des bien­séances. Les dogmes matéri­al­istes, per­so j’aime uriner dessus, mais en tant qu’écrivain, je pisse avec un gant de velours.

J’ai longtemps été emmuré dans un chemin sans issue, sans cesse en boucle répéti­tive. Je ne sais plus quel fut le déclic, mais je le chéris avec fer­veur car depuis peu, et grâce à quelques amis proches bien­veil­lants (Char­ly, Fes­soil Abdou. Chris­t­ian, David et les autres copains portiers. Ma maman, mon amie Camille, Fabi­enne et Joël. Boris « The Dou­ble King » et les potos qui tra­vail­lent avec lui. Mais égale­ment Monique Sérot Chaibi, Nour­dine Bara, Désiré Aman et mes amis du Bou­chon St-Roch) ces per­son­nes extra­or­di­naires qui ont su rester patientes et com­préhen­si­bles face au béli­er borné que je suis. Ces per­son­nes ont réus­si ce qu’aucun n’a réus­si, à savoir m’aider à pro­gress­er, avancer vers la lumière, vers la vie.

J’ai tra­ver­sé une errance de plus de vingt années, comme les limbes ou le néant, d’ailleurs, cer­tains savent que c’est épuisant, érein­tant, exténu­ant, broy­ant, lam­i­nant, bref.

Dans ce nou­veau livre, je souhaitais évo­quer la vie rou­tinière de quelqu’un qui vit en dehors des codes, dans l’exclusion de la social­i­sa­tion. Mon­tr­er ce que c’est lorsqu’on est de l’autre côté de la bar­rière. Beau­coup n’ont aucune con­science d’une vie hors de leurs sys­tèmes tra­di­tion­nels, hors des bou­tiques de sacs à foutre et des bars. Je vois les nor­maux se moquer ouverte­ment des « exclus », des sans-abri, des per­son­nes abîmées par l’existence.

D’ailleurs j’ai util­isé encore l’épouvante et le cauchemardesque dans la métaphore et la nar­ra­tion cynique dans l’objectif de dévoil­er com­bi­en est l’horreur lorsqu’on est déshu­man­isé, ratat­iné par un sys­tème-marchan­dise qui ne jure priv­ilège de vivre unique­ment par la déviance per­verse de pay­er émo­tions, joies, désirs, ivress­es des sens, etc., con­tre une fac­ture lourde. Comme l’est la poli­tique en marche. Ces gens sont des courtiers, des PDG d’entreprises, des ban­quiers bobos éli­tistes, ils croient gér­er un busi­ness mais ils se moquent ouverte­ment des fac­teurs humains. Seuls les chiffres, leurs caus­es, et comme le pou­voir, l’immunité, les fastes mondains éli­tistes leur mon­tent à la caboche, tout ridicules sont-ils, ils sont « alcoolisés grave » de leurs puis­sances. En résumé, ils ont des petites bis­tou­quettes friquées et l’immunité de décideurs leur fait penser qu’ils ont un braque­mart à Roc­co Siffredi.

Lorsque le pou­voir monte à la tête, la rai­son s’égare, elle s’évapore et laisse place à l’ambition. Actuelle­ment ce n’est pas le rationnel qui résonne, c’est l’ivresse du pou­voir et ils suc­combent à toutes les névros­es envis­age­ables parce qu’ils refusent de tourn­er la roue, comme dirait l’émission gré­gaire que je regarde pour me défouler sur ma télé et scruter quelques strings (rares) mais agréables. Les chats-bites refusent de faire tourn­er « la roue des prob­lèmes », sans doute qu’ils n’ont pas assez de Pam­pers solides triple épais­seur pour net­toy­er l’étendue de la diar­rhée cracra d’un quin­quen­nat foireux.

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Pour ce qui est de mon regard cri­tique, cynique, clin­ique envers la société. Effec­tive­ment je passe le plus clair de mon temps à observ­er, analyser et décor­ti­quer les mou­ve­ments ain­si que les faits et gestes du petit cirque car­nava­lesque qui s’anime autour de moi. J’ai plus d’aisance à regarder la vie agir sans que j’interagisse à mon tour dans l’existence. Je suis écrivain mais j’ai d’abord été tou­jours un obser­va­teur resté en retrait, loin. J’ai tou­jours eu trop peur d’affronter les épines de la vie, aus­si j’ai décu­plé mon regard et ma réflex­ion sur le « monde » plutôt que d’y par­ticiper. Ça m’a aidé en tant qu’auteur, par con­tre j’ai des carences à soign­er en tant qu’être humain (surtout que j’espère appren­dre à savoir bien séduire la gent féminine).

J’ai vécu en retrait, subis­sant les ecchy­moses, mais sans avoir su ajouter ma pein­ture au tableau de la vie sociétale. 

