Dernière mod­i­fi­ca­tion le 11 mai 2023 par La Com­pag­nie Littéraire

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Jérôme Albert-Sorel, bon­jour. Vous venez de pub­li­er à la Com­pag­nie Lit­téraire un ouvrage très orig­i­nal en hom­mage à votre grand-mère, Paule Orsi­ni, chroniqueuse et dessi­na­trice à ses heures. Ce livre s’intitule « Paule, la vie dess­inée, 1910 – 1969 » ; il est signé Paule Orsi­ni. C’est vous-même qui avez recueil­li et inter­prété les textes et les images que vous avez retrou­vés, tra­vail de recherche et prob­a­ble­ment de longue haleine. Pou­vez-vous nous expli­quer com­ment tout cela a com­mencé et com­ment vous avez réus­si à men­er à bien ce pro­jet, à la fois tech­nique­ment et sentimentalement ?

Jérôme Albert-Sorel : Lorsqu’est parue la Bande Dess­inée « Pomme et Paille », j’avais déjà con­sti­tué, grâce aux quelques deux cents autres dessins et des quan­tités de doc­u­ments, la trame de « La vie dess­inée » qui me sem­ble représen­ta­tive de la vie de femme et d’artiste de ma grand-mère, dont les crayons et les pinceaux accom­pa­g­nèrent le regard et le sens cri­tique. J’ai décou­vert avec émo­tion son univers, et ses rela­tions avec ma mère et mon oncle, ses deux enfants, en furent un des points d’orgue. En fonc­tion de toutes les thé­ma­tiques, la con­struc­tion de l’album s’est faite par chapitres, qui jalon­nent et illus­trent toutes les étapes, pas for­cé­ment chronologiques, de la vie de Paule.

La préface du livre "Paule la vie dessinée"
La pré­face de Jérôme Albert-Sorel pour le livre “Paule Orsi­ni, La vie dess­inée 1910 – 1969”

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Votre pro­pos com­mence par une ques­tion, vous écrivez à la pre­mière ligne de votre ouvrage : « Qu’est-ce qui fait que brusque­ment la néces­sité nous pousse à trans­met­tre ? » Pou­vez-vous dévelop­per votre réflex­ion à ce sujet ?

Jérôme Albert-Sorel : Lors du décès de ma mère, j’ai dû, comme fils unique, pass­er par l’épreuve du tri ! Apparte­ment, cave, tout était rem­pli à ras-bord… Mais j’ai tout exam­iné et trou­vé, en plus d’objets de toutes sortes (elle était anti­quaire), une cor­re­spon­dance famil­iale foi­son­nante – des cen­taines de let­tres – et tous les dessins de Paule qui m’ont sem­blé d’emblée très orig­in­aux. Au fur et à mesure ils me sont apparus comme un ensem­ble cohérent et chronologique, témoins d’une vie que j’ai pu recon­stituer. Lorsque j’ai con­staté que s’y trou­vait égale­ment une bande dess­inée en assez bon état, plus de qua­tre-vingt ans après, com­plète et scé­nar­isée, ma curiosité a dès lors été crois­sante. En la lisant et la relisant, je trou­vais l’œuvre si belle et touchante que l’idée de la faire revivre et de la partager m’est apparue comme une nécessité.

Et, à la fin de l’épisode san­i­taire que nous avons tra­ver­sé, j’ai réus­si à met­tre en scène tout ce que con­tient aujourd’hui « La vie dess­inée » et à le pro­pos­er à La Com­pag­nie Lit­téraire, parce qu’il y a dans cet itinéraire de plume et d’événements quelque chose de vrai­ment orig­i­nal qui brille de l’éclat d’un tal­ent pur.

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Paule est née en France, en 1901. Le 5 août 1910, elle se retrou­ve sur un paque­bot en par­tance pour Mada­gas­car où son père est nom­mé admin­is­tra­teur en chef des colonies. On trou­ve là une trace de ses pre­miers cro­quis et obser­va­tions sur les pas­sagers ; un coup d’œil cri­tique, un sens de l’humour et du détail car­i­cat­ur­al appa­rais­sent forte­ment mal­gré le jeune âge de l’auteur. On sent une obser­va­tion à la loupe de la société de l’époque, obser­va­tion qu’elle pour­suiv­ra avec des cro­quis sur « Ces messieurs des colonies », par exem­ple. Pou­vez-vous nous en dire un peu plus : quels cro­quis ou pein­tures a‑t-elle fait pour décrire cette vie à Mada­gas­car, quelque peu dorée pour cer­tains entre les cours­es de chevaux et les menus du Grand Hôtel, mais pas seule­ment – il y a aus­si des por­traits de famille révéla­teurs d’une vie pour les femmes qui sem­blait déjà un peu étriquée à Paule.

