Dernière modification le 5 novembre 2022 par La Compagnie Littéraire

Rencontre avec celui qu’on nomme « l’Archimandrite Ténébreux », à l’occasion de sa nouvelle parution aux éditions La Compagnie Littéraire. Pour son dix-septième livre l’auteur répond aux questions de Monique Rault.

La Compagnie Littéraire : Vincent Blénet, bonjour. Dans quelques mois va paraître à La Compagnie Littéraire votre dernier ouvrage intitulé « Mort sûre d’amours », ouvrage que vous présentez comme une sorte de biographie. Même si vous parlez de vous-même, vous le faites avec la distanciation de l’écrivain vis-à-vis de son « héros » (L’Archimandrite ténébreux ?), ce qui m’amène à ne pas employer le terme d’autobiographie. Alors, la première question qui s’impose à nous : de qui voulez-vous faire ici la biographie, en fait ?

Vincent Blénet : Bonjour Monique et merci à toute l’équipe de la Compagnie Littéraire. Je suis très heureux d’avoir à nouveau l’opportunité de parler et présenter mon nouveau livre et je vous suis très reconnaissant d’être à nouveau publié par vous. Je remercie aussi fortement ma maman qui me soutient et m’aide à financer l’aboutissement de ce nouveau travail. Ma mère m’a toujours permis d’être publié et d’avoir cette chance incroyable de pouvoir me définir en tant qu’écrivain, en tant qu’auteur, artiste.

Tout d’abord il est question d’un livre à plusieurs étapes et plusieurs « histoires » tout en canalisant un esprit thématique commun. Ce dix-septième livre est à la fois un recueil de ressentis philosophiques basés les émotions humaines. Il y a certains textes dont le sujet traite de la peur ou du sentiment que j’ai acquis en m’échappant de l’humanité, ce qui n’est pas une louange, bien au contraire. En fait ce premier texte j’ai souhaité en faire un témoignage philo sur cette émotion qui pleure son non-sens, un sentiment d’exclusion et de déshumanisation qu’on peut traverser lorsqu’on est chassé de la vie humaine par le système et par les gens jusqu’à en devenir un professionnel du cynisme et du pessimisme au quotidien. Quant au sujet sur la peur, j’ai essayé de retranscrire en me basant de ma propre expérience d’enfant terrifié et rongé par toutes les frayeurs, les cauchemars, etc. tout cela qui a dicté mes angoisses. Lesquelles ont impacté ma raison et les troubles comportementaux accentuant la schizophrénie dont je souffre. Mais aussi une pathologie borderline et des psychoses influençant les « bizarreries » et les T.O.C. qui sont les aspects visibles « inquiétants » et paradoxalement « aphrodisiaquement jouissifs » pour enjouer l’ordonnance des psychiatres lorsqu’ils veulent égorger l’âme d’un gamin de seize ans à travers des tortures psychiques, enfermé dans une cellule quasi vide, et vidée d’humanité.

Ce nouveau livre est le nouveau chapitre de mon cheminement dans l’existence. J’ai cherché à retranscrire cette humanité cabossée, malmenée et progressivement en disparition, qui se doit de parcourir la vie dans une survivance à la fois dépitée et dans un mental guerrier nihiliste. La plupart du temps (en fait très souvent), je me sens comme dans une guerre des tranchées lorsque je côtoie les gens, parce que je me sens incompris et mal à l’aise, voire un ennemi de ces « normaux ». Et aussi la vie autour des autres est pour moi comme une guerre du Vietnam dans la symbolique où je dois avancer vers le front en totale confusion de là où je me dirige. La peur paralyse mes gestes, mes choix et mon approche « séductrice » avec les jeunes femmes, surtout tétanisé et persuadé de mon échec par avance, ce qui me pousse à abdiquer d’emblée, car depuis tous les commentaires dégradants que les filles m’ont jeté froidement au visage, je n’essaie plus d’entreprendre un dialogue parce que je suis maladivement convaincu d’être rejeté par elles.

L’autre partie du livre est un mini roman, comme je l’avais fait pour « Gazhell ». Mais cette fois il est question d’un ange anonyme qui vit en Enfer et qui y « travaille » en tant que forçat du Ciel. Un Éden gouvernemental et prétentieux, plein d’arrogance et de son plaisir sadique. Cette partie romancée a été écrite pendant l’entre-deux confinements. Je me suis inspiré de l’exagération folle des jeunes faisant la fête et les excès en tous genres dans le centre-ville de Montpellier. J’ai également cherché à retranscrire ma frustration sensuelle, voire sexuelle lorsque la « famine » me dévore la pensée, alors qu’il y a un étalage massivement tentateur par le spectacle de toutes ces si belles jouvencelles traversant les places publiques, légèrement vêtues et aux bras de malandrins analphabètes, assez narquois d’exhiber leurs dulcinées de la soirée devant ceux qui souffrent de n’être jamais effleurés par ces belles. Dans cette partie romancée j’ai aussi voulu retranscrire, avec des exemples métaphoriques, d’épouvantes sociétales et moyenâgeuses le comportement ultra arbitraire et sécuritaire de l’état vis-à-vis de la crise sanitaire.

Vincent Blénet et son ouvrage Gazhell.

Pour la partie romancée, elle traite d’un enfer où être sensible est un fardeau. Je traite du confinement, des incohérences logiques sur l’attitude des gens et des décideurs dans la pandémie. Et j’évoque la souffrance de la frustration avec les filles, mais aussi de l’absence de vie lorsqu’on est empoigné par différentes formes de précarités. La nouveauté dans ce long passage du livre est que j’ai voulu retranscrire avec des images mystiques et fantastiques la plupart des crises de nerfs qu’il m’arrive d’avoir régulièrement dans mon quotidien, j’ai cherché à peindre un portrait d’un être « piégé » par lui-même sous l’incitation d’interprétation de l’attitude et des privilèges des « humains normaux » qui dansent avec arrogance dans un paradis d’Éden VIP réservé à un sérail élitiste et méprisant.

La troisième partie de ce recueil est approximativement l’ensemble des lyrics que nous avons chantés et enregistrés avec l’artiste ExorVI pour notre projet musical (on peut dire aussi expérimental) intitulé « DHELLBOR ». Nous nous sommes inspirés et nous avons enregistré nos morceaux progressivement sur deux années. On écrivait nos partitions chacun et on enregistrait nos voix sur nos téléphones portables, ExorVI récupérait les sessions et mixait sur son portable avec un « logiciel » de montage audio pour donner un ensemble proche de nos univers respectifs. Le projet « DHELLBOR » est un concept pour illustrer deux personnalités distinctes qui peuvent faire alliance afin de dépeindre les travers d’une société axée sur le capitalisme excessif et sur les hypocrisies humaines et du paraître. La plupart des lyrics s’inspiraient de réflexions qu’on avait dans nos conversations. Nous avons au départ écrit des chansons sur les Sept Péchés Capitaux, en incluant les notions du quotidien et des choses de la vie, dans une interprétation différée des Péchés religieux. Par exemple celle sur l’envie fut traitée dans un aspect de positivité, l’envie d’être, d’exister et l’envie de faire des choses. D’où mes lyrics où j’ai écrit : « We exists, we exprim. We’re Artists, We’re not pseudonyms ». Et ExorVI qui a adoré, l’a même incorporé dans ses lyrics en français et ça a donné le refrain de ce titre. Ça donne : « Nous existons. Nous nous exprimons. Nous sommes artistes. Nous ne sommes pas pseudonymes ! ».