Vers l’accouchement de ce dix-huitième livre (BAT, mise en page), je pense néces­saire d’illustrer égale­ment avec cet ouvrage que toutes per­son­nes dites « dif­férentes », « rejetées », vous avez tous une valeur, votre vie est un don pré­cieux, et il est impératif de préserv­er la vie, d’aller vers le bout du tun­nel. Beau­coup pour­ront croire qu’avancer c’est renon­cer à faire recon­naître ses maux de par­cours, absol­u­ment pas !!! Non, juste c’est impor­tant de partager sa dif­férence avec le monde, même si sou­vent c’est inondé de tri­mards dérisoires, peu importe parce que cela prou­vera davan­tage que vous êtes pré­cieux et unique, devant une assem­blée monar­chique futile et trop Col­gate naze broque.

La seule rai­son qu’il faut tenir en compte ce n’est pas d’oublier les épreuves, ni de s’en foutre, c’est surtout que toutes vos douleurs, vos hontes et vos souf­frances ne doivent pas vous bouf­fer plus qu’elles ne l’ont déjà fait. J’ai gaspillé et per­du énor­mé­ment d’énergie à ça, j’ai lais­sé les flammes me con­sumer et me con­som­mer grasse­ment. Je sais de quoi je par­le. C’est grâce à l’écriture si j’ai trou­vé un sens à ma vie. Aus­si, grâce à ces amis bienveillants.

Vous n’êtes jamais seul, ne croyez pas ça, c’est juste­ment l’illusion de la douleur qui vous invite à cette dépres­sion, laque­lle m’a trop rongé. Ça et la psy­chi­a­trie, la Blénetterie !

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Dans le chapitre inti­t­ulé « Chats noirs, chats blancs », vous développez de mul­ti­ples pen­sées et vous don­nez quelques pistes de réflex­ion. Une petite phrase revient régulière­ment comme un leit­mo­tiv : « Nous sommes les chats noirs de Salem, nous sommes ces félins du blas­phème. » Com­ment cette phrase s’est-elle imposée à vous? On pense bien sûr aux procès des sor­cières de Salem en 1692 dans la colonie nord-améri­caine du Mass­a­chu­setts, où plusieurs femmes ont été jugées et pen­dues pour sor­cel­lerie. Les chats noirs à qui l’on prê­tait des pou­voirs démo­ni­aques étant assim­ilés aux sor­cières, l’allusion métaphorique sem­ble aller de soi. Mais vous, qu’avez-vous voulu évo­quer? (On pour­rait presque dire « invo­quer »), pou­vez-vous nous éclair­er à ce sujet?

Vin­cent Blénet : L’habit n’en fait pas le monastère. La plu­part des gens ont ten­dance à qual­i­fi­er ce qu’ils jugent de bien ou de mal en grande par­tie à tra­vers le visuel, le pack­ag­ing iden­ti­taire de la per­son­ne (ou de l’animal) qu’ils voient. En l’occurrence, une grosse par­tie de la société mod­erne 2.0 va, à coup de matraquage pub­lic­i­taire et de slo­gans réfor­ma­teur, dire qui doit être bien et qui faudrait-il attach­er sur le bûch­er pour le cramer en toute incon­science sans remon­trances et sans remords, même avec l’amour de Dieu et la béné­dic­tion de tous les Saints.

Les chats noirs sont des êtres mag­nifiques et telle­ment affectueux. Il est cer­tain que les ani­maux perçoivent ce que nous, humains entraînés par l’émerveillement de tech­nolo­gies mod­ernes, les ani­maux voient ce qu’on ne peut voir. Les sor­cières ont tou­jours été asso­ciées au satanisme et aux con­tes pour enfants asep­tisés dans les chau­mières de nor­maux blonds tout pro­pres. Les légen­des ont trop décrit les sor­cières comme des femmes mau­vais­es, alors que beau­coup de sor­cières sont des êtres humains qui ont des dons. Elles peu­vent voir et com­mu­ni­quer, inter­a­gir et évoluer dans le monde de l’invisible, le monde der­rière notre monde.

Est-ce que c’est une rai­son pour laque­lle des hommes, dont beau­coup furent extrême­ment pro­machistes et con­tre les femmes. Ils se sont emmi­tou­flés dans les grâces de la reli­gion dog­ma­tique inté­griste. Pour eux, à tra­vers les prêchi-prêcha de prêtres, archevêques, etc. Ils ont fait croire à la foule que les sor­cières étaient des « enne­mies » de Dieu.

Alors qu’en fait, ces femmes avaient un don. Cer­taines l’ont pra­tiquée dans le monde occulte, mais d’autres ont exploré divers chemins, beau­coup plus lumineux. Il existe la magie blanche qui est plus tournée vers la lumière et le bien. Pour l’église et pour la pro­pa­gande dom­i­nante des hommes machistes à l’époque, une femme qui avait des dons et des apti­tudes où l’esprit est plus intel­li­gent et plus ouvert en con­tra­dic­tion avec la lucarne étriquée de l’homme religieux inté­griste, là évidem­ment les sor­cières ont mal­heureuse­ment été les boucs émis­saires inad­mis­si­bles de Salem avec ces hon­teux procès historiques.

