Dernière mod­i­fi­ca­tion le 9 févri­er 2022 par La Com­pag­nie Littéraire

Les femmes au XVIIe siècle : mode de vie, coutumes et traditions

Après avoir rapi­de­ment étudié la con­di­tion fémi­nine et fait ou refait con­nais­sance avec quelques femmes de let­tres dans l’his­toire, au Moyen Âge et à la renais­sance, pen­chons nous sur les femmes au XVI­Ie siè­cle… Et avec le XVI­Ie siè­cle, le début du « siè­cle des lumières », le règne de Louis XIV après celui de Louis XIII, d’Henri IV, des fils de Cather­ine de Médi­cis et de Cather­ine de Médi­cis elle-même (femme d’Henri II) dont nous n’étudierons pas le por­trait ici, mais sur qui il y aurait pour­tant fort à dire… Le XVI­Ie pré­pare le « siè­cle des lumières » avec la nais­sance d’un mou­ve­ment lit­téraire assez con­tro­ver­sé, celui de « la pré­ciosité », qui trou­vera sa place physique et lit­téraire dans les salons.

Encore une fois, le rôle de la femme au XVI­Ie siè­cle varie forte­ment en fonc­tion de la classe sociale dont elle est issue. Nous nous devons de ne pas oubli­er les femmes dites du tiers-état qui avaient cer­taine­ment fort à dire, mais qui n’en avaient ni l’occasion ni les moyens ou, si par chance cela avait été le cas, dont il ne nous reste aucun écrit et pour qui le lot quo­ti­di­en n’était qu’exigence et abné­ga­tion. La pré­pa­ra­tion des ali­ments, la fab­ri­ca­tion des vête­ments et des instru­ments de tra­vail, l’ap­pro­vi­sion­nement en eau, la col­lecte de bois, la con­ser­va­tion du feu, la garde des ani­maux domes­tiques, la vente sur les marchés locaux des pro­duits de la ferme, l’é­d­u­ca­tion des enfants, la pré­pa­ra­tion et l’ad­min­is­tra­tion de remèdes et de médica­ments, le ménage, le linge etc. etc. etc. sans compter bien sûr qu’à la fois le pro­duit de leur tra­vail ou de leur corps ne leur apparte­nait pas…

Ces femmes sans lesquelles pour­tant « la haute » ne mangerait pas, n’ont pas leur place dans les salons et c’est donc bien encore des femmes issues de la noblesse dont nous par­lerons ici. Et aus­si, légère évo­lu­tion, de cer­taines femmes issues de milieux bour­geois et cul­tivés qui auront leur « tick­et d’entrée » dans les salons lit­téraires de l’époque (même si cer­taines causeront du tort comme nous le ver­rons un peu plus loin).

 femmes au XVIIe siècle

La préciosité

Le mou­ve­ment lit­téraire de « la pré­ciosité » naît et s’installe à Paris, puis se répand dans les grandes villes de province, telles que Dijon, Greno­ble, Rouen ou Mont­pel­li­er et ne trou­vera son épanouisse­ment qu’après 1650. Les pré­cieuses sont parisi­ennes de nais­sance, et si par mal­heur elles sont exilées, elles ont à Paris des cor­re­spon­dants qui les infor­ment régulière­ment sur les nou­veautés des quartiers Saint-Hon­oré ou du Marais.

De nom­breux écrits nous mon­trent com­bi­en les provin­ci­aux sont rail­lés, et mal­gré le fait d’être fort élo­quente, fort douce, fort civile et fort de bonne mai­son, de con­naître l’espagnol, l’italien, le latin et même le grec, il est indis­pens­able de par­ler français « comme si on était né à Paris » ; sinon les qual­ités au préal­able citées ne comptent pas. Un com­bat acharné se livr­era donc con­tre tout ce qui aura un car­ac­tère provin­cial, et par con­séquent l’idéal sera de pass­er pour parisien et de faire croire qu’on a des accoin­tances à la Cour.

