Aventures Arcanes : 2. Expédition sur la Piste de Marcherude
Expédition sur la Piste de Marcherude est le deuixième tome de la saga fantasy Aventures Arcanes.
Si vous n’avez pas encore lu le premier tome, nous vous conseillons vivement de commencer votre lecture par l’ouvrage Aventures Arcanes : 1. Périple sur la Sente de Passemonde.
Texte de 4e de couverture
Éphriarc et ses compagnons n’auront pas l’occasion de célébrer la sauvegarde de la Ride de Frangemer, enchantement qui protège les Éthériens des Substanciels. Pendant les tumultes, la jeune Kaekylia a été enlevée et le temps presse. La troupe, encore sous la torpeur des affrontements, quitte la Forêt du Tacitus et poursuit sa route en Terres de l’Est au cœur de l’abstrus Désert Bleu. Autour d’eux, les immenses dunes azur ainsi que les somptueux palais de Mekareb, n’ont pas encore révélé tous leurs secrets ni les malédictions qu’ils réfrènent.
Au sein du groupe, Éphriarc semble mystérieusement capable de se lier d’amitié au premier regard. Dans le même temps, le passé de l’imposant Mirfasal refait surface et ses motivations ne sont peut-être pas aussi claires qu’il n’y paraît. Ensemble, parviendront-ils à franchir la Piste de Marcherude dans le but d’alerter Hocknarhyl, cité des Esprits Ailés, de l’invasion des armées de Rork et Melkaneb ?
Un univers riche au service d’une histoire captivante, dans un monde où les fresques poétiques se mêlent à la terreur, et l’innocence à une réalité implacable.
Extrait du livre Aventures Arcanes 2. Expédition sur la Piste de Marcherude
Prologue
La nuit était avancée et les quatre lunes d’Arcès étaient sur le point de se coucher lorsque Mirfasal, Éphriarc, Ramblart, Féric le Rouge, Bashophyrd et Merlévain le Brun parvinrent à la ville qui était leur destination. Elle se nommait Numamyrd, littéralement « La Source du Désert ».
Devant les gardes se présenta chacun des membres du groupe qui voulait sauver Kaekylia. En premier s’avança Mirfasal. Mirfasal était un loup-garou, mais il essayait de le dissimuler la plupart du temps, car les siens jouissaient d’une réputation déplorable auprès des autres races, non seulement en raison de leur attitude sanguinaire, mais surtout à cause de leur sexualité exacerbée. Mirfasal mesurait un peu plus de deux mètres et pesait dans les cent vingt à cent trente kilos de muscles. Son corps était très velu et ses longs cheveux châtains étaient nattés dans son dos à la manière des marins. Il portait un pantalon de cuir marron et une chemise de lin beige. En apparence, Mirfasal paraissait avoir entre trente-cinq et quarante ans, mais en réalité, il avait près de cinq siècles. Son visage, beau, carré et viril, était mis en relief par ses yeux d’un vert profond. Il avait une épée à la ceinture, mais il n’en faisait guère usage. En effet, il préférait se battre à coup de griffes et de crocs.
Derrière lui s’avança Éphriarc. Le jeune homme, qui venait des Terres de l’Ouest, s’habituait seulement à un monde qui lui était resté caché jusqu’alors. Éphriarc avait trente-deux ans. Ses cheveux étaient noirs comme le jais et, comme Mirfasal, il avait les yeux verts. Éphriarc ne mesurait guère plus d’un mètre quatre-vingts, mais sa silhouette déjà sportive était devenue sèche et musclée. Tout comme Mirfasal, son système pileux était abondant, car Éphriarc avait été un somnolent, c’est-à-dire un loup-garou qui s’ignorait. Mirfasal l’avait révélé et même si Éphriarc ne s’était transformé qu’une seule fois, il avait tout de même acquis la capacité de régénérer les blessures les plus atroces et, au fur et à mesure qu’ils progressaient, les cicatrices de la bataille de la Ride de Frangemer disparaissaient. De même, son odorat s’était considérablement aiguisé au fil du temps. Il portait un pantalon de toile rude bleu et un pull de laine léger qui avait beaucoup souffert de son périple sur la Sente de Passemonde. Éphriarc était un jeune homme gauche et timide, mais il s’adaptait rapidement à ce nouvel environnement, et le souvenir du balourd ingénu qui avait foulé le sol des Terres de l’Est pour la première fois sept semaines auparavant disparaissait progressivement.
Puis vint Ramblart. Ramblart était un Arpenteur Assassin et rarement peuple avait aussi bien porté son nom. Les siens étaient impitoyables et insensibles, parcourant le monde pour satisfaire leur inextinguible soif de meurtre. Ces traits de caractère les amenaient à souvent être employés comme sicaires. Bien que Ramblart ait lutté pour conserver une certaine stabilité émotionnelle, l’auberge qu’il tenait et où il avait rencontré Mirfasal et Éphriarc avait terminé en flammes. Ramblart était un bel homme d’une quarantaine d’années d’apparence. Il mesurait un peu plus d’un mètre quatre-vingts et avait une silhouette mince et athlétique. Ramblart ne portait jamais autre chose que du noir, hormis le plastron ciselé qui protégeait son torse. Sa cape était noire et la capuche en était rabattue de façon à ce qu’on puisse voir uniquement sa bouche et son menton. Son visage grimé prétendait manquer de grâce, mais, en réalité, Ramblart avait la peau bronzée et les yeux bleus. Teints en noir, ses cheveux étaient naturellement blonds, mais ses tempes grisonnaient. Mû par un élan qu’il avait lui-même du mal à comprendre, il avait décidé de voler au secours de la petite Kaekylia. Bien que cette dernière fût une enfant turbulente et sur bien des points agaçante pour un homme solitaire et plus rompu à tuer qu’à tenir un berceau, Ramblart l’avait prise en affection. Il ne voulait en aucun cas que la pauvre fillette tombe entre les mains d’un de ces répugnants sultans qui vivaient dans le Désert Bleu.
