Dernière mod­i­fi­ca­tion le 5 novem­bre 2022 par La Com­pag­nie Littéraire

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : Nan­no Bolt, bon­jour. Dans quelques semaines paraî­tra dans le cat­a­logue de livres de notre mai­son d’édi­tion un ouvrage de recherche sur les apoth­icaires en Bour­gogne médié­vale de 1200 – 1600. C’est un sujet très spé­ci­fique ; com­ment cette idée d’ouvrage a‑t-elle vu le jour ? 

Nano Bolt : J’ai tou­jours été pas­sion­né par l’histoire des sci­ences naturelles, mal­gré le fait d’avoir tra­vail­lé dans les inno­va­tions tech­niques du futur. Il faut savoir que la Bour­gogne du bas Moyen Âge englobait les Pays-Bas actuels, la Bel­gique actuelle et une grande par­tie de la France. Orig­i­naire de Hol­lande et demeu­rant en Bour­gogne, l’idée d’étudier les apoth­icaires médié­vaux dans ce ter­ri­toire a pris peu à peu forme.

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : Vous vous intéressez ici aux apoth­icaires qui habitaient et tra­vail­laient dans l’É­tat bour­guignon entre 1200 et 1477, mais comme vous le dites dans votre pré­face, par souci de con­ti­nu­ité, vous avez éten­du votre étude jusqu’à la fin du XVIe siè­cle. Pou­vez-vous dire en quelques lignes les événe­ments impor­tants qui se sont pro­duits con­cer­nant la pro­fes­sion de 1477 à 1600 et qui ont motivé cette démarche d’ex­ten­sion dans le temps ?

Nan­no Bolt : un fac­teur impor­tant qui a influ­encé la pro­fes­sion de l’apothicaire pen­dant les XVe et XVIe siè­cle a été le degré crois­sant de l’urbanisation : le nom­bre des apoth­icaires triplait. Et le nom­bre des char­la­tans égale­ment. Avant 1477 les règle­ments médi­co-phar­ma­ceu­tiques (si tant qu’existants) étaient peu con­crète­ment for­mulés et ont évolué pen­dant le XVIe siè­cle, posant des exi­gences plus lour­des con­cer­nant l’éducation de l’apothicaire, des con­trôles sévères de la bou­tique de l’apothicaire et d’obligation de pré­par­er les remèdes uni­formes. Par le développe­ment rapi­de de l’art typographique à cette époque, les ouvrages de pre­scrip­tions, des her­biers, les livres sur le régime ali­men­taire et les manuels tech­niques étaient pub­liés en grand nom­bre et plus facile­ment acces­si­bles aux apoth­icaires que les copies des man­u­scrits d’avant.

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : Nous sommes ici dans l’É­tat bour­guignon qui était très puis­sant au Moyen Âge et dont les fron­tières dépas­saient par­fois nos fron­tières actuelles. Pou­vez-vous pré­cis­er quelques repères his­toriques qui per­me­t­tent de mieux situer les choses ?

Nan­no Bolt : La nais­sance de l’État bour­guignon est par­fois con­sid­érée comme la résul­tante d’une série de hasards. Le roi de France Jean le Bon, don­na en 1363 le duché de Bour­gogne à son qua­trième fils Philipe le Har­di. Quand celui-ci héri­ta en 1384 des comtés de Flan­dre, d’Artois, de Nev­ers et de Bour­gogne, l’ambition pour fonder un État pour­rait être née, témoin plusieurs essais d’élever le ter­ri­toire à une puis­sance européenne : par occu­per un rôle mar­quant pen­dant la croisade de 1396, par désig­na­tion des ambas­sadeurs bour­guignons dans toute l’Europe et par pub­li­ca­tion d’un doc­u­ment dans lequel la Bour­gogne comme État européen à côté de l’État français est men­tion­née. Et en effet en cent ans, Philippe le Har­di et ses descen­dants étab­lis­saient un des États les plus puis­sants de l’Europe, qui s’éloignait de plus en plus du roy­aume de France. Philippe le Bon — rég­nant de 1419 jusqu’à 1467 — agran­dis­sait le ter­ri­toire par acqui­si­tion, par héritage et par con­quête avec Bra­bant, Lim­bourg, Hol­lande, Utrecht, Zélande, Picardie, Hain­aut et Lux­em­bourg. Il dévelop­pait une cohé­sion admin­is­tra­tive, établie dans plusieurs villes de ce ter­ri­toire. Pen­dant le règne de Charles le Téméraire (1467 – 1477), l’État bour­guignon englobait les Pays Bas actuels, la Bel­gique actuelle, le nord de la France actuelle, le duché et le comté de Bour­gogne et le comté de Nevers.