Pour ce qui est de l’ordre « chronologique » des lyrics, au départ j’ai récupéré au fur et à mesure l’intégralité des lyrics que nous avions gardés dans nos archives et j’ai placés méticuleusement, point par point, en affinant la présentation distincte de notre écriture chacun, même s’il a rédigé en français et moi en anglais. J’ai eu l’idée de présenter ce chapitre sur « DHELLBOR » comme la vie d’une personne qui traverse un passage à vide, voire dépressif, et qui au fur et à mesure des sentiments va reprendre goût et se relever pour recréer de nouveau et s’en sortir plus fort et grandi de cette épreuve. Et à la base « DHELLBOR » c’est le mot « bordel » à l’envers (verlan) et j’ai dit à ExorVI d’ajouter un « H » pour illustrer l’enfer, enfer de la société moderne qui part en dégringolade bordélique. J’en ai profité pour ajouter ma contribution perso et artistique au nom de notre projet et notre duo atypique.

Chacun de mes livres représente une étape de ma vie, une traversée dans mon état d’esprit en lien avec les différentes obsessions qui me travaillent, qui me perturbent ou qui hantent mes aspirations et mes inspirations. Ce dix-septième recueil marque une étape importante de mon écriture et de ma personnalité actuelle. Le titre d’ailleurs reflète la nostalgie romantique passée, mais aussi l’envie de vivre, de survivre et d’espérer être heureux. Le jeu de mots utilisé est très symbolique de mon parcours, on voit au premier abord la morsure de l’amour et de la vie. Cette morsure blesse, mais également passionne. On pourrait voir en second plan le témoignage des deuils que j’ai traversés et aussi comment l’amour m’a tué trop de fois. Ensuite la symbolique de mon nouveau titre fait écho aux nombreuses scarifications que je me suis faites sur mes deux bras en l’espace de ces dix années subies. Lorsque j’ai tailladé mes bras, la signification était une défiance ostentatoire à l’existence, cette vie qui me refuse de vivre. Mais également un tatouage gratuit, une illustration chaotique d’horreur de l’âme où les gens m’ont poussé, poussé dans ce désespoir et cette amertume neurasthénique. J’illustrais de manière effrayante la façon dont les évènements de ma vie ont façonné cette créature qui s’est forgée en moi, zappant l’innocent introverti et effacé que j’étais. Quelque part c’est une manière discrète si je puis dire d’afficher ma réponse vis-à-vis des bourreaux de mon passé et de ceux qui font obstacle à mes émotions. Je renvoie l’horreur à l’hostilité. Comme une carapace pour faire illusion d’assurance alors que je suis assez égaré dans cette vie moderne qui a toujours l’avantage du nombre, du talion, de : « la loi de la majorité ». Dans un sens mes scarifications sont des morsures de la vie, de ses hauts d’excès et de ses bas. Avec une écriture qui se peint d’épouvante en utilisant la beauté des choses essentielles de la vie à contre-emploi, comme un miroir inversé où ce qui est doux devient marchandise et convoitise de contrebande, car sans argent ni mentalité perfide ou machiavélique, il n’y a pas de beauté des choses de la vie.

La Compagnie Littéraire L’univers que vous évoquez reprend les mêmes thèmes d’un ouvrage à l’autre, à savoir : le Ciel et l’Enfer, le Bien et le Mal, l’Ange (déchu ou non), la créature du vampire qui ne parvient ni à vivre réellement ni à mourir, puisqu’elle semble condamnée à errer et à traverser les siècles. Pourtant, on dirait que vous cherchez à montrer un chemin. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?

Vincent Blénet : Il est vrai que j’évolue comme le poisson rouge qui tourne interminablement en rond dans son bocal. Je reconnais que j’ai régulièrement tendance à « généraliser » mes « attaques » dans mes pages. Après, comme je l’ai dit, je tourne en rond constamment dans ma « prison Montpelliéraine », avec les mentalités d’ici et les actions parfois étriquées que la mouvance locale peut faire et me fait réagir, avec mes fragilités d’écorché vif, mon extrême sensibilité trop impulsive et impudique régulièrement dans l’excès et la provocation, tout ceci monopolise mes ressentis et me fait englober l’humanité toute entière dans le même sac. C’est réducteur je l’avoue, mais je suis complètement isolé, voire cloîtré dans cette ville sans possibilité (financière et autres) d’aller voir le reste du monde (déjà l’Hexagone ça serait tiptop) et j’en oublie carrément qu’il y a probablement une vie plus zen ailleurs avec éventuellement une meilleure ouverture d’esprit.

C’est vrai que mon discours est trop souvent cynique et pessimiste. Je le reconnais et je ne m’en suis jamais caché. Pourtant derrière cette tribune offensante et choquante, j’ai en fait le traumatisme psychologique de toutes les chimères de mon passé que j’ai trop longtemps suivies aveuglément comme un mendiant moyenâgeux qui pourrait traverser le bûcher dans l’objectif d’acquérir la modeste pitance périmée jetée par les nobles.

Et dans mon cas ce fut les promesses et les rêves chimériques d’une vie virtuelle où lorsque j’écrivais des scénarios j’espérais quitter l’horreur de la scolarité pour devenir réalisateur de films hollywoodiens. Je m’enfermais maladivement dans ces rêves malsains afin de fuir une sombre et chaotique réalité de collèges avec son lot de tabassages gratuits et de harcèlements scolaires, plus les inconvénients qui suivirent, à savoir l’enfermement en asile psychiatrique et le combat que j’ai affronté seul avec mon propre cerveau. J’ai lutté contre mes tocs et mes phobies schizos pendant plus de 20 ans avant de mener une vie à peu près normale, dans une « norme respectable ».

Aussi lorsque que je m’enfonce dans ce trait de personnage cynique et pessimiste c’est en partie pour m’éloigner de toutes ces fausses espérances maudites qui ont saccagé ma relation père-fils et qui ont pourri pleins de moments dans ma vie, ainsi que d’aggraver mes problèmes psychologiques et psychiatriques. Plus je « conditionne » mon verbe dans le désespoir plus j’applique ce que m’ont inculqué de force les psychiatres, et les faits qui me sont tombés dessus durant tout mon parcours de vie.

À savoir « ne crois pas être sauvé ou béni, car la réalité c’est que tu dois morfler et il n’y a pas d’amour pour toi ». D’ailleurs les 4 – 5 années que j’ai vécues dans mes approches de socialisation (également et surtout pour nourrir la texture de mes livres récents « Gazhell », « Cieux FM », « De Feux et d’Encres » et « 666 Nuances de Braises », toutes ces expériences catastrophiques n’ont pas arrangé ma vision des gens et du monde. Souvent je le fais un peu trop remarquer sur mon profil Facebook en soulignant mon détachement à l’appartenance « humaine ». Je m’explique, dans le sens où si je devais me sentir encore membre des « humains » alors je ne serais pas autant châtié par l’exigence trop arbitraire et restrictive des jeunes femmes qui m’inondent de mots cruels et dégradants sur l’éventuelle possibilité d’amours nocturnes. Ensuite un « humain » quand il s’exprime, rit ou pleure, il n’est pas condamné à ressentir et il n’est pas chassé d’emblée des tribunes pour évoquer sa nature littéraire.

Pour ce qui est du personnage vampirique j’ai à titre personnel remarqué que mon subconscient émotionnel dépressif était semblable à ceux des personnages des livres de Anne Rice, notamment Louis de Entretien avec un Vampire, étouffé par les regrets, désespéré de trouver une paix salvatrice et prisonnier de la nuit sans espoir ni échappatoire, contraint à survivre dans l’enfer de l’immortalité… j’ai subi beaucoup de deuils successifs ces dernières années, j’en ai un peu allégé ma croyance religieuse (notamment ma grand-mère décédée) et le fait que je ne meurs pas, mais également j’ai vu le monde changer radicalement depuis mes jeunes années 90. Lorsque je vois l’ampleur des réseaux sociaux, de la mode, des télé-réalités et des convenances qui ont laissé entrer l’hérésie facilement sur le marché populaire. Certaines mœurs auraient défrayé la chronique autrefois, mais de nos jours certaines choses sont monnaie courante et je regarde l’évolution se déliter, se décrépir et se dégrader de plus en plus, comme si nous descendions un escalier vers le bas, nivellement par le bas… Pour moi les jours se répètent et n’en finissent plus, je suis un peu trop conscient d’être empiété dans le reflet du reflet du reflet d’un miroir qui n’a plus d’âme. Quelque part c’est une routine vampirique à l’Anne Rice et je cherche une lumière qui m’est interdite.