Aleis­ter Crow­ley était un mage très réputé dans le monde occulte de la magie noire. Il a été une icône pour les satanistes. Pour­tant, même si je veux m’éloigner de l’univers des satanistes et des rit­uels vio­lents. J’ai appris qu’A. Crow­ley était à l’origine un enfant mal­traité et bat­tu par ses par­ents, lesquels étaient des religieux ultrain­té­gristes, trop rad­i­caux. La mère d’Aleister appelait son enfant « la bête ». Il est évi­dent et com­préhen­si­ble que ce jeune homme eût envie de suiv­re un chem­ine­ment à l’inverse totale­ment de la Bible et de la reli­gion catholique. Il s’est même attitré de « la bête ». Per­son­nelle­ment, pour ce garçon, cet homme, je com­prends par­faite­ment sa démarche. Je ne vais pas dans ce monde pré­cis, mais je com­prends tout à fait ce qu’il a pu ressen­tir. Je ne jugerai pas Mr Crow­ley. C’est évidem­ment un exem­ple qui retran­scrit com­ment le dogme de l’humanité et son fanatisme « endi­a­blé » a for­maté les per­son­nes que l’histoire va qual­i­fi­er « d’hérétiques », de « BLASPHÈMES » et de « Démons ». L’histoire écrit celui-ci ou celui-là qu’il faut aller brûler sur le bûch­er. Et dans l’allégresse de la dégénéres­cence ecclési­as­tique pop­u­laire, socié­taire, démoc­ra­tique et par­fois républicaine.

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Revenons à votre par­cours. Vous déclarez que, depuis « Cieux FM » en 2017, votre écri­t­ure a évolué, s’est trans­for­mée. Vous avez, je vous cite, « délesté la soutane lit­téraire afin d’être plus en phase avec l’écrivain qui observe et retran­scrit ». Com­ment cela s’est-il fait? Et aus­si pourquoi?

Réponse : Longtemps je me suis emmi­tou­flé, empris­on­né volon­taire­ment même, dans ce per­son­nage de prêcheur chao­tique pro sui­cidaire et réfor­ma­teur. À l’époque je fréquen­tais des milieux religieux, cer­tains inté­gristes réfor­ma­teurs (lim­ite sec­taires dans leurs têtes). Ayant un con­flit iden­ti­taire avec la plu­part d’entre eux parce que je revendique fière­ment, avec con­fi­ance en moi, mon « aspect » goth­ique. Ain­si que mon éloigne­ment des règle­ments dog­ma­tiques ultras de la Bible des archevêques moral­istes machistes. Sou­vent je me suis heurté à plusieurs murs frontaux devant des cathos, grenouilles de béni­tiers avar­iées de l’Ancien Tes­ta­ment, j’ai beau­coup de fois dans ma vie eu à faire face à des duels d’acceptations dans des cer­cles où l’on me reje­tait féro­ce­ment sans préavis.

Mon orgueil, mon erreur que j’ai util­isée tel un boucli­er frontal con­tre mes peurs et mes angoiss­es, sans avouer mes faib­less­es, les reni­ant même. Cet effroy­able orgueil qui m’empêchait d’évoluer, de grandir et de voir nor­male­ment la vie, d’aller vers elle. Je me masquais der­rière ce per­son­nage de prêcheur aux vocif­éra­tions d’un mon­sieur je sais tout, comme les curés à la messe lorsqu’ils blâ­ment les fidèles.

Je vivais dans un men­songe pathé­tique, lim­ite pathologique, pathogène. Je m’accrochais à mes fadais­es au lieu d’affronter la réal­ité. J’incarnais ce prêtre du sui­cide, le vis­age effrayant, accusa­teur à souhait et endoc­trineur. J’évoquais la mort comme une échap­pa­toire à la souf­france sans com­pren­dre ni voir que la vie a de belles choses, de belles émo­tions. Je ne voy­ais que cette souf­france, ces tor­tures qui me bouf­faient l’âme et les tripes. J’ai joué avec le feu et avec des éner­gies chao­tiques. Jusqu’à m’y brûler les doigts et pas qu’un peu.

Les deuils et la pandémie ajoutée m’ont rongé, lam­iné, broyé et j’ai perçu que la mort est un anéan­tisse­ment hor­ri­ble et défini­tif. Mes souf­frances et ma posi­tion socié­tale ont dupé 20 années de trou­bles du com­porte­ment, ain­si que des psy­choses liées à mon manque de con­fi­ance en soi. Il m’a fal­lu expéri­menter 3 décès et 5 ans et demi de tra­ver­sées dépres­sives dans un tun­nel psy­chique assom­bri de douleurs, d’interrogations, de peurs et d’automensonges avec un zeste de rêves destruc­teurs me pous­sant à ma perte. Pour ce qui est du con­fine­ment, ça m’a fait revivre les tour­ments entre les phas­es du col­lège, de l’internement en psy­chi­a­trie, les deuils (j’en ai eu d’autres). Ce n’est pas les 2 mois chez soi, d’ailleurs on ne me les résumera pas comme ça) mais j’ai eu plus dans mon écorche­ment à vif (avec la dépres­sion liée à un étab­lisse­ment d’alcool sor­dide ser­vant d’observations pour l’ouvrage « 666 Nuances de Brais­es », ain­si qu’un amour pas­sion­né pour des garces vénales et sadiques, me pous­sant à flirter avec l’autodestruction).