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : Dans votre étude, vous abor­dez plusieurs thèmes : suc­ces­sive­ment l’habi­tat des apoth­icaires, leur sit­u­a­tion sociale, leurs cou­tumes ves­ti­men­taires, leur clien­tèle, leurs règle­ments, leurs con­fréries, leurs apoth­icaireries et leurs bib­lio­thèques. Par­mi ces dif­férents domaines, en est-il un qui a retenu plus par­ti­c­ulière­ment votre atten­tion et pourquoi ?

Nan­no Bolt : Oui, les règle­ments sur les pro­duits tox­iques for­mulés assez sou­vent à la suite d’un crime par empoi­son­nement. Deux exem­ples. À Bruges Mar­guete Jacobs empoi­sonne son époux en 1560 avec de l’arsenic. Elle est con­damnée au bûch­er. Ensuite le Mag­is­trat de Bruges proclame en 1585 des restric­tions con­cer­nant la vente des pro­duits tox­iques : elle est seule­ment per­mise à des cou­ples mar­iés qui devaient expli­quer le but de l’achat en présence de deux bour­geois. En 1581 la Cour du Bail­liage d’Autun oblige les apoth­icaires d’enregistrer les noms d’acheteurs des poi­sons en présence des témoins et aver­tir de suite les mag­is­trats. Ceci avait été motivé par le crime du domes­tique Blaise Bar­beret qui, avec la com­plic­ité de la femme de son maître Tur­relot, avait empoi­son­né ce dernier et sa pro­pre femme. Ils furent brûlés vifs, par juge­ment du 28 jan­vi­er 1581. Besançon suit une poli­tique préven­tive, témoins les statuts de 1530 qui deman­dent aux apoth­icaires d’exposer une corde dans leur bou­tique de façon à sig­ni­fi­er claire­ment aux empoi­son­neurs ce qu’ils encourent.

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : Votre livre est extrême­ment bien doc­u­men­té. Vous faites sou­vent référence à « l’In­dex des apoth­icaires bour­guignons », mais il y a de nom­breuses autres sources qui sont citées (notam­ment à pro­pos de la phar­ma­cie) avec une présen­ta­tion de doc­u­ments d’archives très per­ti­nente. Entre les tableaux d’é­tudes de don­nées que vous com­mentez et les illus­tra­tions qui parsè­ment l’ou­vrage, com­bi­en de temps vous a‑t-il fal­lu pour réalis­er ce travail ?

Nan­no Bolt : Il y a douze années que j’ai com­mencé à con­stituer une base de don­nées pre­mière­ment afin de savoir ce qui était déjà con­nu sur l’apothicaire médié­val et ce qui ne l’était pas. Ensuite j’ai trou­vé les don­nées de quelques cents apoth­icaires dans des archives dig­i­tal­isées, (archives de l’État, archives départe­men­tales et com­mu­nales, archives des abbayes, des cours etc.) Puis j’ai pub­lié quelques analy­ses sur base de cet Index, qui sont finale­ment dev­enues des chapitres dans le livre.

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : Nan­no Bolt, pou­vez-vous nous décrire la bou­tique d’un apoth­icaire à cette époque ? Com­ment a‑t-on pu en faire une reconstitution ?

Nan­no Bolt : Peu de ves­tiges des apoth­icaireries de cette époque sont retrou­vés. Pour le ter­ri­toire bour­guignon il s’agit d’une pein­ture d’Alkmaar et d’une illus­tra­tion d’une bou­tique fla­mande. Une descrip­tion d’une apoth­icairerie d’Amiens et qua­tre inven­taires livrent de pré­cieuses infor­ma­tions com­plé­men­taires. L’apothicairerie dans le bas Moyen Âge était com­posée de deux par­ties : l’ouvroir, ouvert sur la rue pour les livraisons directes et la botiche un ate­lier et mag­a­sin où les pro­duits plus volu­mineux étaient entre­posés. Dans chaque inven­taire la présence d’un ensem­ble de bal­ances a été explicite­ment men­tion­née, con­tenant de six à huit bal­ances qui diver­gent de petite à grande ain­si que des mortiers et pil­lons présents dans plusieurs tailles. On trou­ve égale­ment des sacs, des ton­neaux, des tiroirs et en plus des chau­drons, des pinces, des broyeurs et des entonnoirs.