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Alors pour ce qui est du paradoxe entre le Ciel et l’Enfer, le Bien et le Mal… mon évolution ainsi que mon parcours furent bizutés par l’atrocité des choses qui ont infligé à mon esprit de contredire psychologiquement l’interprétation que mon cerveau doit comprendre des évènements. Si je suis outrancier, impudique, etc. en fait ce qui est normal chez vous est impossible chez moi, voire prohibé, inenvisageable à m’accorder. Tout ce qui est horrible pour vous c’est ce que j’ai subi tout le temps, j’ai été trop confronté à l’horreur et au chaos. Je tutoie trop souvent le cauchemardesque et non le rêve ensoleillé. D’où mon exclusion à « l’humain ». J’ai été très marqué dans mon enfance par le film de Josiane Balasko « ma vie est un enfer », cette œuvre a perturbé ma vision positive du Ciel et a court-circuité la notion d’amour de Dieu à mon égard. Je perçois la vie et le monde qui m’entoure comme un vaste enfer interminable où je suis incarcéré, et la vue des autres, ces « humains » qui flirtent et qui savourent l’extase sensuelle avec elles. Toute cette vie qui existe et ces artistes qu’on prend en considération, qu’on interviewe et dont on respecte l’ivresse créative, besoin d’exprimer, etc. tout cet amour des Cieux pour eux et toute cette indulgence envers eux, pendant que les « normaux » me tyrannisent à chacun de mes pas et décortiquent chacun de mes gestes pour me blâmer inlassablement. Les autres, les gens, ces « humains » je les vois comme des privilégiés qui dansent dans le bal d’Eden et qui sont fiers de me pointer du doigt et me prouver que les joies de la vie c’est à EUX et EUX SEULS que Dieu les a offerts. J’ai tendance à me personnaliser dans mes textes comme un ange qui brûle et qui s’enivre dans sa folie à jouir de sa colère à défaut de ne pas jouir dans une jouvencelle. Comme un angelot que l’existence a considéré tel un monstre dégoûtant et révulsant à abattre sans pitié.

Enfant, perdu dans les tranchées des cours de récré où les autres gosses me bousillaient avec sadisme gratuit et sous l’absolution des profs. Ces derniers firent un rapport à la justice pour forcer ma mère à m’interner sous peine de lui retirer ma garde. D’ailleurs le proviseur, qui défendait un gamin qui tentait de me démolir en plein cours de classe parce que ça l’amusait, comme ça, et aussi parce que j’ai osé répondre timidement à ses mots d’insultes, le proviseur me convoque et me dit « dis-moi que ta mère te bat sinon c’est moi qui fais un rapport et tu finis à l’asile des fous ». Déjà c’est une bonne raison de voir le mal dans le bien puisqu’ils sont censés protéger un gosse et au final ils me menacent d’enfermement et de bousiller ma maman.

La Compagnie Littéraire Votre écriture est très particulière et oblige le lecteur à lâcher prise avec le rationnel. En avez-vous conscience ?

Vincent Blénet : Je peux écrire et retranscrire l’épouvante sur des sujets qui sembleraient être anodins pour beaucoup de personnes lambda, comme parcourir un centre commercial. Mais avec la frustration, la souffrance des sens tous affolés par le désir et affectés par la fatalité de résilience devant le refus et l’exclusion éternelle. Aucune émotion ne peut être considérée, rangée, définie avec le rationnel. La passion est une folie, positive ou négative, peu importe mais elle anime nos joies et nos peines. Évidemment si vous lisez les classiques commerciaux, là la prose littéraire est conforme à être classée et rangée dans un schéma bien précis. La société moderne a tendance à tout étiqueter, tout cloisonner (mode, personnalité, attitude, art, musique) dans des catégories bien établies et avec des mœurs bien lissées, tout propre et sans originalité. Une société trop propre et trop conformiste c’est une société de robots. C’est justement le p’tit grain de folie, la petite tache salissante qui peut donner une beauté artistique, comme un souvenir. On dit bien qu’on laisse une trace dans le temps ou dans l’histoire, non ?!

Vincent Blénet à l’événement “Dites-le avec un livre”.

C’est très jouissif d’arriver à purger son mal-être ainsi que sa violence intérieure par le biais de la fiction (symbolique, symbiotique, représentative) d’épouvante dans son récit d’écriture. Et cela dans l’objectif d’exorciser l’immense suffocation journalière que je peux encaisser, traversé, comme survivre dans un champ de guerre. Pour moi tous les jours se réitèrent, ils sont fades, vides et sans vie. Je sors de mon stalag (domicile), je sors tourner en rond dans mon bocal neurasthénique (la cour de promenade de ma prison), et j’essaie de dissimuler la difficulté d’être au milieu des « normaux » (lesquels me dévisagent avec médisance), d’ailleurs lorsque je quitte mon blocus dehors il y a moi et eux, et eux les « humains normaux » ils sont mes ennemis, je ne les vois pas comme mes congénères, mais comme mes accusateurs, les farfadets joyeux de pisser leur haine sur les écorchés vifs de ma sous-espèce. Alors mon écriture devient cynique, acide, incisive et reflet d’un monde apocalyptique. Après il faut reconnaître que la réalité aux infos et dans les mœurs sociales ne sont pas très loin du déclin et de l’inhumain. Donc j’observe, je souffre et quand j’y parviens je retranscris l’horreur, parce que « l’horreur est humaine », l’enfer-me-ment dans une vie qui « deal et tente ».

La Compagnie Littéraire : Vous utilisez un style métaphorique qui semble faire partie de votre mode de pensée, et vous en jouez pour évoquer sans réserve fantasmes et obsessions. Avez-vous toujours écrit de cette façon ? Et pourquoi ce choix, si tant est que ce soit un choix ?

Vincent Blénet : Avec ma pathologie, j’ai mes pensées qui se télescopent dans tous les sens. Mon imaginaire s’intercale avec les évènements crus de la réalité. Parfois je passe mon temps dans l’observation de la vie au lieu de prendre part à la vie. Souvent comme je suis plus dans l’analyse et dans le déchiffrage des codes sociaux, décryptage des gestes à adopter sur chaque circonstance de l’existence, plutôt que de tenter le grand saut dans la marmite de la vie, je décortique tout et rien puis j’essaie d’illustrer mes réflexions, pensées, ressentis (en combinant les crises, l’envie frustrée du désir avec les femmes ainsi que l’imaginaire visuel de mon mode « ésotérique » peuplé d’anges).

La plupart du temps je regarde le « sous-texte » des évènements et des gens, je suis comme un « technicien » de scène de théâtre, celui qui est dans l’ombre tout en haut de la scène et qui voit tout ce qui se trame. Il sait que tout est faux et il n’est que l’outil du bon fonctionnement de la commedia dell’arte. Il observe et écoute chaque cercle, que ce soit la pièce du soir ou les coulisses, mais également les réunions d’organisation techniques ou les frivolités libertines qui se trament en discrétion dans les loges, s’il sait pour les partouzes c’est parce qu’il est missionné par les comédiens pour subvenir leurs addictions capricieuses à toutes substances chimiques illicites.