La déf­i­ni­tion de la pré­ciosité est, comme dans tout courant lit­téraire, con­tro­ver­sée et pour cer­tains, ce serait une sorte d’amour cour­tois ou d’amour ten­dre qui cor­re­spondrait à un idéal féminin de l’époque : pureté du lan­gage, dig­nité des sen­ti­ments, raf­fine­ment des mœurs quand pour d’autres cela cor­re­spondrait à une insulte lancée à la femme où des auteurs mas­culins ridi­culisent leurs aspi­ra­tions. Il y aurait cepen­dant les vraies pré­cieuses et les fauss­es : les femmes de salons cul­tivées face aux bour­geois­es de l’époque con­sid­érées comme sottes car ne pen­sant qu’à leurs toi­lettes et à leurs gestes et que Molière fait con­naître au grand pub­lic dans des comédies comme Les Pré­cieuses Ridicules ou Les Femmes Savantes.

femmes au XVIIe siècle

Les femmes parvi­en­nent à se grouper autour de cette notion de « pré­ciosité » ; elles veu­lent se forg­er un espace dans la créa­tion lit­téraire et con­tribuer à l’émancipation de la femme. Par la créa­tion des salons elles accè­dent à un espace privé qui aura une réper­cus­sion et une grande influ­ence sur la créa­tion lit­téraire. Dans cette pro­duc­tion lit­téraire, l’argument prin­ci­pal tourne tou­jours autour de la femme, et des stéréo­types qui lui sont assignés comme la sen­si­bil­ité, la fragilité, et l’honnêteté. Elles vont de plus en plus essay­er d’occuper une place dans le domaine du savoir. Une lutte s’engage, mais mal­gré une activ­ité intense au sein des salons, les femmes de let­tres restent encore en dehors de l’évolution du monde qui les entoure.

Mal­gré tout, les femmes tien­nent une place de plus en plus impor­tante dans l’histoire sociale du XVI­Ie siè­cle et ceci dans divers domaines. Elles ont une influ­ence directe sur l’évolution des mœurs et des goûts (galanterie, bien­séances, modes lit­téraires). Leurs soucis de la déli­catesse et du raf­fine­ment les élèvent au pre­mier rang des con­ver­sa­tions et elles jouent un rôle de pre­mier plan dans les salons ou ruelles.

Les genres littéraires dans lesquels se sont illustrées les femmes au XVIIe siècle

Les gen­res qui sont nés en grand nom­bre au XVI­Ie siè­cle sont en marge de ceux approu­vés par les doctes de l’art clas­sique : romans et nou­velles, mémoires et auto­bi­ogra­phies, con­tes de fées et lit­téra­ture épis­to­laire, poésie pré­cieuse et bil­lets galants, con­ver­sa­tion salon­nière et por­traits lit­téraires. Et c’est juste­ment dans ces gen­res lit­téraires que bon nom­bre de femmes du XVI­Ie siè­cle se sont dis­tin­guées comme écrivaines de pre­mière qual­ité, mais ont été mis­es à l’écart des siè­cles durant par l’historiographie ou par la cri­tique littéraire.

Sont désor­mais con­sid­érées les femmes de let­tres qui diri­gent ou fréquentent les salons ain­si que leur poé­tique de la con­ver­sa­tion et leur poésie pré­cieuse, les roman­cières qui con­sacrent leurs réc­its au « pays de Ten­dre », les nou­velles his­toriques ou galantes de Madame de Villedieu, de Cather­ine Bernard et d’Anne de la Roche-Guil­hen, les con­tes de fées de Madame d’Aulnoy et de Made­moi­selle de La Force entre autres, les let­tres de femmes com­prenant aus­si bien celles de Madame de Sévi­gné (à laque­lle nous nous intéresserons dans un prochain arti­cle) que celles qui ont été inédites et oubliées ou util­isées comme tech­nique nar­ra­tive dans les réc­its de romans, les mémoires de femmes, les écrits de religieuses, les por­traits et auto­por­traits au féminin.

Il faudrait ajouter que les écrivaines du XVI­Ie siè­cle ont égale­ment lais­sé en héritage dans la lit­téra­ture française une pro­duc­tion théâ­trale con­sid­érable dont la richesse est passée presque inaperçue jusqu’à sa décou­verte récente à la suite de l’essor des études féminines. Et après ce superbe élan de créa­tion lit­téraire féminin, l’on pour­ra se pos­er la ques­tion du pourquoi de leur absence sur la scène lit­téraire, entre autres, au XVI­Ie siècle…

femmes au XVIIe siècle

Dans le prochain arti­cle de notre mai­son d’édi­tion nous nous pencherons sur la vie et la per­son­nal­ité de l’une des plus célèbres représen­tantes de la pré­ciosité : Madeleine de Scud­éry, con­nue aus­si sous le surnom de Sap­pho !

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Brubur
Brubur
1 année il y a

J’aurais bien aimée avoir le nom des œuvres utilisée…

Anonyme
Anonyme
4 années il y a

très instruc­tif et bien écrit

trackback

[…] Être une femme au XVII ème siè­cle. Les femmes au XVI­Ie siè­cle, con­di­tions, mode de vie… […]

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