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : Un des élé­ments presque mag­iques des apoth­icaireries, ce sont les pots phar­ma­ceu­tiques qui attirent encore aujour­d’hui un cer­tain nom­bre d’a­ma­teurs. Pou­vez-vous nous faire une petite rétro­spec­tive sur l’o­rig­ine de ces pots : où étaient-ils fab­riqués ? Quels étaient leurs rôles ? Quelle par­tic­u­lar­ité pour le pot à thériaque ?

Nan­no Bolt : Avant le XVe siè­cle on voit dans le ter­ri­toire bour­guignon sou­vent des pots his­pano-mau­resques orig­i­naires de Valence. Pen­dant le XVe siè­cle on trou­ve de plus en plus de pots qui vien­nent des poter­ies ital­i­ennes de Faen­za, Gênes, Venise et ….de Lyon et d’Anvers où les potiers ital­iens émi­graient. Pour cette rai­son la poterie de Lyon et d’Anvers du début du XVIe siè­cle se dis­tingue dif­fi­cile­ment de l’italienne. Dans les apoth­icaireries dans le ter­ri­toire bour­guignon on trou­ve une grande diver­sité de pots en terre mais aus­si en bois et en étain. Poreux, le pot ne retient pas l’humidité, per­me­t­tant de garder des plantes séchées pen­dant des dizaines d’années ou étanchéi­fiés – avec du ver­nis à base d’oxyde de plomb et d’étain – ce qui per­me­t­tait de con­serv­er des pro­duits humides comme les élec­tu­aires et sirops. Les formes de pots étaient dif­férentes dépen­dant de leur usage. Le pot à théri­aque, majestueux, de lignes har­monieuses, reposant sur un pié­douche, s’orne sou­vent d’un cou­ver­cle impor­tant et est devenu au cours des siè­cles un objet pour impres­sion­ner la clientèle.

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : Com­ment fai­sait-on, à l’époque, pour s’établir apoth­icaire ? Pou­vez-vous revenir sur la notion de « clien­tèle poten­tielle critique » ?

Nan­no Bolt : Les apoth­icaires s’établissaient presque unique­ment dans les villes, mais atti­raient leur clien­tèle pour une grande par­tie des alen­tours de la ville. Dans les petites villes – avec une clien­tèle poten­tielle lim­itée – l’apothicaire négo­ci­ait sou­vent un salaire fixe et des priv­ilèges sup­plé­men­taires ou un étab­lisse­ment monop­o­lisé. Trois mille clients poten­tiels (ou plus) don­naient à l’apothicaire dans le ter­ri­toire bour­guignon la pos­si­bil­ité de réus­sir com­mer­ciale­ment. Au-dessous de trois mille clients poten­tiels – la clien­tèle poten­tielle cri­tique — des revenus sup­plé­men­taires étaient nécessaires.

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : Une par­tic­u­lar­ité qui mérite qu’on s’y arrête : pen­dant le bas Moyen Âge, la pro­fes­sion d’apoth­icaire était celle des hommes. Pour­tant 19 femmes apoth­icaires sont men­tion­nées aux archives, pour la plu­part des veuves qui con­tin­u­aient de tenir la bou­tique du mari, mais aus­si quelques-unes à titre indépen­dant. Pou­vez-vous nous expli­quer un peu com­ment cela fonc­tion­nait pour ces femmes ?

Nan­no Bolt : Pen­dant le bas Moyen Âge le méti­er d’apothicaire était dans le ter­ri­toire bour­guignon typ­ique­ment une pro­fes­sion d’hommes. Mais, quand l’apothicaire décé­dait, la veuve du maître pou­vait con­tin­uer de tenir la bou­tique jusqu’à sa mort à con­di­tion que ce soit avec un maître-servi­teur ou en asso­ci­a­tion avec un autre maître-apoth­icaire ou avec son fils qui pou­vait pass­er un exa­m­en plus sim­ple pour devenir maître. Pour­tant on con­nait quelques femmes apoth­icaires sans qu’il soit ques­tion d’une sit­u­a­tion comme veuve. Par exem­ple en 1499 Clemeys van Foreest est men­tion­née dans les comptes de l’abbaye d’Egmond à cause des payements pour la livrai­son d’ampoules, autres marchan­dis­es d’apothicaire et même pour un juge­ment d’urine : pro iudi­can­da uri­na. Et en 1593 à Enkhuizen on ren­con­tre Aef Claes qui tenait la bou­tique de son père.

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : D’une façon générale, la pro­fes­sion des apoth­icaires s’est vue extrême­ment régle­men­tée. Dans le chapitre 11 con­cer­nant ce sujet, vous évo­quez 9 thèmes con­cernés par les règle­ments des villes. Quels étaient-ils ?