Même si j’ai tendance à réitérer l’ambiance de mes textes, j’ai depuis mes dix-sept ouvrages fait grandir ma plume, elle a pu mûrir progressivement. Je pense que, même si j’ai le souci d’être encore hanté, traqué, par mon passé, j’ai pu un peu « avancer » dans la vie et ça se ressent dans mon écriture. On peut le remarquer dans les fictions où les anges n’étaient que perchés dans des églises ou des cimetières à pleurer la romance impossible envers une mortelle, ils restaient attristés et immobiles. Depuis « Cieux FM », j’ai commencé à explorer davantage les plaines et contrées des royaumes parallèles à travers mon imaginaire. J’ai délesté la soutane littéraire afin d’être plus en phase avec l’écrivain qui observe et retranscrit. J’ai cherché à transposer la vie humaine de tous les jours dans un contexte « fictif » entre paradis et enfer. Comme une société parallèle qui s’active. Aussi chaque livre paru depuis 2015 a évoqué des expériences avec des professions réelles, comme dans « De Feux et d’Encres » où j’ai fait le portrait des agents de sécurités en boîtes de nuit, en m’inspirant de deux années passées avec des amis portiers (c’est l’adjectif pour désigner la profession). D’ailleurs ça a bien matché avec le protagoniste de ce livre puisqu’il s’agissait de l’Archange St Michel, lequel est posté en permanence devant les portes sacrées du Ciel, prêt à en découdre lorsqu’un frauduleur d’en bas tenterait de passer illicitement dans l’Éden.

J’ai développé sur mes derniers livres une écriture multiple, une part de visuel fantastique, de spiritualité philosophique, de prose poétique et d’épouvante sociétale. J’ai longtemps été perçu comme quelqu’un de « glauque » ainsi qu’à travers mes écrits alors que j’écrivais un « rapport » des situations que je traversais. Maintenant, depuis « De Feux et d’Encres »et « 666 Nuances de Braises » et surtout « Mort Sûre d’Amours », j’ai retranscrit avec l’aide de la fiction et de mes blessures d’âme, des nouvelles qui s’approchent de romans d’épouvante. Mais c’est une épouvante particulière, car je me sers du désespoir et des jolies choses de la vie qui me sont bannis, pour mieux en peindre l’effet contraire, la vision cauchemardesque qu’il en découle lorsqu’on est catalogué de « monstre, abomination de la création ». La fatalité chaotique de l’existence mêlée avec les perversions modernes zigzaguant dans la société de consommation d’aujourd’hui, tout cela donne naissance à une réflexion d’horreur sociale, cette écriture se définit dans l’épouvante et j’espère que cette écriture interpelle le lecteur à mieux comprendre et voir comment la vie est ressentie quand on n’en est exclu et qu’on n’a jamais respiré les droits humains fondamentaux.

La Compagnie Littéraire : Vos propos sont parfois très crus, mais la poésie qui se dégage de vos ouvrages emporte l’adhésion des lecteurs. On dirait qu’il s’agit d’un cri qui veut se faire entendre pour exprimer une souffrance que vous souhaitez en même temps partager et museler. Quels commentaires vous inspire ce paradoxe ?

Vincent Blénet : J’ai effectivement deux visages d’expressions, comme deux cordes bien distinctes à mon arc. La partie poète que j’entretiens dans mes livres m’est précieuse dans l’objectif d’être fidèle et élève à la fois des grandes littératures des années 1800 et 1900. J’aimerais être un digne élève de Baudelaire, Shakespeare, William Blake et tant d’autres belles plumes de l’époque. J’aime la poésie, tant dans l’aspect charmeur et romantique pour plaire aux femmes et aux jeunes femmes, mais aussi parce qu’il me tient à cœur de pratiquer dans mon écriture cette excellence littéraire, riche tradition et héritage culturel qui a marqué l’Histoire. L’écriture est arrivée dans ma vie comme un merveilleux don, une chance et une issue salutaire de ma triste vie. Je n’aurais jamais pu penser être un auteur de dix-sept livres publiés lorsque j’étais plus jeune, effacé et introverti. Je n’ai fait aucune étude poussée, ni de licence littéraire majeure. Je lis très peu de grands romans, je m’inspire des situations de vie, de mes pensées, de mes réflexions et analyses, de mes angoisses, mes colères et diverses crises de folie du centre-ville. Bien entendu les films ont aidé mon imaginaire, mais les paroles de chansons également. J’ai travaillé l’élaboration de mon écriture progressivement, dans les conversations, dans les corrections de mes textes avec ma mère. Maman était directrice commerciale, elle est très forte dans la formulation de lettres, documents professionnels, donc à son contact lors des corrections, elle m’a transmis un peu au fur et à mesure le sens et l’impact des formulations de phrases.

J’ai écouté quelques interviews d’Amélie Nothomb, je respecte cette personne et j’avoue je « jalouse » avec modestie sa capacité d’être foisonnante de page et d’écriture sans peur des silences qui me traumatisent dans mes doutes, mes peurs et donc mes blocages psychologiques (T.O.C.). je suis indigné qu’on la fasse passer pour un caractère excentrique et sujet à moquerie. Dans ses interviews, elle dit qu’un écrivain se doit d’être un profond lecteur. Pourtant je suis écrivain et je ne lis presque pas. D’abord à cause de mon problème de déficit d’attention, mon problème de connexion et cadrage de mes pensées, tous azimuts. Ça me pose souci pour parvenir à mieux me plonger dans un roman. Je trouve que cela permet à titre personnel de remettre en question le système tyrannique des institutions scolaires et académiques. Même moi je n’en reviens pas d’être arrivé à composer dix-sept ouvrages littéraires sans être passé sur les bancs des facultés, et pourtant j’ai prouvé que sans l’éducation traditionnelle obligatoire, on peut devenir artiste, on peut se cultiver par ses propres moyens, j’ai prouvé qu’on n’est pas forcé d’accomplir, avec les félicitations d’un jury parfois trop sectaire et élitiste, des hordes de diplômes universitaires pour écrire et retranscrire son être dans des œuvres artistiques, littéraires (ce qui est mon cas). J’ai prouvé que si on vous rabâche que vous êtes un cancre à l’école et que le système vous ressasse que vous n’avez pas d’issue autre que la misère et la précarité. Tout cela est FAUX !!! Il est possible de s’en sortir et d’apprendre par soi-même, il est possible de se cultiver et d’être un artiste ou un écrivain même si vous n’êtes pas issu d’Oxford ou Prinston, ou encore Yale et Harvard.

Le problème de la société est qu’elle enseigne à réitérer les manuels à l’identique des énoncés, mais les profs n’encouragent pas les jeunes à se servir de leurs cerveaux, ni à se débrouiller pour plus d’autonomie. Mais le plus grave c’est que les écoles, collèges, facs et universités prônent l’ambition et la réussite financière, quitte à encourager l’hypocrisie, le fayotage et l’obéissance aveugle vers une obsolescence de vie déjà toute tracée, sans prendre en compte qu’on ne détient qu’une fois, une seule fois le don de vivre et de découvrir les choses de l’existence.

