Texte de 4e de couverture du Syndrome identitaire
Après Mémoires d’une étrangère, Anne Steinberg-Viéville signe à La Compagnie Littéraire son deuxième ouvrage, Le Syndrome identitaire.
Toujours à caractère autobiographique, le récit nous plonge dans un moment où la vie de l’auteur ne tient plus qu’à un fil, « à l’Unité 3 de Réanimation médicale ». Alors que la mort pourrait triompher, le mental de la patiente se focalise sur sa propre identité…
Et si je somatisais ce nom sans toutefois parvenir à lui donner vie ? Moi qui n’ai pas voulu y renoncer, rebelle aux conventions matrimoniales qui dépossèdent les femmes de leur identité. Mais qu’est-ce que l’identité ? Ce qui ne dépend pas de moi et qui est inscrit à l’État civil ou la personnalité patiemment construite au fil de l’existence ?
Autant de questions qui ramènent la patiente à ses vieux démons et qui laissent le lecteur face à une difficile interrogation métaphysique. La radicale économie de moyens littéraires fait-elle la paradoxale puissance de ce texte ?
À propos de l’auteur Anne Steinberg-Viéville
Polyvalente dans ses talents, Anne Steinberg-Viéville tient aussi un blog à l’intention des amateurs d’art. Elle y rédige des textes qu’elle enregistre et combine avec des illustrations personnalisées.
L’écriture et la littérature semblent également retenir toute son attention.
Extrait du Syndrome identitaire
— Nom d’usage ? Prénom ? Nom de naissance ?
— STEINBERG.
Jusqu’alors, il ne s’agissait que d’un nom ashkénaze décrivant un lieu d’origine, une montagne de pierres, acquis par obligation quand se constituèrent les États-nations des empires austro-hongrois et russe à la fin du XVIIIe siècle. Mais en cette nuit glaçante où Thanatos s’invita à l’Unité 3 de Réanimation médicale, il prit pour la patiente une tout autre résonance : atteinte d’un dysfonctionnement du métabolisme phosphocalcique et victime d’une intervention loupée sur un monstrueux calcul rénal (amas de pierres de 5 cm de long mimant les formes d’un fœtus calcifié), il s’imposa comme le nom de sa pathologie, non encore identifiée.
— Et si je somatisais ce nom sans toutefois parvenir à lui donner vie ? Moi qui n’ai pas voulu y renoncer, rebelle aux conventions matrimoniales qui dépossèdent les femmes de leur identité. Mais qu’est-ce que l’identité ? Ce qui ne dépend pas de moi et qui est inscrit à l’État civil ou la personnalité patiemment construite au fil de l’existence ? Alors que la mort pourrait triompher, cet interrogatoire me confirme que pour l’Administration l’identité se résume à un patronyme, un prénom, quelques dates et un sexe. Une loterie et non un destin.