Jérôme Albert-Sorel : Le quo­ti­di­en devait cer­taine­ment lui sem­bler fort étriqué, comme vous le sug­gérez, et son déri­vatif de jeune femme, si tôt mar­iée, et d’épouse vite délais­sée, a con­sisté à se dis­traire de la pein­ture de ces per­son­nages et de leurs pos­tures sociales.

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Avec mon regard admi­ratif quant à la justesse et l’acuité de ces cro­quis, je pense à Dau­mi­er… à Cabu. Mais je suis fan ! 

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Vous avez égale­ment retrou­vé des pho­togra­phies de l’époque, « 1927, la belle demeure », « Tana­narive et les pousse-pousse », quelques repro­duc­tions de la pein­ture d’un artiste mal­gache de l’époque, Rako­to. On plonge dans un monde par­ti­c­uli­er, témoignage de l’époque des années 1920 dans ce con­texte loin­tain. Quels com­men­taires cela vous inspire-t-il ?

Jérôme Albert-Sorel : C’était cer­taine­ment un monde pro­tégé pour ceux qui y évolu­aient autour du chef de famille. L’épouse et les enfants devaient prof­iter d’une exis­tence plutôt con­fort­able. À cette époque, Mada­gas­car a tra­ver­sé une péri­ode assez apaisée qui suiv­ait des épisodes bien plus vio­lents. Cela a duré plusieurs décen­nies avant la sur­v­enue de l’insurrection mal­gache de 1947. 

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Jérôme Albert-Sorel, je voudrais revenir sur un por­trait, un auto por­trait de votre grand-mère en fait, daté de 1914. Elle n’a que 13 ans, elle y appa­raît vêtue d’une robe bleu turquoise et elle porte un ruban dans ses cheveux. Ce por­trait fait d’ailleurs la cou­ver­ture intérieure de votre ouvrage. Il est superbe. Cet auto por­trait a‑t-il une his­toire par­ti­c­ulière ? Com­ment s’est fait le choix de ce doc­u­ment pour votre livre ?

Jérôme Albert-Sorel : L’auto por­trait de la cou­ver­ture intérieure sem­ble dire « mon arme, dans la vie, ce ne sera pas la parole, mais ce cray­on qui sort de ma bouche, c’est comme ça ! »

Beau­coup plus apaisé, plus doux mais sérieux, le por­trait de pied (page 8) sem­ble con­tenir la promesse d’observer le monde avec grâce, humour et sans concessions.

Paule Orsini, photo

Ce qui est bluffant, c’est de con­stater ce qui en a résulté, dans toutes les décli­naisons de style possibles.

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Paule se marie en 1918. Elle a 17 ans. Elle aura deux enfants, votre oncle Jack et votre mère Josie. Mais le mariage se sol­dera par un divorce en 1923. Elle écrit : « Je n’ai jamais dess­iné Claude, le père de mes enfants. Ou si je l’ai fait, j’ai tout déchiré ! » C’est une femme de car­ac­tère qui tranche sur son époque. Que va-t-il se pass­er pour elle après son divorce ?

Jérôme Albert-Sorel : Paule était corse, et cela a dû compter ! Lorsque les tirets (-) sont util­isés dans l’ouvrage, ce sont les mots que j’ai imag­inés pour elle ; les guillemets (« ») sont réservés à sa parole (ses écrits) recueil­lis dans les doc­u­ments. Et j’ai ten­té d’y retrou­ver la même tonalité.

Le pre­mier divorce a été suivi d’un sec­ond, avec son beau-frère (!)

C’est alors qu’elle est ren­trée en métro­pole avec ses deux enfants et s’est débrouil­lée pour être indépen­dante finan­cière­ment. Cette néces­sité a cer­taine­ment nui à la car­rière artis­tique qu’elle aurait mérité de mener.

Elle a, alors, très bien pu se dire : — les hommes avec le mariage, je n’y tiens plus – et le « à moins que » n’a jamais eu lieu par la suite !