L’école prépare les enfants à se taire et à faire des devoirs pour obtenir de bons résultats, puis des diplômes qui faciliteront des postes de PDG intransigeants, avides d’argent au point (probabilité de plus en plus commune) de tuer et détruire ceux qui empêcheraient la réussite ambitieuse croissante au sein d’une caste bourgeoise qualifiée de puissants et dont les services sont multipliés et réservés à ceux qui payent. Déjà la mentalité sent le moisi, mais le système aime les winners et bousille les loosers (au lieu de les soutenir), d’où mes références au nazisme et à l’aryanisme dans la société de consommation moderne. Les publicités ne mettent en avant que des « gens » bien lissés, bien propres et sveltes pour faire « rêver » et donner envie d’acheter leurs réclames, faire vendre du mensonge et du mensonge élitiste, jamais vous ne verrez un homme corpulent emballer une jolie princesse, c’est toujours un modèle de couple stéréotypés qui va servir d’arguments commerciaux. Et il en est de même avec les métissages ethniques, depuis récemment on peut voir dans les pubs que les modèles de couples sont toujours un homme noir et une fille caucasienne. Doit-on y voir une campagne de conditionnement à inciter les jeunes femmes de s’unir uniquement qu’avec des hommes de couleur ? (et toujours des beaux gosses aux sourires dentifrices), mais jamais avec un homme qui serait un peu moins dans le moule fantasmé d’une société trop axée sur les distinctions hiérarchiques des personnalités à part ?…

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C’est souvent face à ces paradoxes que j’utilise ma deuxième facette, celle de la provocation trash. Mes citations métaphoriques sont plus actuelles, plus contemporaines et d’un humour cinglant. Mes mots deviennent crus et je choque facilement. Alors en premier lieu, j’ai ce besoin d’exprimer cette part de trash en moi, j’ai ce besoin de choquer, de provoquer et d’aligner la pudeur stoïque de mes adver-locuteurs. C’est en partie suite à toute mon enfance, mon adolescence et à toute cette part de moi qui s’est toujours laissé faire face aux autres, face aux quolibets, face aux souffrances, aux humiliations, aux psychiatres et j’en passe. Cette mini explosion verbale exorcise ce trop-plein de colère dissimulé de mon passé, défrayer la stupeur des autres me donne un sentiment de sécurité devant le monde de tous les jours qui m’est presque inconnu puisque j’ai débarqué dans le monde des vivants en 2015 et je n’ai rien compris à leurs codes puisqu’auparavant j’étais dans des épreuves qui sont étrangères aux « normaux », aux « humains », mais familière aux « damnés », aux « scarifiés », etc.

Après lorsqu’il s’agit de débattre et d’exposer ma pensée lorsqu’il y a conflit philosophique, mes mots vont être crus, obscènes, orduriers, mais j’utilise des exemples basiques et « sales » afin de mieux faire mouche dans ma plaidoirie. Aujourd’hui le monde n’est qu’un tribunal où il faut contre-attaquer et contrecarrer le procureur, l’avocat général et tout le toutim si vous souhaitez vivre en paix et harmonie en étant vous-même, sans que l’on vous accuse de tout et de rien, puisque la société fait comme Mr Zola (mais dans un schéma inverse) elle « ACCUSE » et elle lapide sans état d’âme et sans contrefaçon comme dirait l’autre. Alors je lacère et j’urine des pamphlets acides sur les idées toutes faites.

La Compagnie Littéraire : Ce livre a été écrit dans une période très particulière, celle du confinement du printemps 2020. Quel lien faites-vous entre l’époque et votre création littéraire ?

Vincent Blénet : Une grande partie de ce livre a effectivement été écrite durant l’entre-deux confinements, basiquement toute l’intrigue narrative romancée avec l’ange prisonnier esclave de l’enfer. C’est d’ailleurs cette partie où les excès, la frustration et mes crises ont guidé l’inspiration de ces textes. Lorsque les jeunes ont eu quartier libre et open-bar à volonté, j’ai pu voir la décadence dans toute sa splendeur, c’est d’ailleurs un atout si je puis dire pour mieux retranscrire l’horreur et l’épouvante sociétale à travers mes fictions.

Pour ce qui est du traumatisme que les confinements ont généré chez beaucoup d’entre nous, il y a eu un grand parallèle évocateur des stalags, blocus et extinction des feux en milieux carcéraux ou en camps concentrationnaires. J’ai revécu ce que j’ai subi en psychiatrie où lorsqu’on m’a laissé me promener dans les allées des bâtiments psys, à l’époque j’avais droit à 3 sorties par jour dans un temps court et minuté, c’est dire si maintenir l’emprise et la peur sur le sujet est un stratagème favori des bourreaux et des tyrans qui régentent votre existence. Le contexte actuel est égal aux conditions carcérales en prison ou en asile psychiatrique. Quant aux consignes sanitaires trop restrictives elles sont les mêmes, d’un point de vue borderline certes, mais néanmoins elles sont semblables aux consignes ultra carcérales sécuritaires qui sont appliquées dans les UMD de France. Une UMD c’est une unité pour malades difficiles, c’est-à-dire le mitard du mitard du mitard. Les pensionnaires des UMD sont enfermés dans des cellules, attachés par précaution, ils sortent pour se laver les dents sous surveillance et contrôlés comme à l’aéroport de peur qu’ils fassent un attentat terroriste avec une brosse à dents… plus sérieusement, en UMD après le check-point de la brosse à dents, ils mangent sur une table de 3 ou 4 puis on les remet en cellule attachés. S’ils font preuve de docilité, ils peuvent fumer une cigarette sous surveillance avant de retourner être sanglés sur le matelas dans leurs cellules. Les UMD sont la condamnation extrême, pour quitter une UMD il n’y a pas de sortie, la suite c’est d’entamer une peine de prison (évidemment on ne paye jamais assez sa dette avec les institutions). Après avoir fait un autre séjour en hôpital psychiatrique, ce n’est pas un UMD, mais un service après-vente de l’UMD.

Si en 1999 lorsque j’étais avec les psychiatres dans leurs bureaux sous l’inquisition de mes moindres gestes, pensées, émotions, tout était une arme viscérale contre moi-même, ils pouvaient me déshumaniser davantage si une de mes émotions ne leur « plaisait » pas, ils ne se gênaient pas pour me la faire payer. J’en ai pour preuve qu’ils faisaient des rapports et autres sur chaque conversation que j’avais avec les autres patients ou bien avec ma mère. D’ailleurs chacune de mes lettres écrites et envoyées à ma mère transitaient par le bureau des internes et des psys, puis ils me convoquaient d’emblée afin que je justifie chaque phrase rédigée à ma maman, sinon ça pouvait justifier une atteinte à l’ordre moral de la santé mentale. Si en 1999 j’avais tenu le discours inquiétant des politiques et des journalistes en place et au pouvoir, mais j’aurais fini en UMD directement. Le discours à l’heure actuelle est inquiétant, pas pour le virus, mais pour la dégénérescence de la logique et de la raison. La phobie paranoïaque des bactéries, les gels hydroalcooliques, les masques et tout le tintouin, tout ça c’est synonyme de pathologie psychiatrique mentale sévère. On peut être précautionneux, attentif, mais les exagérations excessives de la crise sanitaire atteignent un niveau de folie mentale effarante. Je peux le dire, car j’ai vécu auprès des fous et des cinglés en pleine psychiatrie carcérale, donc je sais de quoi je cause. La folie mentale je l’ai côtoyée, je l’ai tutoyée régulièrement, certains pourront s’en servir pour faire passer ma réflexion d’aliéné, mais je m’en moque, car la normalité ne se résume pas à une définition lissée d’un dictionnaire freudien, ni académique, il y a tant de fous dangereux que la société a mis au pouvoir, ou bien qu’elle a commercialisés en tirades décadentes pour rentabiliser le gros commerce.

La durée de cette mascarade m’a beaucoup affecté, j’ai eu des démêlés graves avec la police et même les urgences, c’est d’ailleurs la nuit dans les urgences et tout ce cirque que je décris dans la fiction appelé « dans le labyrinthe ». J’ai vu de mes yeux que les urgences n’étaient en rien blindées de cas mourants ni de panique du personnel. Par contre j’ai revécu le déclic traumatique du basculement entre l’extérieur et l’enfermement (l’enfer-me-ment) quand je suis entré dans la cellule psychiatrique lors de mes 16 ans. Un peu comme la disgrâce d’un aristocrate ou bien la chute des anges du paradis. Rien n’est plus pareil après qu’on ait basculé, qu’on soit tombé dans le gouffre aux abysses. D’ailleurs c’est à cause d’une altercation avec la police que j’ai atterri aux urgences, pour un masque non porté en centre-ville. Cela a affecté légèrement le foisonnement pour le final de mon dix-septième livre. Mais j’ai pu écrire ce qui était nécessaire à la conclusion de l’intrigue romancée du livre. Depuis je re-côtoie un peu ces quelques silences, légère panne. Je suis content d’avoir écrit des notes depuis, mais j’angoisse pour retrouver l’inspiration et repartir sur l’écriture un prochain projet de livre.