Le choc salu­taire pour me dés­in­tox­i­quer de ce rôle de prêtre lit­téraire néfaste, je l’ai eu dans un som­meil astral (si je puis dire). J’en ai même écrit un long texte de 8 pages, j’ai écrit toute la nuit d’une traite, ça ne m’est jamais arrivé, ni aupar­a­vant ni à présent. Ce texte fig­ure dans « Cieux FM », il s’intitule « le joug de la ter­reur ».

Durant trop d’années à stag­n­er, asphyx­ié dans mon orgueil, à tra­vers une morne d’arrogance sur la fierté cauchemardesque d’être et sym­bol­is­er ce prédi­ca­teur implaca­ble prêt à décimer le reste de la planète pour me venger de ce que les col­lèges, la psy­chi­a­trie, les gens, tout quoi.

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J’ai joué avec ce feu destruc­teur con­sumant mon énergie et ma rai­son. Jusqu’à la tragédie.

À force de jouer je m’y suis brûlé et j’ai rien pu éviter, mais j’ai appris à mes dépens.

J’étais telle­ment con­va­in­cu par ma psy­chose iden­ti­taire, me croy­ant immu­nisé (chat per­ché). Lorsque la mort est venue m’enlever ceux que j’aime, là j’ai per­cuté. Lorsque j’ai vu le colum­bar­i­um de ma grand-mère et que j’ai réal­isé que ce binôme de petite femme qui m’a épaulé plus de vingt ans, lorsque j’ai per­cuté que cette grand-mère n’était plus que des cen­dres dans un bocal, là ma cer­ti­tude inflex­i­ble s’est pliée féro­ce­ment. Depuis ma « soutane » je l’ai ren­du, je l’ai foutue dans les flammes et j’ai cher­ché ma voie. Actuelle­ment j’essaie de me fray­er un chemin avec la spir­i­tu­al­ité sur mon épaule et je cherche à rel­a­tivis­er car ma reli­gion peut brailler la des­ti­na­tion d’un tel ou d’un tel, mais mon père m’ayant haï et bousil­lé même dans la mort. Lorsque j’ai vu son cadavre bouf­fi de pro­duits d’embaumement et mon daron boud­iné dans le cer­cueil… Le funérar­i­um a con­servé le corps qua­tre jours avec une ven­ti­la­tion cli­ma­tisée à fond sinon le cadavre de papa aurait fini en con­serve avar­iée de bâton­net Croustibat chez Lidl cra­do. Ensuite quand j’ai vu sur un écran-ciné le cer­cueil fer­mé de papa fon­cer dans le four cré­ma­toire, j’ai per­cuté que la reli­gion est une fadaise de mor­tels matéri­al­istes cher­chant le pou­voir et l’asservissement par de la propagande.

Les protes­tants, les cathos inté­gristes font pareil que les ecclési­as­tiques et groupe­ments sataniques. Cha­cun s’envoie des reproches et invite le max­i­mum de clien­tèle à s’abonner.

Per­son­nelle­ment je n’attaque aucun des deux, je me fiche des cathos et des religieux bibliques, je les laisse éjac­uler dans leurs fanatismes « daeshien ». Pour les satanistes, je n’agresserai per­son­ne, juste je préfère ne jamais entr­er dans leurs évène­ments et autres.

Je reste loin et j’observe le monde. Je veux écrire et vivre ma vie heureux. 

Il est sal­va­teur d’expérimenter « le saut de l’ange », tra­vers­er la chute et com­pren­dre la leçon d’une « dis­grâce » afin de mieux appren­dre de ses erreurs, de ses fautes de par­cours afin de mieux évoluer et soign­er son âme ain­si que son mantra et son karma.

S’écraser en plein enfer et même s’il est trau­ma­ti­sant de s’y aven­tur­er un moment, c’est une bonne thérapie pour par­venir à guérir et s’affranchir vers un chemin vertueux en har­monie avec la vie.

Tra­vers­er la brûlure des flammes, éprou­ver la blessure et les ecchy­moses, ça aide à forg­er le moral et le men­tal, ain­si se con­stru­it l’apprentissage. Trébuch­er et défail­lir sur les embûch­es n’est pas une tare. C’est sou­vent par la dis­grâce qu’on y décou­vre une forme d’état de grâce.