Nan­no Bolt : L’initiative de rédi­ger des règle­ments était sou­vent prise par la munic­i­pal­ité et assez sou­vent à la suite de faux pas comme des pro­duits fal­si­fiés, des con­flits d’intérêts entre médecins et apoth­icaires, d’un crime d’empoisonnement, de l’incorrection des médica­ments com­posés, des prix exagérés dans les sit­u­a­tions de mono­pole, etc. Générale­ment on peut observ­er que le nom­bre des thèmes aug­men­tait avec le temps et que les détails étaient de plus en plus explicite­ment for­mulés. Un inven­taire des règle­ments de la ville pour les apoth­icaires entre 1200 et 1600 a été fait pour trente-cinq villes dans le ter­ri­toire de l’État de Bour­gogne. Neuf thèmes ont été dis­cernés dans tous ces règle­ments : 1. la con­for­mité des poids et mesures, 2. la bonne qual­ité des marchan­dis­es, 3. le con­trôle des pré­pa­ra­tions rares et coû­teuses, 4. la délivrance des pro­duits tox­iques et dan­gereux, 5. l’inspection des apoth­icaireries, 6. l’accès à la pro­fes­sion, 7. les prix imposés, 8. le mono­pole de la pré­pa­ra­tion et de la délivrance des médica­ments et 9. la posi­tion des veuves.

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : Vous con­sacrez un chapitre à la ques­tion suiv­ante : « Quelles appli­ca­tions des plantes médic­i­nales décrites au XIIIe siè­cle sont-elles tou­jours recon­nues au XXIsiè­cle ? » (Références pré­cis­es, étude de tableaux). Il appa­raît que, dans la Phar­ma­copée française, il en existe beau­coup. Pou­vez-vous nous don­ner quelques exemples ?

Nan­no Bolt : Oui, j’étais curieux de savoir si les remèdes pre­scrits pen­dant le Moyen Âge avaient encore une valeur et une util­ité thérapeu­tique à notre époque. La tra­duc­tion néer­landaise du man­u­scrit De natu­ra rerum de 1270 décrit l’usage sup­posé de trente-deux plantes médic­i­nales. Dans le livre, il est mon­tré que la plu­part des plantes avec leurs appli­ca­tions comme décrit dans le man­u­scrit, ont des qual­ités thérapeu­tiques tou­jours recon­nues dans notre siè­cle. Par exem­ple pour la plante fenouil (Fœnicu­lum) les reven­di­ca­tions thérapeu­tiques étaient : diuré­tique, bon pour diges­tion et la rate, cal­cul rénal, oph­talmie et con­tre la flat­u­lence. À notre époque, le fenouil est tou­jours en usage comme diuré­tique, bon pour la diges­tion et con­tre la flatulence.

Édi­tions La Com­pag­nie Lit­téraire : Pour finir, un petit voy­age dans le temps pour nos lecteurs : « Si vous aviez été apoth­icaire dans l’É­tat bour­guignon au bas Moyen Âge, com­ment auriez-vous mené votre car­rière et dans quelle ville de préférence ?

Nan­no Bolt : Je pense à Dijon comme apoth­icaire de la cour. Entre 1400 et 1600 les apoth­icaires tenaient leurs bou­tiques à des emplace­ments com­mer­ciale­ment très attrac­t­ifs : près des marchés heb­do­madaires et des foires, près de la cour et à prox­im­ité de la bour­geoisie prospère et du clergé. À l’époque bour­guignonne, le Duc et son Con­seil étaient très ambu­lants et résidaient sou­vent à Lille, Arras, Bruges, Brux­elles, Malines et Dijon, accom­pa­g­nés par une équipe médi­cale avec un médecin, un chirurgien, un bar­bi­er et un maître-apoth­icaire. La plu­part des apoth­icaires ducaux tra­vail­laient à temps par­tiel, sou­vent avec un col­lègue par roule­ment de trois mois, de telle façon qu’ils entrete­naient leur expéri­ence pro­fes­sion­nelle dans leur pra­tique quo­ti­di­enne. Dans les villes où le Duc de Bour­gogne résidait, l’apothicaire de la cour achetait le matériel néces­saire chez les apoth­icaires et épiciers locaux. Ain­si, l’apothicaire de la cour avait l’occasion de rester au courant des derniers développe­ments médi­caux, de con­naitre les lieux où les épices et les sim­ples de la meilleure qual­ité étaient à ven­dre et de décou­vrir le monde au dehors de Dijon en même temps !

Pro­pos recueil­lis par Monique Rault. 

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