Vincent Blénet et Frédéric Candian, auteur lui aussi et rédacteur en chef du média L’ami des auteurs.

Il est urgent de faire la distinction entre la précaution vaccinale et les annulations à gogo des « activités littéraires » essentielles aux petits artistes. Nous avons besoin de nous activer et de prendre ne serait-ce que quelques bouffées d’oxygène en lien avec nos livres ou nos musiques. Ce n’est pas la culture des petits artistes qui va augmenter les risques sanitaires, mais au contraire le gouvernement est en train de nous trancher les veines violemment comme s’ils nous poussaient à ce qu’on se détruise et qu’on se flingue. Peu leur importe nos fragilités, notre bien-être, ça leur est égal. Quand bien même un génocide les arrangerait puisqu’ils pourraient refaçonner le système à leur convenance sans qu’on ait à hurler « famine ». La plupart des avis opposés ou des actes de rébellion sont mis sous silence et étouffés dans les applaudissements généraux, mais si jamais personne n’avait contesté l’ordre établi, nous serions encore au moyen-âge à croire que la terre est plate.

La Compagnie Littéraire : En avant-propos, vous écrivez : « La dépression est une amante insatiable, la vengeance est une maîtresse viscérale, la folie est une concubine coriace. » Établissez-vous une hiérarchie entre ces trois instances féminines – l’amante, la maîtresse et la concubine – et pourquoi ?

Vincent Blénet : Ces trois qualités sont à mon sens les meilleures définitions de l’amour lorsqu’on est envoûté par celle qui détient notre cœur entre ses petites mains. C’est à peu près ce que je recherche personnellement, une amante complice de nuits enlacées avec elle, mais également la maîtresse de mes rêves les plus torrides, quant à la concubine, là j’évoque la complicité amicale, tendre, affectueuse et très sensuelle. Ça c’est si j’avais le droit à vivre des jolies nuits de tendresses sexuelles avec les femmes, mais je ne suis pas autorisé à vivre et ressentir cela puisque les gens m’ont qualifié de chose immonde, de gros lard hideux et repoussant (ceux qui ont dit cela sont pour beaucoup des jeunes femmes). Alors le sens de ma phrase d’ouverture pour ce nouveau livre évoque davantage ce qui se trame dans mon âme de « refusé », de « damné ». La dépression partage sa froide couche avec mon esprit. À longueur de temps elle s’agrippe à moi telle une furie nynphomaniaque, m’entraînant vers l’ivresse autodestructrice un peu plus chaque soir. La vengeance est la maîtresse, car elle aguiche mes pulsions, mes crises de pétages de plombs. Elle séduit le désir de renvoyer à tous mes tourmenteurs toutes ces peurs et tous ces cauchemars qui ont noirci mon subconscient dans un pessimisme cynique et chronique. J’ai trop souvent l’envie de contrecarrer ce que j’étais, à savoir l’éponge absorbant les insultes, les chaos et toutes leurs haines sadomasochistes qu’ils m’ont enfoncés dans le crâne. Et pour ce qui est de la folie, je l’ai et je la tutoie si régulièrement, car je suis quelqu’un de très torturé dans ma tête, la folie est comme une épouse dont on partage le mariage et qui n’a presque plus de surprise pour nous. J’ai été déclaré fou par la société et j’en paye la sentence chaque jour en m’agenouillant, soumis à la honte que je suis et que j’inspire aux humains normaux. D’où le non-droit de faire l’amour avec de belles femmes puisque je suis un « gros », un « blanc schizophrène », je suis laid et repoussant, hideux et monstrueux, et comme dit le talion ici à Montpellier : « les gros ça ne baise pas ».

Je prends un malin plaisir « aphrodisiaque » à noircir l’image du petit enfant tout gentil et innocent que j’étais avant, il y a une éternité trop éloignée. Je prends plaisir à « salir » l’image d’innocence de l’enfant que j’étais autrefois. Mais ce n’est pas par hasard que j’égratigne et que j’entretiens ce paradoxe entre l’enfant trop effacé, si introverti et si piégé par son innocence. J’ai toujours été la proie facile, le bouc-émissaire idéal et la victime désignée pour servir de festin divertissant aux gens, aux enfants et aux charognards de psychiatres. J’ai laissé la vie me violer longuement, progressivement en profondeur jusqu’à ce que j’adhère à l’acceptation que je ne suis qu’une épave, une brochette de merdes, l’erreur de Dieu, l’horreur absolue et la chose immonde, inhumaine, l’abomination de Dieu.

J’utilise le visage de l’enfant broyé et au sourire d’ange innocent, capable d’être le pire cauchemar de la société moderne afin d’aligner les gens sur leurs offenses et sur l’accusation pour ce qu’ils m’ont infligé et dont ils n’ont aucun remords. Ma vie je la traverse comme un viol sadique. J’ai l’image d’un timide enfant fragile effacé, introverti, emmuré par la honte et le silence. Un petit garçon qui ne comprend pas pourquoi ni où il va mais tout ce qu’il voit c’est que la vie ainsi que les normaux sont ses violeurs et que l’enfant est constamment violé tout le temps. Alors j’aime effrayer, j’aime salir la pudeur des normaux, j’aime dégueulasser la beauté des choses pour eux, tous ceux-là qui m’interdisent de vivre. J’aime peindre l’enfer et l’apocalypse sur leurs plaisirs, j’aime peindre l’horreur et l’hérésie dans leurs jardins parfumés de belles odeurs commerciales.

En résumé le thème de ce dix-septième livre c’est cette humanité qui n’en est presque plus une. Un cœur brisé dans une âme cabossée par l’existence, le tout dans une société de pantins déshumanisés qui, eux, ont tous les privilèges humains sans contrepartie de payer la facture de chaque émotion ressentie. Puis, en second plan, c’est un livre qui parle d’être humain en plein confinement puis piégé dans la folie tyrannique d’une autorité dictatoriale, liberticide et illogique, jusqu’à prôner l’esclavage industrialisé comme traitement curatif à une pandémie, mais une pandémie non d’un virus, une pandémie contre la vie, la joie et l’humanité. C’est pourquoi nous mourrons sûrement d’amour. « Mort Sûre d’Amours ».

La Compagnie Littéraire : Je continue à me fonder sur vos écrits : la question récurrente semble être l’immortalité et la peur. Je vous cite : « L’immortalité peut être séduisante, cependant lorsque vous la fréquentez avec une proximité quasi conjugale, vous ressentez la froide lassitude emprisonner votre âme ». Donc l’immortalité c’est la prison à vie ?

Vincent Blénet : La vie est vécue par l’être qui la traverse ou bien qui la parcourt avec des variantes bien distinctes et singulières. Si vous traversez la vie parsemée de joie, d’équilibre psychologique et de jolies choses alors vous verrez la vie comme un merveilleux cadeau, un don précieux… Par contre, si vous traversez la vie dans une collection de malheurs, de chaos, de désastres émotionnels. Que vous ne savourez que le flirt d’avec la haine, l’autodestruction, la mort, la souffrance, la folie et la déshumanisation. Là vous ne voyez la vie que comme une prison labyrinthique et la vie vous la subissez, mais vous n’avez pas la joie enivrante d’aller chanter des louanges à la vie. Il est très évident que la vie vous la haïssez, vous aimeriez la défier, la provoquer dans l’ivresse autodestructrice pris dans une adrénaline viscérale frôlant la démence. La spirale est vicieuse, mais tellement réelle et palpable quand on est dans la communauté des « refusés ».