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Si votre ouvrage, dans son ensem­ble, cri­tique la société et le monde mer­can­tile tout-puis­sant de notre quo­ti­di­en, il s’attaque égale­ment cette fois aux représen­tants de l’Église que vous rangez dans la même caté­gorie que les PDG-mar­ket­ing-super­marchés-téléréal­ité. Pour­tant, ce n’est pas tout à fait la même chose… Pourquoi ce change­ment chez vous? Quand vous écrivez, par exem­ple, « l’immortalité est un miroir brisé aux reflets hyp­ocrites », que voulez-vous sig­ni­fi­er? Une décep­tion trop forte qui emporte tout? N’oublions pas que vous jouez avec les mots et que vous par­lez alter­na­tive­ment des anges déchus et des anges déçus.

Vin­cent Blénet : La foi est dev­enue un dogme con­stru­it sur la trouille para­noïaque et le matéri­al­isme. Désor­mais l’église est insti­tu­tion, lim­ite une indus­trie « incor­po­rat­ing ». Le par­don de l’Éternel se marchande, il se troque, par­fois il est traqué. L’amour de Dieu est une dis­tinc­tion pour bobos, c’est une stock-option qui est streamée par les mains d’humains cam­ou­flés de soutanes. Ces prédi­ca­teurs dif­fusent un max­i­mum de peurs et de fin des temps pour toutes âmes sauf si vous casquez l’addition. La messe est dev­enue une foire et les réu­nions sont des ker­mess­es. La télé-réal­ité s’est fondée sur du men­songe et du paraître, l’église est pareil. Les archevêques, car­dinaux, évêques, c’est que de la mas­tur­ba­tion pour hyp­ocrites éli­tistes. L’église est com­plice de la poli­tique, elle bénit, anobli tous les men­songes, etc., etc. La démoc­ra­tie n’est que fanatisme patri­o­tique, para­noïaque despo­tisme. Main­tenant en démoc­ra­tie on va vot­er pour élire une dic­tature tyran­nique sans con­tes­tataire sous peine d’être exé­cuté (interne­ment psy, exclu­sion, dépres­sion, con­fine­ment, gestes bar­rières, hétéro­pho­bie agres­sive et prison pour émo­tions sen­suelles). Pouss­er les gens à se sui­cider c’est pareil qu’un com­man­do armé qui vient ras­er ta vie.

Les anges qui sont déçus, voire par­fois écœurés, évidem­ment j’écris à vision métaphorique. Ces anges déçus sont ces per­son­nes qui ont telle­ment cru, qui se sont telle­ment battues, investies dans la vie, dans la foi, dans l’espérance et, à force de voir et com­pren­dre qu’on ne les écoute pas et qu’aucun n’a essayé ni cher­ché à les enten­dre, à les com­pren­dre et à les accepter tel qu’ils étaient. Bref ces anges déçus risquent de vriller à anges déchus.

Et puis, vous écrivez aus­si : « Au cœur de mon âme, il y a cette petite lueur, celle en péril sur un fil qui se fane »… Le fil qui se fane, c’est la vie qui passe, mais cette petite lueur sig­ni­fie-t-elle que, dans ce miroir brisé, vous recherchez quand même encore l’espoir? Une posi­tion para­doxale en quelque sorte?

Vin­cent Blénet : L’immortalité est la métaphore de mon ressen­ti de l’existence, une vie de 39 années tra­ver­sées comme une infinité dans un mil­lion d’océans où ma per­cep­tion du temps s’est perçue comme une prison, un viol, une incar­céra­tion à tra­vers plusieurs cer­cles dan­tesques psy­chologiques, psy­cho­so­ma­tiques, etc.

Lorsqu’on « vit l’instant présent », on souhait­erait que l’instant en ques­tion dure une éter­nité, surtout lorsqu’on est heureux, comblé, sere­in, apaisé et en par­faite har­monie avec la vie, avec soi-même.

En ce qui con­cerne la lueur, celle qui se fane. Il s’agit surtout des illu­sions rêvées qui se sont effon­drées au fur et à mesure de mon « apprentissage ».

En effet on a pleins de rêves, pleins de désirs et de pro­jets mais la réal­ité vous attend tel un cham­pi­on de base­ball avec une bat­te chromée pour vous la fra­cass­er sur la tête en bonne et due forme. Pour mon cas la bat­te était dotée de clous et de bar­belés assez aigu­isés et tran­chants à souhait. Mon cynisme, mon pes­simisme récur­rent s’est imposé dans mon franc par­lé à cause de toutes les dif­fi­cultés et les chaos que j’ai dû affron­ter seul, surtout dans la prob­lé­ma­tique de mon hand­i­cap psy­chique. Les trou­bles du com­porte­ment, les psy­choses déli­rantes, l’effacement de moi-même, l’énorme carence, manque de con­fi­ance en moi, en mes apti­tudes, en mes qual­ités. Je n’ai vu que mes défauts. Je me vois beau­coup comme un zéro, sans la tête de toto.

À la longue devenir cynique, ne dire que les choses pes­simistes me sont parue être un rem­part curatif à dose éduca­tive et rédemptrice pour ne plus retomber dans mes maux-dits tra­vers de vie, de choix, de pen­sées et de socié­taire dans mon quo­ti­di­en de vie.