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Ain­si, à son retour en France avec ses enfants en 1927, votre grand-mère assume seule une nou­velle vie. Elle con­tin­ue par­al­lèle­ment à dessin­er et à écrire. C’est à ce moment-là que, pour dis­traire ses enfants, elle conçoit entière­ment une his­toire sous forme de bande dess­inée : « Pomme et Paille ». Grâce à vos soins, nous avons pub­lié ce livre à La Com­pag­nie Lit­téraire en 2019. Cette his­toire dynamique et ryth­mée décrit aus­si bien le Paris de la fin des années 1920 qu’elle esquisse l’aspect futur­iste d’un nou­veau monde qui s’annonce avec le per­son­nage « du robot ». Pou­vez-vous nous racon­ter briève­ment cette his­toire et en soulign­er les moments forts ?  

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Jérôme Albert-Sorel : Cette bande dess­inée, réal­isée sur de grandes feuilles car­ton­nées et scé­nar­isée par des trans­par­ents qui s’imbriquaient juste à côté des dessins, m’a d’emblée bluffé : per­spec­tives, richesse du trait, rebondisse­ments et inven­tiv­ité dans l’évolution de l’histoire. Paule avait-elle sim­ple­ment ten­té de la faire publier ?

Dans Pomme (et Paille), dont le héros humain est le con­cen­tré des deux enfants de Paule, à la fois garçon et fille, c’est la con­fronta­tion à l’aventure, au monde extérieur. Paille, le robot, con­stru­it par le père de Pomme, génial inven­teur fan­tasque, est un con­cen­tré d’intelligence arti­fi­cielle et… d’humanité. Une prob­lé­ma­tique bien d’actualité !…

Les per­son­nages, accom­pa­g­nés par deux com­pagnons (l’un à poils, l’autre à plumes), s’exposent à des dan­gers, des défis (l’étonnant match de hock­ey sur glace très réal­iste, peu de temps après les pre­miers Jeux Olympiques d’hiver à Cha­monix en 1924). Et ils affron­tent le très manip­u­la­teur « Léon Long » qui sera lit­térale­ment « retourné » (page 44).

Extrait BD Pomme et Paille
Un extrait d’une planche orig­i­nale de “Pomme et Paille”.

J’aurais bien imag­iné une suite, une série à succès…

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Revenons à votre ouvrage d’aujourd’hui. Votre grand-mère y évoque ses deux enfants devenus adultes. Avez-vous con­nu votre oncle Jack ? Pou­vez-vous nous en dire quelques mots ? Quant à votre mère Josie, il appa­raît qu’elle se soit essayée à la lit­téra­ture avec l’écriture de deux romans : « Le cœur vert » paru chez Juliard et « Les hommes en mie de pain » chez Cal­man-Lévy. Avez-vous eu con­nais­sance de ces romans ? Que racontent-ils ?

Jérôme Albert-Sorel : J’ai bien con­nu mon oncle (!), un sacré per­son­nage : pein­tre, fumeur, joueur (parieur) et aupar­a­vant sportif (il a cou­ru sur 400 mètres en ath­létisme au côté de celui qui allait devenir un reporter sportif con­nu, Ray­mond Mar­cil­lac, et qui fut cham­pi­on de France en 1939). Ils for­maient un cou­ple com­plexe, pas­sion­nel et con­flictuel avec son épouse d’origine argen­tine, « Rosi­ta ». Les murs de l’appartement de mes par­ents, à Boulogne-Bil­lan­court, voisins du leur, ont paraît-il beau­coup trem­blé lors de leurs fortes disputes.

Josie, ma mère, a, pen­dant de longues années, exprimé par ses écrits une âme fémi­nine sen­si­ble et en pleine éman­ci­pa­tion. Ce, bien au-delà de ses deux romans parus, comme on peut en par­tie s’en ren­dre compte dans les trois poèmes qui sont dans l’album (pages 60 à 63).

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Paule Orsi­ni écrit, à pro­pos des années 1930 : « Et nous avons rejoint la France, dans cette péri­ode bouil­lon­nante de l’après-guerre. Ah, ces folles années ! 1930 et 1931 m’ont par­ti­c­ulière­ment inspirée ». Jérôme Albert-Sorel, vous avez recueil­li des dessins et des notes écrites qui nous amè­nent jusqu’au Paris d’avant-guerre, avec les bor­ds de la Marne, Nogent, le can­o­tage, et l’évocation d’« Art et Action », ce lab­o­ra­toire de théâtre avant-gardiste ani­mé par Édouard Autant et Louise Lara de 1919 à 1939. Paule s’intéressait à la vie de son époque, à la cul­ture et aux arts. A‑t-elle lais­sé quelques infor­ma­tions plus pré­cis­es à ce sujet (je pense à un lien avec les cro­quis des pages 69 – 70 de votre ouvrage, évo­quant « Art et Action » par le dessin d’une infir­mière, au cos­tume inat­ten­du sous sa blouse blanche, une croix rouge dess­inée sur son front) ?