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Traverser l’existence et voir les gens nous quitter au fur et à mesure, contempler le monde décliner, se déliter et devenir fade, lissé, sans vie, aseptisé et juste productible à fructifier le mensonge, le paraître et la surconsommation à outrance excessive ne m’inspire pas le sentiment joyeux de goûter à l’immortalité. J’ai vu d’une certaine manière le monde des années 90 et progressivement le changement dégringolant du chaos qui règne avec les années 2020. L’obsolescence, la virtualité tarifée sur tout et pour tout, l’idéal des gens aujourd’hui est effrayant derrière cette image publicitaire de modèle de la perfection à « atteindre » de nos jours. Et puis trop d’apprêtassions, de discours bien carrés et politiquement corrects ce n’est pas ça être humain. Alors oui, lorsque vous respirez l’onctuosité d’un doux parfum (et s’il est un parfum féminin aie aie aie que c’est magnifique) c’est agréable, rêveur et poétique. Pourtant la vie n’est pas en précommande PayPal digitalisée, dans la vie il nous faut nous débrouiller et on se salit, alors ça risque de sentir mauvais. Mais lorsque ça pue, ça prouve qu’il y a de la vie. Une maison toute propre qui n’est jamais tachée c’est une maison fantôme, alors qu’une maison un peu crasseuse ça prouve qu’il y a des personnes qui y vivent, rien n’empêche de nettoyer et de recommencer le cycle naturel des actions.

Actuellement avec la folie du gouvernement ils ont complètement oublié que c’est normal de se tacher les mains (sinon les savons ne seraient plus vendus), c’est normal de postillonner (les mouchoirs ce n’est pas que pour la branlette ou le rhume), c’est normal et même un devoir de s’enlacer ça montre qu’on n’est pas des robots.

La Compagnie Littéraire : Et la peur que vous évoquez de façon récurrente, c’est la peur de vivre, vous en parlez dans vos ouvrages, pourtant s’il y a des moments difficiles, il y a aussi de bons moments. Vous semblez parfois penser que « pour les autres » les moments sont bons et pas pour vous. En êtes-vous bien sûr ?

Vincent Blénet : J’ai grandi dans le dénigrement de moi-même, depuis tôt on m’a inculqué que je ne suis rien, je suis une erreur et une monstruosité sans droits et sans avantages humains. Quand j’allais chaque jour en classe je m’y rendais comme dans un abattoir. J’avais presque tous les autres enfants qui me dévisageaient avec la bave aux lèvres, car j’étais à l’époque un gamin trop introverti, effacé, marqué par la différence et j’étais crédule, trop même, ils me baladaient sans problème dans leurs traquenards. J’étais battu, humilié, violenté, insulté, etc etc.

La scolarité ne pouvant me tuer, elle se débarrassa de moi dans les hôpitaux psychiatriques. J’ai eu les cours pour bien se définir de monstruosité non humaine, une erreur blasphématoire, dont l’hérésie est de chercher à vivre parmi les humains normaux. Les psys (toutes catégories confondues) ont pris un plaisir jouissif à me détruire psychologiquement et émotionnellement, sans parler des tonnes de psychotropes chimiques qui m’ont bousillé le cerveau et le métabolisme de mon corps. J’ai commencé à partir de mes 16 ans à devenir une chose cadavérique, encore attaché dans le consortium des vivants, je suis décédé à 16 ans dans la cellule carcérale de l’asile de fous à Montpellier, j’ai muté en une souche blasphématoire, hérétique et diffamatoire aux yeux de la vie.

De nos jours les moindres plaisirs de la vie me sont interdits, jamais une fois une fille n’a accepté mes tentatives de séduction, me renvoyant sèchement à mon rang de monstruosité horrible et hideuse. Voir les autres avoir des sensations du toucher (caresses, un baiser sur les lèvres, etc.) et d’un regard bienveillant des filles en guise de considération de partenaire humain normal, alors que je souffre l’horreur de ne jamais ressentir ces moindres gestes humains, tous réservés aux gens, mais jamais à moi le monstre. Comment puis-je dire après ça que je savoure les joies moi aussi ?…

Je n’ai pu avoir que trois « bons moments » sur toute une éternité de vie, une éternité de souffrances. Trois légers fragments d’air pur qui ont survolé mon « immortalité » embrasée. Le premier moment fut lors de la promotion de « Cieux FM », j’ai eu la chance de rencontrer l’actrice Mylène Johnson. Elle a été vraiment adorable et bienveillante, nous avons brièvement conversé et elle a été très touchée par mon parcours. Mlle Johnson m’a fait l’honneur de prendre 3 selfies avec mon livre et de m’envoyer les trois clichés pour contribuer à la promo de mon recueil. Le deuxième moment magique de mon existence fut la journée promotionnelle avec la vidéo de lancement de mon livre « Gazhell » et les belles photos, à Genève. J’ai vécu 2 jours de rêve pour un artiste. Le dernier moment agréable fut l’heure et demie passée avec une jolie escorte girl, elle s’appelait Eva.

Comparé à ce que les autres, les humains, les normaux ont l’immense chance de vivre et d’expérimenter (faire l’amour avec de femmes sans payer l’instant, la considération d’artiste avec possibilité d’interviews). Moi je suis reclus dans l’asphyxie de l’option payante.

La Compagnie Littéraire : Je reviens sur une de vos phrases : « La modernité m’est tellement insupportable, infecte et révoltante. » Pensez-vous vraiment que « c’était mieux avant » ou simplement était-ce la même chose et on n’arrive pas à faire mieux ? (Même si on a cette illusion)

Vincent Blénet : J’ai une fascination pour les artistes des années 1800 et 1900, car la poésie était à son apogée, elle était symbole de douceur et parfois de prise de conscience féroce à l’égard de la politique ou de la société. L’écrivain, le poète même était comme un « vengeur masqué » ou même très public. Ce qui me plait énormément dans cette époque-là, c’est avant tout la saveur exquise de la beauté, le raffinement des mots et des rimes. Les poètes naviguaient sur des thèmes qui me sont chers : la spiritualité, le mysticisme ésotérique, la sensualité avec les femmes etc.etc.

En 1800 et 1900 si un écrivain rédigeait un poème amoureux ou un compliment littéraire à sa belle, ce dernier était bien regardé par la gent féminine. Aujourd’hui pour plaire à ces belles il faut casquer toute l’addition, l’inonder d’objet luxueux, aligner la drogue sur la table, diriger un cartel et la bastonner lors de l’ébat sexuel, tout en singeant Booba et Gims. Avant les filles m’auraient regardé avec respect, humanité et équitablement, même aussi en tant qu’un artiste, un être capable d’exprimer son cœur et ses désirs dans les mots.

Lorsque je compare la musique ou les films ou autres des années 90 avec les œuvres hybrides scientifiques extra-terrestres d’aujourd’hui, on voit qu’on a franchi la ligne de l’indécence et du foutage de gueule. A l’époque certains n’auraient jamais pu exister sous peine d’être condamnés par la presse et l’opinion publique. Comme quoi les faveurs de la presse et des médias sont monnayables et corruptibles, je dirais même convertibles, ça dépend de la vague politiquement correcte qui orchestrera le vent de la vague.

La Compagnie Littéraire : Dans vos livres successifs, vous avez alerté sur notre société mercantile et aveugle face à la consommation. Aujourd’hui, face à la crise sanitaire et économique dans laquelle nous sommes, qu’avez-vous envie de dire et quelle serait pour vous la société idéale de demain (quand on dit demain c’est « vite ») ?

