Éditions La Compagnie Littéraire : Claude Morivilly, avec Le Jardin des Hespérides, vous nous présentez une fiction romanesque qui relève à la fois de la Science-Fiction et de l’Espionnage, tout en évoquant les grands problèmes qui interrogent notre monde d’aujourd’hui. Comment vous est venue l’idée de ce livre ?
Claude Morivilly : D’abord je pense que le terme d’espionnage est trop réducteur. Nous voyons seulement les dessous du fonctionnement de tout gouvernement.
Je suis parti d’une idée simple qui au fil de son développement s’est compliquée. Les personnages ont imposé leur propre personnalité, rapidement, ils ont échappé à tout contrôle au point que je ne savais pas ce qu’ils allaient faire, et encore moins comment tout cela allait se terminer. Ce qui est fascinant c’est de construire une histoire dont on ignore le déroulement et la finalité.
Pour ce faire, je me suis mis dans la peau de chaque personnage oubliant le précédent et ainsi de suite.
Les faire « fonctionner » ensemble reflète la complexité d’une société marquée par le comportement de chacun.
Éditions La Compagnie Littéraire : Votre roman entre dans la catégorie des dystopies. Pouvez-vous nous préciser ce qu’est, pour vous, une dystopie ?
Claude Morivilly : Le caractère dystopique dans sa définition originale s’est imposé naturellement, mais j’y ai ajouté une dimension supplémentaire, celle-là politique dans son sens noble.
Éditions La Compagnie Littéraire : Nous sommes donc au début du 4e millénaire. Une société idéale s’est installée par le biais d’un état monde avec un gouvernement central situé à New Delhi. Pensez-vous qu’un tel mode de gouvernance soit possible ?
Claude Morivilly : Je pense non seulement qu’elle est possible mais elle sera nécessaire pour faire face aux défis auxquels nous serons confrontés. Quelle sera la réalité de sa forme, je l’ignore, tout juste peut-on l’imaginer ?
Éditions La Compagnie Littéraire : Le Jardin des Hespérides, qui est aussi le titre de votre ouvrage, se retrouve en premier plan au fil des pages, comme un lieu symbolique. Quel rôle lui avez-vous attribué et pourquoi ?
Claude Morivilly : En fait c’est une déformation populaire à l’origine, voire quelque peu ironique, du jardin d’individualité ou de ressourcement, noms officiels. Finalement les autorités ont voulu y voir une sorte d’embellissement du lieu, et ont fini de l’adopter.
Éditions La Compagnie Littéraire : Dans cette société idéale, l’homme a tout pour être heureux : plus de contraintes, la sécurité, le bien-être, grâce à la mise en place d’un programme normatif appelé « Plan Kronotsky ». Pouvez-vous nous expliquer les grandes lignes de ce plan ?
Claude Morivilly : Le Plan Kronotsky s’est imposé pour stabiliser le taux de CO² dans l’atmosphère après avoir fait la chasse à toutes les sources créées par l’homme.
Éditions La Compagnie Littéraire : Vous nous plongez dans une intrigue aux aspects rocambolesques et dramatiques, sur un fond de complot politico scientifique mondial avec, en arrière-plan, des découvertes de plus en plus élaborées dans le domaine de la génétique. Croyez-vous que la fiction pourrait devenir réalité dans un avenir plus ou moins lointain ?
Claude Morivilly : Question à laquelle je ne peux répondre, ce que je peux dire la génétique apparaît comme une science nouvelle qui va prendre sa place dans notre savoir et qui atteindra ses propres limites.
Éditions La Compagnie Littéraire : Une fissure apparaît dans ce monde idéal, fissure dans laquelle s’introduit le personnage énigmatique du « Sage ». Que représente pour vous ce personnage ? Quel message avez-vous voulu faire passer ?
Claude Morivilly : Une valeur symbolique d’un mal dont souffre une partie de la société qui ne peut que s’étendre, d’où un personnage inconsistant, évanescent dont on se demande s’il n’est pas né de l’imagination des personnes qui croient l’avoir rencontré.
Éditions La Compagnie Littéraire : Finalement, pourquoi le « Plan Kronotsky » semble-t-il avoir échoué ?
Claude Morivilly : Il fait partie des constructions de l’homme qui semblent échapper à tout contrôle, l’homme échoue à en connaître la finalité.
Éditions La Compagnie Littéraire : En lisant votre roman, on se demande si l’évolution de notre monde ne va pas nous amener à d’étranges confrontations : qu’allons-nous faire pour demain ? Quel est votre avis là-dessus ?
Claude Morivilly : Étrange n’est pas le terme, le risque est de retrouver ses démons de toujours
Éditions La Compagnie Littéraire : Claude Morivilly, l’équipe de La Compagnie Littéraire vous remercie d’avoir répondu à toutes ces questions. Avez-vous d’autres projets d’écriture ? Une suite à ce « Jardin » ? Une « solution » pour demain ?
Claude Morivilly : Il est trop tôt pour le savoir.