Jérôme Albert-Sorel : Ces cro­quis par­ti­c­uliers, sou­vent baro­ques, sont révéla­teurs d’une vraie curiosité qu’a eue ma grand-mère. Je pense qu’elle a eu à cette époque, autour de ses trente ans, une vie sociale et sen­ti­men­tale riche, qui a dû vibr­er bien au-delà de ce que j’ai décou­vert dans ces dessins com­pilés dans un cahi­er bien à part.

Un extrait de “Paule, la vie dessinée”.

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Peu de choses sur la péri­ode de la deux­ième guerre mon­di­ale et des années 1950. « Les dessins de ma vie, c’est une suc­ces­sion de péri­odes très pro­lix­es, et d’autres où les néces­sités économiques pas­saient en pre­mier. J’ai exer­cé de nom­breux métiers… », écrira Paule. Elle par­le des années 1960, par­ti­c­ulière­ment la fin, comme de ses « dernières brais­es », dis­ant qu’elles ont coïn­cidé avec la pre­mière vis­ite de la fusée améri­caine sur la lune, le 20 juil­let 1969. Ce sont alors des dessins sur Paris et les per­son­nages qui s’y promè­nent, Mont­martre, des femmes enceintes en robes ultra cour­tes sur les Champs-Elysées… On imag­ine les change­ments de men­tal­ités qui s’affichent en fil­igrane. Qu’en pensez-vous ? Et puis une évo­ca­tion vous con­cer­nant : « Jeu­di 31 juil­let : départ de Jérôme, mon petit-fils, pour l’Angleterre par Orly. » Pou­vez-vous nous rap­pel­er les cro­quis qui y sont asso­ciés dans cet ouvrage… Les années 1970 pointent le bout de leur nez.

Jérôme Albert-Sorel : Paule a eu alors un regard plus détaché, quand elle était proche de ses soix­ante-dix ans. Mais tou­jours pétil­lante, obser­va­trice et chroniqueuse des com­porte­ments et des apparences sociales.

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Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Jérôme Albert-Sorel, encore un mot : le livre s’achève sur « Mon arbre au pré Cate­lan ». Il s’agit d’un très beau cro­quis d’une jeune femme couchée, de dos, au pied d’un arbre. De quand date ce dessin ? Il est accom­pa­g­né d’un petit texte, comme un au revoir aux siens et au monde : « Aujourd’hui, il ne reste que la souche ». Quel sens met­tez-vous dans cette dernière remarque ?

Jérôme Albert-Sorel : J’ai trou­vé ce sym­bole très fort, à la fois sen­suel et nos­tal­gique. Je ne sais si la jeune femme éten­due dor­mait vrai­ment face au hêtre pour­pre, peut-être. C’était un bel endroit pour rêver, et une jolie con­clu­sion, bien col­orée, joyeuse égale­ment. L’époque est passée, le grand arbre a été coupé, attaqué par une mal­adie et l’âge. C’était il y a cinquante ans, déjà. C’est bien un adieu, à la fois coquin et romantique.

Édi­tions la Com­pag­nie Lit­téraire : Mer­ci d’avoir répon­du à nos ques­tions. Souhaitez-vous ajouter quelque chose ?

Jérôme Albert-Sorel : Avec cet ouvrage, j’ai voulu faire décou­vrir la per­son­nal­ité et le par­cours peu com­muns de ma grand-mère, de fait assez secrète et pudique. Elle a con­stru­it sa lib­erté grâce à son expres­sion artis­tique, alors que les jeunes filles et les jeunes femmes avaient la place restreinte dic­tée par leur époque. Je regrette évidem­ment qu’elle n’ait pas eu la pos­si­bil­ité de men­er la car­rière pour laque­lle elle était telle­ment prédis­posée.

Enfin, je tiens à remerci­er chaleureuse­ment mon éditrice, Madame Moni­ka Kli­a­va, avec qui nous avons, grâce à sa patience, sa bien­veil­lance et son pro­fes­sion­nal­isme, don­né du relief et des couleurs à ce par­cours de vie dessinée.

Pro­pos recueil­lis par Monique Rault

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