Vincent Blénet : L’idéal d’un monde où je n’ai pas tout le temps, à chaque seconde peur, peur de tout et tout le temps peur. Peur de n’avoir plus d’inspiration ni de plume, peur terrifiante de ces silences glacés qui pétrifient mes pensées. Peur constante que la mort me refrappe en prenant un être aimé. Peur de ne jamais pouvoir faire l’amour avec les femmes, effroi de ne jamais ressentir un orgasme et une délivrance sensuelle féminine. Peur de ne plus pouvoir faire des livres, peur de ne plus pouvoir publier chez mon éditrice, je suis très fidèle à ma maison d’édition, je suis vraiment très attaché de faire partie des auteurs de « La Compagnie Littéraire ».

Dans un monde idéal, j’écris, je publie, je pars en tournée promo et j’exprime mon univers littéraire à d’autres horizons que Montpellier. Dans un monde idéal, je parviens à sensibiliser l’âme des femmes et jeunes femmes, je parviens à les séduire également, leur faire oublier qu’elles haïssent mon visage et mon physique. Dans un monde idéal, les médias ne méprisent pas les petits artistes et ne bannissent pas les écrivains à compte d’auteur.

La Compagnie Littéraire : Étant donné que l’on est dans une période très particulière où l’irrationnel semble avoir sa place au côté du scientifique, Vincent Blénet, vous faites souvent référence à Dieu dans vos ouvrages – de quelque manière que ce soit – alors là, que pouvez-vous nous dire sur l’ouragan inattendu dans lequel la planète a été propulsée avec la Covid 19 ?

Vincent Blénet : Dieu n’a rien à voir avec la dégénérescence des humains sur le covid, il s’agit déjà de chercheurs scientifiques qui jouent à être Dieu, mais ils sont les premiers à dénigrer Dieu. Ça fait bien des lustres que les scientifiques, dans leurs folies nazies, fabriquent des germes et des virus violents et agressifs. Les gouvernements les payent et financent leurs recherches dans le but d’acquérir une arme invisible prête à mettre à genoux tout opposant favorable à leurs caprices et dictatures. Alors aujourd’hui un virus a fait le guide du Routard d’accord. Mais depuis des millénaires il en a été ainsi, la Peste noire, Ebola, la Tuberculose, la gastro, le Sida, etc. Est-ce que les gens ont cessé de faire l’amour à cause du Sida ? Non que je sache. Est-ce que les enfants qui ont une diarrhée avec une angine cessent d’aller à l’école ? Non que je sache. Est-ce qu’on va enfermer ou tuer une personne âgée parce qu’elle a un peu le nez qui coule ? Non que je sache. Le processus de nos anticorps c’est justement d’être actif tôt lorsque les bébés sont « malades » afin que le système immunitaire du petit soit prêt à défendre la santé de l’humain en devenir.

Dieu est et il restera toujours un mystère, une énigme spirituelle et c’est bien d’ailleurs parce que ça nous permet de faire nos propres choix, nos décisions, c’est le libre arbitre. Par contre, enfermer les gens et les empêcher d’exister, les forcer à adopter la pathologie mentale d’une tribu de décideurs gouvernementaux, ça ce n’est absolument pas la liberté, mais de la tyrannie masquée. Si on y réfléchit, ce que les décideurs nous font subir, sachant qu’avec la fragilité psychique, psychologique, etc., pour moi il est question de crime contre l’humanité. Que savent-ils de ce que nous ressentons ? Rien. Celui qui décide à la place des autres est un ambitieux qui cherche à s’imposer comme divinité et crier sa gloriole au détriment des autres et des sacrifiés. Le calife à la place du calife. On a peut-être élu Iznogoud qui sait…

Le titre de ce dix-septième livre est très symbolique dans mon cheminement de vie et dans le chapitre de mon évolution d’écriture. L’amour a été très dévastateur dans ma vie, à la base j’ai eu l’idée de ce titre en rapport (« hommage » amoureux) de ce que je ressens à l’égard d’une jolie fille qui a « motivé » l’obstination de poursuivre mes observations devant le bar abject qui a servi de source principale pour le précédent livre « 666 Nuances de Braises ». J’ai eu envie d’écrire en lettres majeures cet amour obsessionnel, cette possession érotique (sulfureuse et addictive) que je ne vivais qu’en moi-même, seul et dévasté par la douleur de mes sentiments pour cette fille. Je n’ai jamais eu le courage et la bravoure de lui révéler mon cœur durant l’année entière passée à peaufiner mes observations et l’écriture de ce livre précédent. J’ai extrêmement souffert et ça s’est intensifié quand je l’ai vu s’amouracher de types (bogoss stéréotypés) qui l’ont juste utilisée comme un Tampax à usage unique avant de la jeter froidement sans une petite considération humaine. Ce qui est tragique c’est qu’elle m’a haï et elle ne m’a plus jamais dit bonjour lorsqu’elle a su que je l’aimais beaucoup.

J’ai eu trois « dames de cœur » lorsque j’écrivais le précédent bouquin, trois jeunes femmes qui ont traqué mes prières romantiques et érotiques. Je ne survivais, face à l’indécence, les quolibets et les cruautés machiavéliques des jeunes Montpelliérains, qu’à travers la joie enivrante et euphorique de dire bonjour à mes trois « dames de cœur » (Pauline, Lise et Lola). Les deux premières sont un amoureux désir sensuel, romantique et érotique. Elles hantent mes pensées et mes prières érotiques, enlacées de désespérance sensuellement enflammée. J’ai énormément de sentiments à l’égard de Lise même si Pauline a envoûté mon cœur et mes proses. Lola, quant à elle, nous avions une belle amitié et une jolie affection de cœur. Mais lorsqu’elle a brutalement coupé les ponts, ça m’a détruit très violemment, ça a augmenté l’agressivité de la dépression aggravée pendant le premier confinement Macronesque. Même si je progresse à avancer en m’éloignant des sentiments envers Pauline, même si la cruauté frigorifique dont elle a fait preuve à mon encontre, je suis possédé par le désir sexuel, sensuel et enivrant de faire l’amour avec elle, toucher son être charnel et toucher la délivrance à travers le sexe avec elle. Mais comme ça m’est impossible, la frustration me dévore et m’assassine l’âme. Je suis mort par amour et c’est une certitude, donc « Mort Sûre d’Amours ».

Ce dix-septième livre est un roman d’amour avec un peu d’épouvante et de poésie fantastique. Un ouvrage qui hurle à chacun l’envie de liberté et de créativité. Un ouvrage qui révèle l’humanité de tous, même si c’est une humanité cabossée, pudique, discrète, énigmatique, elle est là et elle hurle son désir de vivre et son envie d’être libérée. Certes j’ai fait une déclaration de guerre à la vie (ma vie de tristesse et de chaos), mais même si j’ai excellé dans la provocation, dans la défiance ostentatoire, mes scarifications ont été des morsures de l’amour. Des amours que la vie m’a brisées et qui ont stigmatisé mon cœur tout en pleurs.

Ce livre est une ode à l’envie de vivre, survivre et d’aimer la vie, de la traverser avec celles qui ensorcellent nos désirs et nos soupirs. Mais c’est également un cri d’amour à mes trois « dames de cœur », même si c’est trop tard, un cri d’amour à Pauline, Lise et Lola. L’écriture est immortelle, c’est dans l’éternité que je grave cet amour, romantique et érotique, dans l’immensité du temps pour mes trois « dames de cœur » lesquelles habitent mon cœur (cœur cabossé).

Interview de Monique Rault pour le dix-septième ouvrage de Vincent Blénet « Mort Sûre d’Amours » Ed. « La Compagnie Littéraire

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