Dernière mod­i­fi­ca­tion le 12 sep­tem­bre 2023 par La Com­pag­nie Littéraire

Arthur Rim­baud, poète prodi­ge du XIXe siè­cle, est con­nu pour sa poésie révo­lu­tion­naire et sa vie tumultueuse. Mais der­rière l’im­age de l’en­fant ter­ri­ble de la lit­téra­ture, se cache un poète qui s’est aus­si nour­ri des courants lit­téraires et cul­turels de son époque.

Le Romantisme : la Jeunesse d’un poète rebelle

Arthur Rim­baud est né en 1854, une époque où le roman­tisme était encore très présent dans la lit­téra­ture française. Les écrits de Vic­tor Hugo, Alfred de Mus­set et Gérard de Ner­val ont nour­ri l’imag­i­naire du jeune Rim­baud. Dans ses pre­miers poèmes issus des Cahiers de Douai, on peut dis­cern­er l’in­flu­ence du roman­tisme, avec son pen­chant pour la nature, la pas­sion et la rébel­lion con­tre les con­ven­tions sociales.

On songe par exem­ple à la sim­plic­ité et la sen­su­al­ité du poème « Sen­sa­tion », où Rim­baud célèbre la beauté de la nature et mon­tre une fas­ci­na­tion pour les paysages bucol­iques, thèmes chers aux romantiques :

« Par les soirs bleus d’été, j’i­rai dans les sen­tiers,
Picoté par les blés, fouler l’herbe menue :
Rêveur, j’en sen­ti­rai la fraîcheur à mes pieds.
Je lais­serai le vent baign­er ma tête nue ».

Dans « Soleil et chair », la Nature divin­isée sem­ble tout droit sor­tie des Con­tem­pla­tions de Vic­tor Hugo :

« Le Soleil, le foy­er de ten­dresse et de vie,
Verse l’amour brûlant à la terre ravie,
Et, quand on est couché sur la val­lée, on sent
Que la terre est nubile et débor­de de sang »

La Guerre Franco-Prussienne et la Commune de Paris : un contexte politique et social qui influence le jeune Rimbaud

La guerre fran­co-prussi­enne de 1870 – 1871 a été un tour­nant majeur dans l’his­toire de la France. La défaite de la France face à la Prusse a entraîné la chute du Sec­ond Empire et la procla­ma­tion de la Troisième République. La péri­ode qui a suivi a été mar­quée par l’in­sta­bil­ité poli­tique et sociale, notam­ment la Com­mune de Paris en 1871. Cette péri­ode de boule­verse­ment poli­tique a eu un impact pro­fond sur Rim­baud. Le cli­mat révo­lu­tion­naire de l’époque a trou­vé écho dans sa poésie. Les thèmes de la révolte, de l’a­n­ar­chie et de la recherche de la lib­erté sont devenus des élé­ments récur­rents dans son œuvre. Rim­baud a vu la Com­mune comme une man­i­fes­ta­tion de l’e­sprit révo­lu­tion­naire qu’il cher­chait à exprimer à tra­vers ses poèmes.

La chute du célèbre poème “Le Dormeur du Val” décrit de manière poignante un jeune sol­dat apparem­ment endormi :

“Il dort dans le soleil, la main sur sa poitrine
Tran­quille. Il a deux trous rouges au côté droit.”

D’autres poèmes emprun­tent à la verve révo­lu­tion­naire, comme « Le Forgeron » :

« Et, dans la grande cour, dans les apparte­ments,
Où Paris hale­tait avec des hurlements,
Un fris­son sec­oua l’immense pop­u­lace.
Alors, de sa main large et superbe de crasse,
Bien que le roi ven­tru suat, le Forg­eron,
Ter­ri­ble, lui jeta le bon­net rouge au front ! »

Le symbolisme : Un nouveau langage poétique

À la fin du XIXe siè­cle, le sym­bol­isme émerge en tant que mou­ve­ment lit­téraire majeur. Rim­baud, bien que dis­tant des cer­cles sym­bol­istes, a été pro­fondé­ment influ­encé par cette nou­velle approche de la poésie. Il a adop­té l’idée de sug­gér­er plutôt que de décrire explicite­ment, créant des poèmes qui étaient autant des énigmes que des révéla­tions. Son célèbre poème “Le Bateau Ivre” en est un exem­ple remarquable.

« Plus douce qu’aux enfants la chair des pommes sures,
L’eau verte péné­tra ma coque de sapin
Et des tach­es de vins bleus et des vom­is­sures
Me lava, dis­per­sant gou­ver­nail et grappin.

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème
De la Mer, infusé d’astres, et lactes­cent,
Dévo­rant les azurs verts ; où, flot­tai­son blême
Et ravie, un noyé pen­sif par­fois descend » 

Les grandes figures littéraires : Une conversation intertextuelle

Rim­baud était un lecteur avide et ses pre­miers poèmes se plaisent à faire écho aux mod­èles qu’il admire. Par exem­ple, « Le bal des pen­dus » est un pas­tiche de la célèbre « bal­lade des pen­dus » de François Vil­lon ou « Ophélie » réin­vestit le per­son­nage d’Ham­let de Shakespeare :

« Voici plus de mille ans que la triste Ophélie
Passe, fan­tôme blanc, sur le long fleuve noir ;
Voici plus de mille ans que sa douce folie
Mur­mure sa romance à la brise du soir. »
 

Transcender le XIXe Siècle : Rimbaud, un poète visionnaire

La poésie rim­baul­di­enne ne se lim­ite pas à une imi­ta­tion des mod­èles qui lui son chers. Le jeune poète a tran­scendé les con­ven­tions de son époque pour créer une poésie vision­naire qui annonçait le sym­bol­isme, le sur­réal­isme et d’autres mou­ve­ments artis­tiques du XXe siè­cle, notam­ment dans son recueil Les Illu­mi­na­tions. Véri­ta­ble vision­naire, Arthur Rim­baud a brisé les fron­tières de la poésie con­ven­tion­nelle et influ­encé durable­ment les généra­tions suivantes.

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