À sa suite marchait Féric le Rouge. Archer remarquable, Féric le Rouge portait une armure écarlate ornée sur l’épaulette gauche d’une profusion de longues plumes rouges. Son arc aussi était rouge, tout comme l’empennage de ses flèches, ce qui lui avait valu son surnom. Fuyant son village dont les habitants se vouaient entièrement à la protection de la Forêt du Tacitus contre le fléau démoniaque, Féric le Rouge avait rallié le groupe tardivement. Son père, trop préoccupé par son rôle de sentinelle, avait négligé son fils et ce dernier tenait pour vengeance le fait d’être parti, refusant d’assumer ainsi la succession à la tête de sa « tribu ». Féric le Rouge était un jeune homme d’environ un mètre quatre-vingts, d’une maigreur effrayante masquée par sa lourde cuirasse et au visage d’une laideur sans nom. Il avait de longs cheveux noir filasse qui encadraient son teint blafard. Il ne se préoccupait guère du sort de la petite fille qu’il ne connaissait pas. Pour lui, le plus important était de mettre le plus de distance possible entre lui et sa terre natale.
Le Démon du Combat Bashophyrd marchait d’un pas lourd. Mesurant près de trois mètres de haut, il possédait six bras et autant de cimeterres. Sa peau rouge et son corps couvert de cornes sur les épaules, les cuisses et le long des bras annonçaient le danger qu’il pouvait représenter pour quiconque lui chercherait querelle. De sa mâchoire prognathe saillaient deux canines impressionnantes et les deux grandes cornes de son front auraient pu empaler un homme sans difficulté. Une queue prolongeait son dos cuirassé et se terminait en une masse osseuse suffisante pour faire exploser la boîte crânienne d’une vache. Il portait pour seul vêtement un long pagne noir orné d’arabesques rouges, mais ce pagne était tissé dans une étoffe telle que les reflets qu’il renvoyait paraissaient métalliques. Bashophyrd s’était lié au groupe par amour naissant pour un jeune soldat qui accompagnait alors Mirfasal et Éphriarc. Cependant, ses sentiments étaient loin d’être réciproques et l’objet de son amour était reparti vers la Cité de Tolram en compagnie de celle qui serait amenée à devenir sa femme. Tandis que les Démons, châtiés par Arcanus pour leurs exactions, étaient bannis de la surface d’Arcès et irrémédiablement exécutés s’ils transgressaient, Bashophyrd désirait prouver au monde qu’un Démon n’était pas forcément mauvais et aux siens que le mal n’avait rien d’une nature, chacun étant libre de ses choix.
Merlévain le Brun fermait la marche. Il faisait partie de la race des Esprits Ailés et arborait deux grandes ailes blanches dans le dos. Il portait une armure rutilante qui semblait constituée de miroirs juxtaposés reflétant le paysage environnant et étincelant au moindre rayon de soleil. Il mesurait un mètre soixante-quinze, ce qui le reléguait au rang de nain parmi les siens. Ses cheveux étaient noirs de jais et ses yeux si bleus qu’ils donnaient l’illusion de briller de leur propre lueur. Sa beauté était troublante, mais il passait pour un laideron, car ses lèvres étaient plus charnues et ses expressions plus cordiales que celles des siens. Merlévain le Brun était un sang-mêlé, ce qui le mettait en marge des Esprits Ailés qui lui faisaient sentir qu’ils se contentaient de le tolérer. Il avait reçu pour mission d’enquêter sur les activités démoniaques qui se jouaient dans la ville de Mekareb. S’ils retrouvaient rapidement l’enfant, ses compagnons lui prêteraient main-forte, ce qui n’était pas pour lui déplaire, car en raison de son statut, il aurait probablement beaucoup de mal à parvenir à ses fins une fois arrivé à Mekareb. Il ne faisait pas partie intégrante du groupe, mais il s’efforçait de créer un climat de confiance, en dépit de son aversion naturelle des Démons.
Numamyrd était une ville au style architectural transitoire, majoritairement médiéval, où les influences désertiques se manifestaient très largement au travers d’immenses minarets qui dominaient la cité. Le grand rempart, originellement de type médiéval était rehaussé de nombreuses arabesques et d’émaux qui laissaient supposer le passage d’un artiste du Désert Bleu. Des feux illuminaient le sommet des plus hautes tours, dispensant une lumière chaude et forte dans la ville, bien que la nuit fût avancée. Même à cette heure tardive, la cité était en effervescence. Les marchands allaient et venaient, suivis par des roublards qui cherchaient le moment opportun pour les délester de leurs bourses. Des cris de colporteurs résonnaient partout et des bardes haranguaient la foule de badauds se pressant à leurs tâches nocturnes. Les compagnons se demandaient pourquoi cette ville connaissait une activité si intense. Les gardes de l’entrée aux armures de cuir élimées sauraient probablement leur répondre.
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