Lorsque j’écris « il m’a fal­lu mourir pour mieux guérir » ça illus­tre un peu tous ces chaos qui m’ont fait chuter dans les affres du mor­tifère, à coups de ciné­ma, d’acteurs, d’artistes, de pro­jets impos­si­bles, de réal­ité de classe et de logique des rangs. Rien n’est pos­si­ble ou envis­age­able si on a aucune tune, ni aucun nom, ni quoi que ce soit.

Je suis Jacquouilles sur le tapis et j’ai le devoir de faire risette à Gode­froid lorsqu’il me jette les miettes avar­iées sur le tapis blindé d’acariens en tekni­val sur les ger­mes à gueux.

Appren­dre à dés­ap­pren­dre c’est ce qu’on nous inculque aujourd’hui.

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Il est un pas­sage référencé comme « Le bal masqué des sen­ti­ments » où vous abor­dez un sujet récur­rent, celui des amours tar­ifées. C’est un con­stat et un aver­tisse­ment à la fois. Vous défend­ez la cause fémi­nine en attaquant de front l’univers de la con­som­ma­tion (voire de la sur­con­som­ma­tion) et du virtuel qui font pren­dre aux jeunes filles « des vessies pour des lanternes ». Ain­si, non seule­ment les femmes sont dupées, mais elles par­ticipent active­ment à leur duperie. Pou­vez-vous dévelop­per votre pro­pos? Voyez-vous une solu­tion pos­si­ble pour qu’on en finisse avec toute cette mal­hon­nêteté?

Vin­cent Blénet : Il est un fac­teur incon­tourn­able, voire qua­si­ment incon­testable, l’émotionnel, le ressen­ti humain. On évoque joyeuse­ment « le plaisir de la chair ». Certes, la prêtrise for­mate des robots déshu­man­isés, sociopathes. Vous me dites « l’abstinence ». Certes, certes. Mais vous vous apercevrez qu’à la longue c’est la folie, dan­gereuse, trop sou­vent mor­tifère et la dérai­son impul­sive qui vien­dra vous emporter. À trop lut­ter con­tre soi-même, con­tre la loi de la biolo­gie humaine, con­tre ses émo­tions ain­si que ses vérités. Finale­ment ça vous explosera en pleine poire et vous serez effrayés, pétri­fiés, ter­ror­isés par ce que vous deviendrait à force de vous men­tir à vous-même.

Le sys­tème a par­faite­ment saisi cela et il en est devenu maître en matière de marchandage. Les amours tar­ifés sont la base du piège com­mer­cial. La frus­tra­tion vous dévore, le désir est votre assas­sin, alors pour tuer la douleur vous êtes dis­posé à pay­er. C’est inhu­main, obscène et mon­strueux, pour­tant c’est désor­mais insti­tu­tion­nel dans un con­sor­tium qui s’est déguisé en « démoc­ra­tie ». Les droits de l’homme si vous payez l’addition.

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Le sens de l’horloge est car­ré­ment inver­sé. La cause des femmes m’est impor­tante, pour­tant les jeunes femmes d’aujourd’hui sont à l’antithèse des valeurs féministes.

De nos jours, les jeunes femmes par­ticipent active­ment à la vénal­ité lucra­tive de la société machiste « dom­i­nante ». En effet on nous incite à avancer (courir) de plus en plus vite, tou­jours trop même, à l’extrême. Il faut Twit­ter à gogo et lik­er à volon­té sans respirer.

Les nanas pensent détenir le « pou­voir » mais elles sont com­plices de leurs pro­pres cap­tiv­ités. Elles val­orisent leur beauté comme argu­ments de ventes, elles s’enferment dans le nar­cis­sisme à out­rance des réseaux « uri­noirs » soci­aux. Des self­ies par-ci et des self­ies par-là, tou­jours mon­tr­er chaque geste, chaque breuvage, bien­tôt quoi ?… Des self­ies de chaque pipi, des sto­ries de chaque caca, bio bifidus ?!…

Avec les exem­ples médi­a­tiques d’aujourd’hui com­ment voulez-vous que les jeunes ne soient pas déréglés. On leur bal­ance à out­rance des Gogols en mail­lot de bain faisant les kékés au bord de la piscine et s’insultant en imag­i­nant qu’ils sont Boo­ba et Kaaris lorsqu’ils se sont bas­ton­nés le pif à l’aéroport Roissy-Charles-De-Gaulle.

De plus ces tri­mards ne font que filmer toutes leurs bêtis­es sur les uri­noirs soci­aux afin de matra­quer vio­lem­ment la pro­pa­gande « lavage de cerveau » pour les ados, his­toire de pré­par­er la dégénéres­cence des gens et mieux faire gob­er les inep­ties des politiques.

Plus vous êtes cons, plus vous trou­vez logique et sain de vous faire sodomiser au chalumeau.

On décou­vre que les filles se figent dans le virtuel, qu’elles s’enferment et marchan­dent leurs mag­nif­i­cences, ain­si qu’elles mon­nayent leurs cœurs.

Aupar­a­vant les Spice Girls étaient un mes­sage socié­tal opti­miste, posi­tif et apaisant. Elles mon­traient aux jeunes filles qu’elles peu­vent être super et nor­males, avoir du car­ac­tère et rester elles-mêmes sans con­céder à des arti­fices de mode, fash­ion bran­lettes bour­geois machistes supré­ma­tistes. Les Spice Girls revendi­quaient un cer­tain « Girl Power ».

En effet ce cri de « guerre » était un reflet d’humanité, c’est-à-dire l’égalité de tous êtres.

Mais égale­ment que l’amour, la sen­su­al­ité, la com­plic­ité, etc. Tout le monde y a droit.

Si vous êtes un garçon bien inten­tion­né, vous êtes une per­son­ne digne d’aimer celle qui tient en haleine votre cœur et vos désirs depuis tou­jours. Mais ça c’était avant Mee­Too.

Doré­na­vant lorsque les femmes cri­ent « Girl Pow­er » c’est avec rage et haine fas­cistes. Dans leurs bouch­es règne le racisme des mecs hétéros. « Girl Pow­er »comme la croix gam­mée pour brûler du mec. « Girl Pow­er » pour sig­ni­fi­er que tous les hommes sont des sales bites à détru­ire. « Girl Pow­er » pour attach­er sur un bûch­er Insta­gram tous les gars hétéros qui sont timides et qui n’ont jamais pu avouer leurs sen­ti­ments à l’égard des tourterelles qui hantent leurs désirs amoureux, elles les attachent et elles les cra­ment en osmoses orgiaque tout en fil­mant le mas­sacre sur leurs sto­ries des uri­noirs soci­aux avec des likes de McGowan, Johans­son, Schi­ap­pa et mul­ti­ples furies démo­ni­aques des asso­ci­a­tions LGBT+ !

Pour la p’tite anec­dote, j’étais un amoureux incon­di­tion­nel de la miss rousse des Spice Girls. Elle était un idéal à la per­fec­tion, entre ses atouts physiques si charis­ma­tiques, son vis­age ray­on­nant et si jolie, des yeux mag­nifiques et surtout une fille qui a une âme mer­veilleuse avec un humour génial.

Comme quoi je suis l’auteur d’ouvrages hor­ri­fiques, l’écrivain qui choque et qui désta­bilise les con­ve­nances et la bien­séance. Je suis écrivain et j’ai été, en 1996 – 1997, un ado­les­cent timide secrète­ment amoureux d’une Spice Girls rousse. Eh oui, eh oui.

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Une par­tic­u­lar­ité dans ce livre, vous y incluez une inter­view réal­isée par San­drine Turquier, elle-même auteur et poétesse. Pou­vez-vous revenir sur les cir­con­stances de cette inter­view? Quels ont été les moments forts et qu’en avez-vous retiré?

Réponse : Effec­tive­ment j’ai l’immense priv­ilège et l’honneur, fierté même, d’avoir pu inviter à nou­veau Mlle San­drine Turquier, ma chère et ten­dre sœur d’écritures. Elle-même m’appelle son frère d’écritures.

Nous avons fait con­nais­sance via Face­book, au départ, puis nous sommes devenus amis. Je l’ai sol­lic­ité en 2019 pour être en Guest, avec l’écrivaine Régine Fournon-Gohi­er, dans mon 16e ouvrage inti­t­ulé « 666 Nuances de Brais­es ». San­drine a tout de suite accep­té, elle a com­posé et apporté sa mag­nifique plume sur huit poèmes, huit pros­es soulig­nant l’aperçu du pro­tag­o­niste nar­ratif de cet ouvrage-là.

Nous avons beau­coup cor­re­spon­du avec San­drine, on ne s’est pas encore ren­con­trés physique­ment (j’espère bien­tôt, croi­sons les doigts).

Cela fai­sait longtemps que j’espérais entre­pren­dre une con­ver­sa­tion écrite avec San­drine et me per­me­t­tre de pro­longer mon ressen­ti et mes émo­tions incom­pris­es vis-à-vis de la gent fémi­nine. Lorsque mon précé­dent ouvrage « Mort Sûre d’Amours » est paru, j’ai trans­mis à San­drine un exem­plaire. Celle-ci m’a autorisé à démar­rer un pro­jet d’interview pour la pro­mo de ce précé­dent livre, et nous avons pu débat­tre des thèmes me ten­ant à cœur (même me ten­ant à culs féminins lol).

J’ai entre­pris l’écriture des répons­es, alors que j’étais encore pataud pour revivre à fond l’inspiration. Grâce à l’interview de San­drine Turquier, j’ai réveil­lé ma plume et j’ai écrit au début et à la fin des trois semaines d’écritures de répons­es pour ce pro­jet, j’ai écrit deux textes du nou­veau livre « l’Enfer-Me-Ment » inti­t­ulé « Austère monastère » et « Bal masqué des pas­sions ». San­drine m’a per­mis de décou­vrir les œuvres de Jérôme Bosch (pein­tre fla­mand) et Arthur Schopen­hauer (écrivain philosophe). Et j’ai com­mencé à moderniser/simplifier la mise en page des para­graphes dans mes textes, ain­si que d’améliorer ma plume. Cette inter­view m’a été très béné­fique et salu­taire pour faire grandir et évoluer mon écri­t­ure. Comme quoi, les inter­views, activ­ités lit­téraires ça aide à amélior­er son art.

Mer­ci infin­i­ment chère sœur d’écritures San­drine Turquier et M. S. De Sher­atan.

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Vin­cent Blénet, une dernière ques­tion; cet enfer­me­ment que nous venons de vivre depuis deux ans sem­ble touch­er à sa fin. Com­ment voyez-vous la « reprise »?

Vin­cent Blénet : En ce qui con­cerne la poli­tique et son chef de zozos déglin­gués, je ne peux argu­menter davan­tage si je souhaite éviter de me faire lynch­er ou flinguer dans les marches.

Pour le reste, ma part per­son­nelle, j’ai encore plus l’envie de vivre et de préserv­er mon entourage. Je veux vivre, prof­iter un max­i­mum de ma vie, écrire encore plus et revivre des activ­ités lit­téraires à fond. Respir­er, surtout respir­er, même si c’est du soufre, RESPIRER…

Sinon je me sens pes­simiste vis-à-vis de l’époque en cours. La moder­nité est à présent déviance, dégénéra­tion, déca­dence majeure, bref tout est laid. Les mœurs, la cul­ture, les normes, ses codes, les con­ver­sa­tions. Je me fais sûre­ment vieux jeu, vieux chnoque sénile, mais vous con­vien­drez en vous doc­u­men­tant sur com­ment c’était (tout) dans les années 90, même 2002 – 2003, et avec le par­al­lèle orageux et bor­délique des con­ve­nances d’aujourd’hui : tout est moche, hideux, laid et vulgaire.

Les deux années de pandémie, je les ai subies, vrai­ment lour­de­ment, et j’ai frôlé la folie et des pul­sions mor­tifères. J’ai batail­lé comme un dingue con­tre mon cerveau, con­tre mes psy­choses, con­tre ma schiz­o­phrénie para­noïaque, etc. J’ai été en dépres­sion très grave et très violente.

Ça m’a per­tur­bé et j’ai quelques sec­ouss­es en place. Ma con­science rationnelle est endom­magée. Ça me fait défaut dans ma vie quo­ti­di­enne et cela déforme mes juge­ments, encore pire qu’auparavant. Déjà l’enfermement psy­chologique, psy­chique, l’isolement lit­téraire et autres. Ajouté à cela un état très dépres­sif avec des sen­ti­ments amoureux où je me suis détru­it intérieure­ment. Les jeunes femmes dont j’étais amoureux me haïssent sans rai­son et gra­tu­ite­ment. J’ai énor­mé­ment lut­té con­tre moi-même afin d’éviter de me tuer.

J’avais une folle envie de me sui­cider pour sor­tir de toute cette atmo­sphère assez chao­tique et mor­tifère. Ça n’était pas les microbes qui m’étaient nocifs mais les exi­gences dic­ta­to­ri­ales des zozos « gou­verne-men­taux ». Je deve­nais de plus en plus fou et je flir­tais dans une ivresse mal­saine de m’autodétruire.

Lorsque vous-même vous vous sen­tez incar­céré dans une prison où il n’y a pas d’issue et que vous la subis­sez lour­de­ment. Si en plus on vous assigne à rési­dence, sans oxygène (psy­chique­ment et réelle­ment). Si on vous impose de suiv­re des con­signes qui sont iden­tiques à vos anci­ennes patholo­gies schiz­o­phréniques, lesquelles vous ont fait intern­er dans un mouroir psy­chi­a­trique à l’âge de seize ans et que vous avez com­bat­tu par vous-même les trou­bles du com­porte­ment vio­lent et pathologique.

Tout ça pour obéir à un con­nard qui vous ordonne de revenir en arrière et bousiller tous vos efforts et vos pro­grès de guéri­son dure­ment acquis. Oui effec­tive­ment vous êtes un per­tur­ba­teur et un « com­plo­tiste » de la République.

Deux ans de dépres­sion, deux ans de pul­sions mor­tifères, sui­cidaires. Deux ans à aimer, à désir­er une fille qui vous a détru­it et qui vous hait de toutes ses forces.

Aujourd’hui je veux écrire et surtout j’ai envie de vivre. Vivre à pleine mesure mon écri­t­ure et ma vie.

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Vin­cent Blénet, mer­ci pour vos réponses.

Vin­cent Blénet : Mer­ci à vous, mer­ci à tous. Vive l’écriture.

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